Emilie PONS
Le pianiste franco-américain Jacques-Laurent Terrasson, 42 ans, qui s'est distingué dans une prestation unique au Festival international de jazz de Montréal, s'impose aujourd'hui sur le continent du jazz, son jeu fluide, souple et ludique faisant le bonheur des amateurs.
Né à Berlin en 1965 d'une mère américaine et d'un père français, l'iconoclaste Jacques-Laurent Terrasson est devenu, après une vingtaine d'années aux Etats-Unis, "Jacky", un "Frenchman in New York". Mais il redevient aussi un "American in Paris" lors de ses fréquentes tournées parisiennes.
La carrière de Terrasson a décollé aux Etats-Unis après que le pianiste de renom Herbie Hancock l'eut remarqué et lui eut écrit une lettre de recommandation, lui ouvrant toutes grandes les portes du Berklee College ofMusic de Boston.
En 1986, après seulement un an d'école, Terrasson est recruté pour jouer chaque soir dans un club à Chicago, la Mecque du jazz américain avec NewYork et la Nouvelle-Orléans. Mais nombreux sont les musiciens talentueux à s'y être cassé les dents. "C'était la meilleure école", s'est-il remémoré lors d'un entretien en marge du Festival international de jazz de Montréal.
"Il y avait un bassiste, un batteur et des vieux mecs qui jouaient hyper bien. La moitié du set consistait en un trio et l'autre moitié c'était un crooner, avec du Sinatra. Il fallait apprendre son répertoire et faire des arrangements", a-t-il ajouté.
C'est l'obtention du prestigieux prix de piano Thelonious Monk qui démarque le musicien, en 1993. Aujourd'hui, Terrasson réside à NewYork mais retourne tous les mois en France. Son parcours n'est pas sans rappeler celui de Django Reinhardt ou des Frères Moutin.
Cette année au festival international de jazz de Montréal, Jacky Terrasson et le clarinettiste français Michel Portal se sont livrés à des improvisations colorées de reprises de Duke Ellington ("Caravan") ou de Barbara ("Il pleut sur Nantes")."Jouer avec Michel, c'est génial", dit Jacky. "D'abord, il joue de la clarinette, de la clarinette basse, du saxo, du bandonéon.... (Tous les deux) on ouvre des portes, on se pousse, on se bouscule, on n'hésite pas à prendre des risques."
Pour Richard Legault, un fan de Terrasson qui a assisté à son concert du 26 juin à Montréal, le pianiste "s'est américanisé, mais dans le bon sens du terme : son jeu est souple, presque jazz noir, ce n'est pas un musicien trop intellectuel. Le contact avec le public passe bien, son jeu est plus moderne", dit-il.