Le Théâtre du Rivage a enfin un "abri". Un lieu de résidence pour les six prochains mois, qui va lui permettre pour la première fois de son histoire, de faire partager son travail, d’enseigner et de créer. Un emménagement qui s’accompagne aussi de nombreux projets, dont celui d’offrir à quatre comédiens venus d’horizons divers, la possibilité de s’installer durant cette période avec le Rivage et de participer ainsi à la vie de la compagnie locale.
Dans cet espace de 400m2, où traînent, çà et là, des éléments de décors, des éclairages, des bouts de scène, des costumes,... on pourrait se croire dans un grand loft d’artiste du sud de Manhattan. Un simple coup d’¦il sur l’extérieur et les enseignes du coin rappelle que nous sommes bien dans la zone industrielle du Jalday à Saint-Jean-de-Luz. C’est là que les valises du Rivage ont trouvé où se poser pour un temps. "Enfin, nous avons un lieu. Nous sommes ici jusqu’au printemps prochain en attendant de trouver un lieu d’installation définitif", explique Antonin Vulin, administrateur de la compagnie.
Double contribution
Cet espace de travail, le Rivage a pu y accéder grâce à l’aide à résidence d’artiste attribuée par la Communauté de communes Sud Pays Basque. Mais seul, ce financement ne suffisait pas. Et ce n’est qu’avec "le relais bienfaiteur" de la famille Machicotte, propriétaire des lieux, que le Rivage a pu investir cet espace pour les six prochains mois. "Sans l’aide de la famille Machicotte, nous aurions dû partir en fin d’année, mais ils ont accepté de nous laisser plus de temps", raconte Antonin Vulin.
Même si l’endroit se prête parfaitement au développement des activités d’une compagnie théâtrale comme le Rivage, Antonin Vulin assure que "l’installation n’est que provisoire", et que "la compagnie est toujours en attente d’un lieu public pour une installation définitive". Nous sommes toujours sur un local du côté de Guéthary, mais rien n’est encore fait et les discussions continuent avec la DRAC, la Région, le Département et la Communauté de communes Sud Pays Basque.
Pendant deux trimestres, le Théâtre du Rivage va profiter de ce loft pour multiplier ses activités et se montrer. Pour l’administrateur du Rivage, "ce temps va permettre de développer et rendre plus visible la compagnie sur son travail". Une manière de rendre la compagnie incontournable et de débloquer les "derniers obstacles" pour l’attribution d’un espace de travail à long terme.
Les tâches vont donc se multiplier, et pour assumer le calendrier mis en place, la compagnie a décidé de se lancer dans une première expérience en proposant à quatre comédiens professionnels de rejoindre et de participer à la vie de la compagnie pendant ces six mois. "Le Rivage a décidé de prendre ce risque pour faire et provoquer les choses", explique Pascale Daniel-Lacombe, Directrice artistique de la compagnie. Delphine Bastard de Périgueux, Baptiste Eliçagaray de Paris, Javier Barandiaran de Donostia, Agnès François de Paris ont donc accepté de rejoindre le Rivage pour cette nouvelle aventure.
Polyvalence artistique
Une expérience nouvelle aussi pour ces comédiens comme l’explique Delphine Bastard : "c’est nouveau pour nous car on se retrouve dans une situation, où en plus de notre travail de comédien nous devons faire preuve de polyvalence pour assumer différentes tâches inhérentes au fonctionnement d’une compagnie locale."
"C’est aussi une manière pour nous d’avoir un contact avec la population locale d’échanger, de se rendre compte de l’impact qu’on peut avoir ou ne pas avoir", ajoute le Basque exilé à Paris Baptiste Eliçagaray. Mais cette expérience donne aussi le luxe du temps à des artistes à qui l’on n’en donne pas toujours, et pour ces quatre-là, "c’est un véritable bonheur d’avoir, une fois n’est pas coutume, un espace où, à plusieurs, nous pouvons mettre à l’épreuve et épanouir nos talents, tout comme nous aider les uns les autres à donner le meilleur de nous-mêmes."
Au terme de ces six mois Pascale Daniel-Lacombe et Antonin Vulin feront le bilan de cette collaboration. Ils espèrent bien dans leur for intérieur que "l’expérience sera concluante et qu’elle débouchera sur une nouvelle résidence avec de nouveaux comédiens pour une nouvelle période de six mois, voire un peu plus..." Une suite heureuse à l’histoire que les responsables de la compagnie imaginent bien dans ce fameux "local fixe" que cherche toujours le théâtre du Rivage.