"Ici, nous pouvons vendre le thon rouge. Ce n’est pas interdit." Le message était clair hier à la conférence de presse sur la commercialisation du thon rouge, au port de Ciboure. Serge Larzabal, président de Comité local des Pêches Maritimes de Bayonne, Beñat Mendiboure, le représentant des mareyeurs et l’Organisation des producteurs (OP CAP Sud) étaient au rendez-vous pour éclaircir le malentendu et alerter l’opinion.
Depuis le début de la saison, à savoir mi-juin, le thon rouge est confronté à "des gros problèmes de commercialisation" à Hondarribia et Saint-Jean-de-Luz. Il se vend à des prix très bas, entre 2 euros et 3, 50 euros le kilo.
"Il y a eu une énorme pression des ONG et des mouvements écologiques en disant de faire attention, qu’il n’y aurait plus de thon cet été. La communauté européenne les a suivis. En Méditerranée ils ont interdit de pêcher les poissons de moins de 30 kg. A Saint-Jean-de-Luz et Hondarribia, la spécificité est de pêcher à la ligne. Donc en moins grande quantité. Nous avons donc eu le droit de pécher le thon rouge de plus de 10 kg." explique Beñat Mendiboure.
Tirer la sonnette d’alarme
"Les grandes surfaces ont refusé de commercialiser du thon rouge sous-prétexte que c’est interdit. Elles ont mis le doute dans l’esprit des gens. On pense que c’est interdit et on n’achète pas" ajoute-t-il. Certaines grandes surfaces se seraient excusées et seraient revenues en arrière. Mais "le mal a été fait". "Depuis le 16 juin le thon se vend très mal. Si les grandes surfaces n’achètent pas, c’est 50% des ventes qui s’écroulent" dit-il.
15 jours après, les pêcheurs ont réduit les apports mais cela n’y a rien fait. Depuis 3 ou 4 jours, ils ont arrêté de pêcher. Ils voudraient reprendre en août pour la pêche du gros thon destiné au marché japonais.
Les quotas permettent une pêche de 1200 tonnes à Hondarribia et de 186 tonnes à Saint-Jean-de-Luz. "Si nous ne pêchons que 500 tonnes à Hondarribia et 50 ici, l’année prochaine nous aurons des quotas encore plus bas. Les pêcheurs ne s’en sortent plus, ils ne gagnent pas leur vie. Il semblerait que le département et le Conseil général soient prêts à donner une petite aide. Cela favoriserait les pêcheurs mais pas la vente. Si les gens perdent l’habitude de manger du thon rouge, ce sera très dur à récupérer" dit-il.
L’objectif des quatre filières de la pêche réunies hier est donc d’attirer l’attention sur le sujet. "Nous voulons informer les gens. Qu’il n’y ait pas d’amalgame fait". Tous sont d’accord pour dire que cette incompréhension fait beaucoup de dégâts et est difficile à rattraper. "En agissant ainsi, on est en train d’interdire une pêche sélective, artisanale et bien faite, pour une pêche intensive".