CRITIQUE
La résilience en marionnettes
Si vous et vos enfants ne l’avez pas encore vu, le spectacle de marionnettes Moi qui marche de la compagnie Aïa, organisé par Biarritz Culture, sera sur les planches Samedi 4 Mars au Colisée à Biarritz pour une jolie leçon de vie et d’amour, écrite pour les enfants et recevable par tous.Sur scène se présentent d’abord trois comédiens qui "insufflent la vie à deux grandes marionnettes". Puis il y a ce tableau : une mère, un père et leur fils, Floriné, s’échangeant leur tendresse dans la chaleur de la maison familiale. Mais la guerre arrive, ses avions, ses bombardements, cette cruauté aveugle qui ne connaît pas ce qu’elle vise. Le décor s’écroule et Floriné, quatre ans se retrouve seul au monde au milieu des décombres. Imprégné de cette souffrance qui isole l’être et enfante le silence, sous le choc de son rapport précoce à la mort, Floriné est entouré de regards compatissants mais "qui le maintiennent à son état de victime" stipulent les comédiens. Afin de retrouver la petite musique de son enfance, il décide de marcher jusqu’aux ruines de sa maison. Il y rencontre un vagabond fantasque et fantastique qui peu à peu l’apprivoise, l’aide à relever sa tête baissée et à guérir ses blessures. Inspiré d’un livre de Boris Cyrullnik, écrivain s’attachant aux traumatismes de guerre, voilà une histoire touchante, intense, qui aborde avec douceur les thèmes délicats de la mort, de l’abandon, de la solitude, dans un langage d’enfant. La comédienne explique qu’"il y a toujours une rencontre". "Cela peut être avec un animal, une personne, qui agit comme un déclencheur dans l’esprit de l’être traumatisé et lui redonne le goût des choses." En plus d’une mise en scène et d’un éclairage subtilement dosé entre réalisme et onirisme, le spectacle éveille avec délicatesse la sensibilité des plus jeunes et parvient à les faire rire. Un magnifique message d’espoir, plein de vie, ou l’on peut peut-être dire pour résumer : Moi qui marche, voyez-moi debout. Si vous me regardez ainsi, alors peut-être même que je pourrais voler.
Kattalin DALAT
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