Gara: Latest news - Printed edition  |  Le Journal |  Documents
Google
EUS | ES | FR | ENG
 » PRINTED EDITION
  - Index
  - Sujet à la une
- Basque Country
- Local
- Opinion
- Culture
- Sports
 » DOCUMENTS
 » Hemeroteka
Le JPB > Pays Basque 2008-07-05
ENTRETIEN | Eric BRETEAU / Fondateur de l’Arche de Zoé
« Les enfants que nous avions recueillis étaient bien soudanais »

Éric Breteau, fondateur de l’Arche de Zoé, vient de sortir un livre dans lequel il donne sa version de son expédition au Tchad pour ramener en France 103 enfants du Darfour. Il maintient que ces enfants venaient bien de cette province soudanaise en guerre.

Le titre de votre livre, Arche de Zoé, les dessous de l’affaire d’États (éd. Plon) est prometteur, mais on ne comprend pas bien pourquoi les autorités tchadiennes et françaises se sont retournées contre vous après vous avoir laissé faire ?

Tout n’est pas dit dans le livre car je suis encore sous le coup d’une instruction judiciaire. Mais j’ai livré aux juges toutes les informations que j’avais sur les ramifications de l’affaire en France, et s’il y a une volonté d’enterrer le dossier, je reprendrai ma liberté de parole.

Je fais cependant une révélation importante : en février, alors que le Premier ministre français, François Fillon, a déjà affirmé que la France ne paiera pas les six millions d’euros auxquels nous avons été condamnés, la France livre gratuitement au régime d’Idriss Deby une vingtaine de véhicules blindés, au moment où il est menacé par une offensive des rebelles. Nous sommes libérés un mois après. Pour Idriss Deby, menacé par les rebelles depuis des années, cette affaire a été une opportunité pour négocier certaines choses. S’il est encore en place, il le doit en partie à l’Arche de Zoé.

L’organisation Médecins sans frontières critique votre façon de faire, très proche du gouvernement et des médias. Que répondez-vous ?

Je peux entendre ce que dit Médecins sans frontières car, contrairement aux ONG dépendant des subventions de l’État, comme Médecins du monde, c’est une ONG complètement indépendante. Mais, nous, nous sommes des agitateurs. Nous avions une opportunité de secouer le cocotier, et je ne regrette pas ce que nous avons fait. Ni comment nous l’avons fait.

Et vous continuez à affirmer que les 103 enfants que vous avez recueillis au Tchad étaient bien Soudanais. Comment pouvez-vous en avoir la certitude ?

D’abord, parce que je n’ai aucune preuve qu’ils sont Tchadiens: les autorités tchadiennes ont refusé le test ADN proposé par le gouvernement espagnol et l’Unicef n’a apporté aucune preuve quand elle a affirmé, seulement 24 heures après notre arrestation, qu’ils étaient Tchadiens. Je préfère donc me fier aux contacts que nous avions sur place. Lorsque des enfants nous étaient apportés au camp d’Adré [à l’est du Tchad, à la frontière soudanaise, NDLR], nous avions six traducteurs tchadiens, dont deux avaient vécu au Soudan. Les enfants étaient ensuite pris en charge par une cinquantaine de nounous, une trentaine de Tchadiennes et une vingtaine de Soudanaises. Toutes ces personnes, qui vivaient au contact des enfants, ont toujours affirmé qu’ils étaient Soudanais. Je leur fais confiance. Certes, pour un Européen qui arrive, la différence est difficile à faire [les mêmes ethnies vivent de part et d’autre d’une frontière qui n’est pas matérialisée, NDLR]. Mais les habitants de la région font la différence. Si vous demandez à un Africain de distinguer un Basque de France d’un Basque d’Espagne, s’ils parlent basque tous les deux, il aura du mal ; mais si vous demandez à un Basque, il le fera sans hésiter.

Avez-vous des nouvelles des enfants ?

Non, aucune. Si, comme nous le pensons, ils ne sont pas Tchadiens, les autorités d’Adré et Tiné ne vont pas s’amuser à les garder. Ils vont les renvoyer. Aux journalistes de mener des investigations sur l’identité de ces enfants, et sur ce qu’ils sont devenus. S’ils le souhaitent, la vérité finira par sortir. J’espère que nous aurons bientôt du nouveau, même si j’ai eu l’occasion de découvrir l’envers du monde des médias français : une trentaine de journalistes, de tous les grands médias, étaient à notre procès à N’Djamena, et ils n’ont rien raconté de la pièce de théâtre que cela a été, et que je décris dans mon livre. Les journalistes que j’ai interrogés à ma sortie de prison m’ont dit avoir reçu des consignes de leur direction. Beaucoup sont éc¦urés. Il y a en France un problème d’indépendance des médias.

Vous critiquez aussi dans votre livre la justice française...

Oui, car elle manque d’indépendance, et rend parfois des verdicts politiques. Le tribunal correctionnel de Créteil n’aurait pas dû, normalement, avaliser notre condamnation à huit ans de prison sur la foi du procès de N’Djamena, car celui-ci a été très loin de respecter les normes d’un procès équitable.

Pour finir, avez-vous le sentiment d’avoir déçu la confiance des familles qui ont donné leur accord pour accueillir des enfants, dont six ou sept sont du Pays Basque ?

Quand on échoue, forcément, on déçoit. Mais les gens sont conscients des enjeux politiques de cette affaire, et ne nous en veulent pas. Sur 262 familles d’accueil, 14 ont porté plainte contre nous, et 248 ne l’ont pas fait. Une cinquantaine ont demandé à être mises en examen par solidarité avec nous. Elles sont comme nous déçues du résultat, et surtout déçues que les enfants soient retournés dans une zone de guerre.


Print
 
...More news
Sujet à la une
Quand l’inflation galope, l’économie s’étouffe
Pays Basque
L’URSSAF de Pau et Bayonne unissent leur direction et le lieu du siège n’est pas décidé
Pays Basque
L’Odyssée de l’Espoir roule sur les routes du Pays Basque contre la sclérose en plaques
Pays Basque
« Les enfants que nous avions recueillis étaient bien soudanais »
Culture
Le festival Gauargi revient éclairer les nuits d’Espelette de sourires d’enfants
Sports
Le Tour part dans l’inconnu
Pays Basque
Michèle Alliot-Marie défend la politique menée au Pays Basque
  © 2006 Baigura | Contact | About us | Advertise Sarean zer |