L’endroit le plus sombre de Biarritz sera le siège de l’exposition "La lumière, esprit vivant". Ce n’est pas le moindre des paradoxes des ¦uvres présentées conjointement par la peintre Odile Artéon et la sculptrice Valérie Bornand tout au long du mois de février à la crypte Sainte-Eugénie. Une exposition double pour un mois d’une année bissextile. Sculpture et peinture. Corps amaigris à la Giacometti et représentations sphériques dorées. Une dualité. Des mains d’une brune aux allures androgyne et d’une blonde très fem. Du saillant et de la rondeur. Du masculin et du féminin.

De quoi alimenter en tout cas les hypothèses psychanalytiques puisque Valérie Bornand reconnaît que ses "mains fonctionnent sous la seule dictée de [son] inconscient". Voire les interprétations ésotériques car Odile Ortéon explique qu’elle peint "en fonction de l’énergie [qu’elle] reçoit grâce à la méditation; et ceux qui regardent ensuite [ses] ¦uvres reçoivent en retour cette énergie, parfois sans s’en rendre compte". A chacun de voir. La crypte est ouverte tous les après-midi de 14 à 19h (sauf les mardis). L’entrée y est libre.

Née à Biarritz, Odile Artéon est installée à St-Jean-de-Luz. Autodidacte mais formée par ses passages parisiens chez Baudry et chez le styliste Promod, mais aussi par les leçons techniques d’Ana Maria Sorozabal, elle a réalisé de nombreuses fresques murales en Andalousie et aux Etats-Unis. "Plus les formats sont vastes, plus j’ai la possibilité de mettre à profit mon goût de la matière abondante" explique celle qui a notamment décoré le Spa de l’Hôtel du palais avec 40 de ses ¦uvres. "Après être partie de couleurs éteintes, j’ai ressenti le besoin des teintes vives et particulièrement de l’or" retrace O.Artéon dont les thèmes favoris sont liés à la lumière.

Valérie Bornand quant à elle est Suisse, sculptrice diplômée de l’Ecole supérieure des arts visuels de Genève. L’écrivain Paul Azoulay remarque que "dans une discipline plutôt fermée au genre féminin, Valérie, mélange subtil de lucidité et d’ingénuité, en révolte contre le rôle conventionnel assigné à la femme, trace son chemin et paraît aussi solide que ses personnages". Si dans ses ¦uvres on décèle l’influence de son compatriote suisse Alberto Giacometti, celle qui s’est installée au sud du Portugal, et a exposé en début d’année à la Galerie d’ici et d’ailleurs de Saint-Jean-de-Luz, affirme comme Louise Bourgeois ne rechercher ni image ni idée, mais une émotion. Quoi de mieux que les entrailles d’une église pour cela.