En cette période de déclaration PAC 2008, les paysans sont confrontés à la décision de s’engager pour une période de cinq ans à la nouvelle prime à l’herbe PHAE2.Cette prime à l’herbe concerne particulièrement les exploitations du Pays Basque dont 80% des surfaces sont en herbe. Ceci est dû évidemment aux contraintes imposées par la géographie mais également aux choix effectués en matière de mode d’élevage.
Les conditions permettant l’éligibilité à la PHAE1 étaient déjà très restrictives, celles de la PHAE2 sont carrément exclusives et illogiques. Euskal Herriko Laborantza Ganbara en tant qu’acteur pour une agriculture durable et paysanne tient à exprimer les incohérences de ce système et les points à modifier.
La PHAE2 est une prime à l’extensification. Or l’extensification n’est pas le modèle qui correspond à la réalité et à la nécessité de l’agriculture du Pays Basque. C’est une traduction caricaturale de la notion de durabilité. L’agriculture durable ne correspond ni à l’intensification qui entraîne de gros problèmes environnementaux, ni à l’extensification qui créé le désert social. Entre ces deux pôles, il y a une plage qui permet, avec de bonnes pratiques, de maintenir les exploitations nombreuses tout en respectant le milieu. C’est ce modèle que nous devons soutenir en Pays Basque. La PHAE2 correspond certainement au schéma "50ha - 50 U.G.B - 1 actif" mais en aucun cas à ce qui est majoritairement présent ici. Elle pénalise particulièrement les petites exploitations de montagne qui ont pourtant la plupart de leurs surfaces en herbe.
Les conditions requises pour bénéficier de la PHAE2 sont incohérentes entre elles: les chargements autorisés sont différents selon qu’il s’agisse de bovin ou d’ovin, de fumier ou de lisier!... Il est clair qu’avec les conditions climatiques du Pays Basque et une bonne conduite d’élevage, il est possible d’aller à 2 U.G.B/ha sans être dans une intensification nocive. Les critères appliqués à la PHAE2 risquent d’entraîner des comportements contraires à ceux souhaités: constatant l’impossibilité d’entrer dans le cadre exigé, nombre d’éleveurs risquent de ne pas souscrire pour la nouvelle période de cinq ans, et d’intensifier carrément leur système pour tenter de rattraper le manque à gagner de la prime.
Pour éviter cela, un assouplissement des critères de la PHAE s’impose d’urgence pour qu’elle puisse également être accessible aux petites exploitations de montagne, ou bien si cela n’est pas possible, il faut tripler le montant de la PHAE pour les quinze premiers hectares, ce qui revient à 228€/ha, soit bien moins que ce qu’un hectare de céréale a perçu chaque année depuis quinze ans sans être soumis à des conditions aussi draconiennes!
Un troisième point mérite d’être souligné. C’est la discrimination permanente faite aux systèmes herbagers, par rapport aux systèmes céréaliers: exigences et restrictions beaucoup plus fortes pour des aides beaucoup plus faibles! Il y a là une conception inacceptable des systèmes herbagers. Ceux-ci n’auraient d’autres utilités que d’embellir le paysage et d’entretenir le territoire vidé de ses paysans...
Nous tenons à affirmer avec insistance que l’herbe est une production avec toute la noblesse des autres. Elle est le support d’une agriculture économiquement efficace, respectueuse de l’environnement, économe en intrants et en énergie. Elle doit être traitée en tant que tel, au lieu d’être reléguée dans une agriculture de deuxième catégorie et systématiquement associée à l’extensification. Enfin nous souhaitons exprimer notre désaccord sur le fait que pour des raisons budgétaires, les éleveurs qui n’avaient pas souscrit à la PHAE ou à un CTE en 2003, aient de forts risques d’être exclus en 2008. Euskal Herriko Laborantza Ganbara tenait à exprimer sa position sur un sujet aussi important que la "prime à l’herbe", et ceci, dans le cadre de sa mission de vulgarisation de l’agriculture durable et paysanne. Veuillez recevoir, Monsieur le Préfet, l’expression de nos considérations respectueuses.