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Quand une jeune Souletine passe au peigne fin les associations culturelles des Basques des Etats-Unis
·Argitxu Camus vient de présenter sa thèse sur ces lieux de rencontre des Basques immigrés aux Etats-Unis
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"Une histoire comparative des associations basques américaines". Ainsi s’intitule la thèse présentée par la jeune doctorante en histoire Argitxu Camus. Originalité de la démarche, la jeune Souletine a préparé et présenté sa thèse aux Etats-Unis, au "Center of basque studies" de l’université de Reno. L’étude de la chercheuse basque ponctue un travail de trois ans effectué sur le territoire des Etats-Unis, au plus près de la communauté basque américaine.
L’aventure a débuté en 2004. Argitxu se rend alors à un congrès organisé à Gasteiz (Vitoria) et regroupant toutes les communautés basques de la diaspora : "mon mémoire sur la maison basque de Paris avait été publié avec 14 autres études.C’est là-bas que j’ai rencontré des responsables de l’université de Reno qui m’ont invitée à m’y rendre pour préparer ma thèse". Après une année de DEA à Gasteiz pour conceptualiser la thèse, elle se rend aux Etats-Unis pour trois années de travail.
"J’ai eu un poste de Œassistency’ à l’université de Reno. En travaillant 20 heures par semaine pour des professeurs de l’université, j’ai pu effectuer mes recherches" précise Argitxu. Une étude qu’elle mènera en analysant les associations de Basques d’Amérique dans plusieurs villes des Etats-Unis : Reno, Booyse, Bakersfield, San Francisco et New York.
Après des heures de travail, de recherche d’archives, plus de 150 entretiens avec des Basques de toutes origines (nord, sud, Navarre, Labourd, Biscaye...) et de toutes générations (1re, 2e et 3e générations), elle a pu répondre aux trois grandes interrogations posées. "J’ai étudié l’institutionnalisation des associations de Basques, leur relation à l’identité et à la culture basques, et le rôle des hommes et des femmes dans les associations des Basques d’Amérique", glisse Argitxu Camus.
Des évolutions similaires
Même si les communautés et les associations étudiées présentent des caractéristiques différentes, Argitxu Camus s’est aperçue de très nombreux points communs entre les diverses associations étudiées : "Même s’il existe des associations avec une plus grande tradition, d’autres avec un passage de relais assuré entre différentes générations, certaines en milieu rural et d’autres urbaines... l’organisation des communautés basques a connu une évolution similaire". Ainsi, des premiers hôtels basques, qui avaient pour rôle d’offrir un pied à terre aux bergers basques du XIXe siècle, à l’apparition des premières associations culturelles basques, et même des maisons basques, d’un point à l’autre des Etats-Unis, l’évolution de l’organisation de la diaspora a été similaire.
L’identité basque comme ethnie
"De nos jours, toutes les associations ont pour rôle de transmettre la culture et l’identité basques. Il existe une fierté chez la majorité. Ils se sentent Américains, bien sûr, mais ils ont aussi le sentiment d’appartenir à l’ethnie basque". La transmission de l’identité et de la culture basques figure d’ailleurs dans les priorités et les statuts des associations.
Les activités proposées sont semblables : "le rôle des associations est la même. Se retrouver entre Basques autour de la culture, du folklore dans le sens positif du terme basque". Ainsi, presque chaque association a son groupe de danse basque. Les repas typiques, les costumes, et plus récemment l’enseignement de la langue basque sont aussi les activités les plus fréquentes. Comme si, indépendamment du milieu où ils habitent, les membres de la diaspora voulaient garder le lien avec la culture de leur ethnie basque d’origine, et se retrouver entre "Basques" dans leur terre américaine d’adoption.
Le conflit politique basque : un sujet tabou
Si l’appartenance basque est revendiquée avec fierté par les hommes et les femmes composant la diaspora basque des Etats-Unis, le conflit politique qui déchire le Pays Basque demeure un sujet tabou pour toutes les associations de basques : "c’est un sujet tabou. Beaucoup ne veulent même pas en entendre parler" souligne Argitxu Camus.
Même si les choses évoluent, et que les nouvelles générations sont plus à même de parler du conflit basque, l’hostilité des émigrés nés au Pays Basque reste très forte. D’ailleurs, "il y a globalement une assez grande méconnaissance des événements, des problématiques politiques du Pays Basque" note Camus.
Un point commun à toutes les associations basques est d’ailleurs le caractère culturel et apolitique de ces dernières : "les statuts des associations sont clairs. Toutes se veulent apolitiques".
Ecarter les sujets qui fâchent
Selon Argitxu Camus, ce tabou autour du conflit politique basque s’explique par une volonté d’unité des premiers émigrés basques : "il y avait eu des sources de division lors des premières vagues d’émigration entre Basques du nord et du sud. A l’étranger, l’unité des communautés est très importante, et je pense que le conflit politique reste un sujet tabou pour cette raison. Ils ne veulent pas se diviser. C’est une manière d’écarter les sujets qui fâchent".
Or, paradoxalement, le "zazpiak bat", slogan revendiquant l’unité du Pays Basque, est omniprésent dans les associations culturelles des Etats-Unis : "il n’a pas la même signification qu’au Pays Basque. Ce n’est pas une revendication d’unité politique, mais d’unité entre les Basques, d’où qu’ils soient". Une sorte de plaidoyer pour souder la communauté basque de l’étranger autour de l’identité basque, indépendamment de son origine (nord ou sud).
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