Nicolas Sarkozy et Rachida Dati profiteront peut-être de leur visite de trois jours au Maroc pour glisser un mot à l’oreille de Mohamed VI sur la situation du Bayonnais Christophe Curutchet qui y est incarcéré depuis 13 mois. Rien n’est moins sûr. Son comité de soutien ne ménage pourtant pas ses efforts pour alerter les autorités françaises. Ministère des Affaires étrangères, de la Justice, Elysée,... ont été contactés par la famille et les amis. Tous s’abritent pour l’instant derrière l’autorité de la chose jugée et la souveraineté d’un pays. "Je ne commente pas les décisions de justice" avait précisé vendredi à Pau Rachida Dati avant de s’envoler au royaume chérifien.
Son comité de soutien ne cesse de clamer son innocence et réclame la libération du Bayonnais de 36 ans. Une soirée de soutien a été ainsi organisée samedi porte de Mousserolles, pour notamment récolter quelques sous afin de payer les avocats.
Christophe Curutchet, chef d’entreprise de la filiale marocaine de STE a été condamné à 10 ans de prison en décembre 2006, puis par la cour d’appel de Tanger en avril dernier à 8 ans de prison pour détention et trafic de stupéfiants aux côtés de trois employés de sa société, chacun à 5 ans. Un camion affrété par sa société a été retrouvé avec, au côté de palettes de lingerie féminine Chantelle, deux palettes de 700 kilos de résine de cannabis chacune, sur le port de Tanger, en partance pour l’Europe. Une condamnation assortie d’une amende de pas moins de 7 millions de dirhams (environ 700000 euros), compensatoire, à régler aux Douanes.
Etat de santé dégradé
Sa s¦ur Céline, à la façon d’une enquêtrice, détaille pratiquement heure par heure les faits et gestes de Christophe Curutchet, qui rendent matériellement impossible le chargement de ces deux palettes dans les locaux de la STE à Casablanca, qui sont sous contrôle douanier. "Aucune preuve, aucun témoignage" incriminant Christophe Curutchet n’a été apporté souligne Céline. Mieux, "un responsable douanier a déclaré au tribunal que cela n’a pas pu se faire chez Christophe".
En outre, le samedi, jour de la découverte des palettes frauduleuses, Christophe Curutchet insiste pour que le camion passe au scanner; les policiers de Tanger appellent Christophe Curutchet pour lui signaler qu’il y a un problème. Celui-ci passera sa journée dominicale le plus tranquillement du monde puis se rendra de Casablanca à Tanger en voiture le lundi. Pour se faire arrêter. "S’il avait été coupable, il se serait enfui!" plaide Joël Sansberro du comité de soutien.
Le patron de la maison mère STE basée à Troyes société qui loue des remorques pour de l’import/export, Michel Mezeret estime que "la seule certitude demeure qu’un innocent est en prison". "Il est un bouc émissaire". C’est qu’au regard de la justice marocaine C.Curutchet est responsable donc coupable. En tant que directeur de la société, il est forcément coupable. Le fait que la veille le Pdg de la STE était présent à Casablanca, et que la filiale soit en passe d’être revendue sont considérés comme autant de circonstances confirmant le délit culturellement au Maroc on ne vend pas une affaire qui marche.
Sa s¦ur Céline s’en indigne. Au pire, son frère est civilement responsable, mais en aucun cas pénalement. Une distinction qui pourtant existe en droit marocain souligne Joël Sansberro. Celine Curutchet, rappelle au passage que la première audience se déroula en arabe sans traduction...
Et comment se passe la détention? Mieux répondent ses amis. Il a été transféré de la prison de Tanger à celle de Mohammedia (à l’ouest de Casablanca), où il est au service infirmerie de la prison. "Les visites de proches sont maintenant autorisées" déclare sa s¦ur. Néanmoins sa santé physique et morale s’est dégradée. Surtout lors des cinq premiers mois de la détention. A une vingtaine de détenus dans la même cellule, dormant par terre en l’absence de lit.
Peut-être aurait-il mieux valu qu’il soit infirmier, et Bulgare.
