Les arts de la marionnette sont en plein développement dans l’Hexagone depuis une vingtaine d’années, mais les professionnels du secteur veulent consolider leurs acquis en obtenant une reconnaissance et un soutien accrus, notamment de la part des pouvoirs publics.
Après l’Année des arts du cirque (2001-2002) et le Temps des arts de la rue (2005-2007), les "Saisons de la marionnette" entendent afficher le dynamisme de ce secteur émergent du spectacle vivant, avec un événement pluriannuel prévu pour durer jusqu’en 2010.
Etats généraux
Le coup d’envoi officiel de cette opération a eu lieu hier et aujourd’hui samedi à Strasbourg avec les premiers Etats généraux de la marionnette, série de débats rassemblant quelque 200 professionnels.
"L’idée est de rendre plus visibles des arts qui se développent de manière étonnante depuis une vingtaine d’années", explique Patrick Boutigny, chargé de mission à l’Association nationale des théâtres de marionnettes et des arts associés (Themaa), qui rassemble 220 compagnies sur 500 environ.
Loin de se réduire aux marionnettes à fils ou à gaines, au théâtre d’objets et d’ombres, cette discipline ancienne et populaire s’affiche de plus en plus protéiforme et innovante, ouverte aux nouvelles technologies comme au théâtre d’acteurs, à la danse et au cirque contemporains.
Signe de son succès, la marionnette fera même son entrée au répertoire de la Comédie Française le 19avril avec un spectacle d’Emilie Valantin, qui vient d’être nommée aux Molières 2008 dans la catégorie compagnies.
Un engouement qui s’explique notamment par les possibilités expressives à peu près sans limites d’un genre qui a fait ses preuves. "La marionnette permet de réfléchir le monde contemporain. En mettant à distance son sujet, elle parle très bien de la mort, par exemple", souligne le metteur en scène Grégoire Callies, directeur du TJP.
La marionnette pour adultes se développe de plus en plus, surmontant les idées reçues de ceux qui voudraient réserver la discipline au jeune public. Forts de ce dynamisme, les professionnels veulent aujourd’hui aller plus loin dans la structuration de leur métier sur l’ensemble du territoire hexagonal. "On a envie de dire: encore un effort", confirme le patron du CDN d’Alsace.
Loin des priorités
Ainsi, le secteur souhaite la création de centres de développement des arts de la marionnette (CDAM), qui seraient notamment des lieux de fabrique et de formation.
Mais le ministère de la Culture fait remarquer qu’à l’heure des Entretiens de Valois sur le spectacle vivant, "la création d’un nouveau label n’est pas la priorité de l’Etat".
"Ce qui est acté en revanche, c’est de renforcer budgétairement quelques lieux, pas beaucoup mais de manière qualitative, en lien avec les collectivités territoriales", indique Thierry Pariente, délégué au théâtre à la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles (DMDTS).