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Le JPB > Pays Basque 2007-10-24
La drogue illégale la plus consommée
·Début du 8e colloque international sur les toxicomanies et hépatites autour du cannabis

Le cannabis est la drogue illégale la plus consommée, dans le monde comme ici. Ce constat a été répété à plusieurs reprises à l’occasion du premier atelier du 8e colloque international pour la première fois au Pays Basque consacré aux Toxicomanies, hépatites et Sida ouvert hier au Bellevue de Biarritz. Devant 650 professionnels de la santé, les interventions ont croisé les approches sociologiques, expérimentales, thérapeutiques sur cette drogue dont plus de la moitié des adolescents, en France, reconnaissent avoir goûté au moins une fois.

La Dr Jocelyne Arditti a présenté les résultats d’une enquête menée à Marseille qui montre notamment que l’usage du cannabis est défendu par les hommes davantage par l’argument de la convivialité, quand les femmes le justifient par anxiolyse (réduire l’anxiété).

Le cannabis "ça renforce"

C’est également au point de vue des consommateurs que s’est intéressée Catherine Reynaud-Maurupt dans une étude qualitative menée auprès d’un échantillon de jeunes adultes usagers réguliers (quotidiens le plus souvent) de cannabis pour l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Ainsi dans leurs discours, l’usage est défendu dans "sa capacité à renforcer": renforcer le rire, l’évasion, le plaisir, la détente, la concentration. La drogue acquiert ainsi des fonctions de façon contradictoire: le cannabis motive et démotive, désinhibe et assure le contrôle de ses émotions, détend et concentre. Les usagers défendent trois types de motivation. Une motivation récréative (convivialité, euphorisant, évasion). Contrairement à une idée courante une fonction de dopage est aussi avancée pour se motiver et s’immerger (dans ses études, son travail, ou faire le ménage), pour trouver l’inspiration, réduire le stress,... Enfin les entretiens menés révèlent une motivation auto-thérapeutique. Les usagers parlent d’une fonction d’apaisement et de relaxation après une journée de travail par exemple, une fonction de somnifère (même si avant d’en consommer ils n’avaient pas de problèmes de sommeil), une fonction de détachement et d’analyse. Et la sociologue de constater que dans la plupart de ces cas "les conduites sont frénétiques mais se fixent subjectivement des règles; il y a une autogestion des pratiques, des conduites addictives à géométrie socialement variable".

Jean-Michel Coste directeur de l’OFDT s’est lui attaché à livrer des résultats quantitatifs sur l’usage de cannabis selon les milieux socioprofessionnels. "Il y a une grande diffusion dans tous les milieux sociaux" a synthétisé le directeur. Il a auparavant rappelé que 53,2% des garçons de 17 ans ont en 2005 consommé une fois dans leur vie (usagers occasionnels), qu’ils sont à 15% des usagers réguliers. Des chiffres en hausse régulière de 1993 à 2002, et qui tendent à se stabiliser comme dans les autres pays européens. Le facteur majeur est celui du sexe (davantage les garçons que les filles), et celui de l’âge la courbe descend avec l’accroissement de l’âge.

Les artisans plus que les cadres

Socialement, les usagers occasionnels sont 39% chez les élèves et étudiants, 35,9% chez les chômeurs, 32% chez les actifs occupés. Mais à âge et sexe égal les étudiants passent derrière les chômeurs et les actifs occupés. En outre plus le diplôme est élevé plus on trouve de consommateurs occasionnels, en revanche la proportion s’inverse pour les usagers réguliers. Enfin, surprise les professions d’artisans et de commerçants sont celles qui ont la plus importante proportion d’usagers, devant les cadres, puis les professions intermédiaires, les ouvriers et les employés. Les agriculteurs ce n’est pas une surprise sont les moins touchés.

Le psychiatre Amine Benyamina a souligné un paradoxe entre la subjectivité des usagers, et le fait que parmi les troubles le plus souvent associés (il emploie le terme de comorbidité) à l’usage de ce produit on trouve l’anxiété telle que l’attaque panique surtout chez les primo-consommateurs. "La précocité de la consommation est toujours péjorative" a martelé le psychiatre qui a fait la part belle aux facteurs neurobiologiques pour expliquer la corrélation entre la schizophrénie et l’usage addictif du cannabis 15 à 40% des schizophrènes consomment du cannabis, comme pour les autres troubles corrélés comme la dépression, ou les psychoses. Une corrélation qui ne permet pas d’affirmer, il souligne, que la consommation de cannabis conduit à de tels troubles. Il constate ainsi que le taux de cas de schizophrénie décelés est à peu près le même depuis longtemps quand l’usage cannabique s’est lui largement développé. Néanmoins l’usage est un facteur aggravant.

Le Suisse Philip Nielsen a enfin rendu compte d’un programme thérapeutique européen (INCA), d’inspiration outre-atlantique, à base de thérapie familiale, très efficace pour l’arrêt de l’usage chez les adolescents.

Jusqu’à vendredi les troubles psychiatriques, le développement de la cocaïne ou la réduction des risques en milieux festifs sont aussi au menu.

Le huitième colloque international propose un second débat de société ouvert au public, après celui consacré hier à la solidarité entre les pays du Nord et ceux du Sud. Jeudi 25 octobre à 17h, l’auditorium de Bellevue accueillera une table ronde sur "Sport, dopage, image du corps et addictions : déferlante sociétale ?" animée par le docteur Patrick Aebhrard, en présence des docteurs Christian Daulouède, directeur de l’association Bizi organisatrice du colloque (réunissant 800 participants) et Serge Simon (ancien international de rugby, dirigeant à Bordeaux le Centre d’accompagnement et de prévention pour les sportifs) , du psychiatre et professeur à l’Université Bordeaux II Jean Tignol.



Sport et dopage en débat

 
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