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Le JPB > Sujet à la une 2006-02-08
LE pavé censure le CPE
Des dizaines de milliers de manifestants ont montré leur opposition au projet gouvernemental de "contrat jeune" avec une période d’essai de 24 mois. À Bayonne ils étaient plus de 2 000 selon les syndicats -étudiants et lycéens en moins

Cela ressemble à une importante manifestation. Les syndicats annoncent 2400 manifestants à Bayonne, les policiers 1600. Tous deux s’accordent en tout cas pour constater que l’opposition au projet gouvernemental de Contrat Première Embauche mobilise davantage que celle de l’augmentation du pouvoir d’achat dans la fonction publique jeudi dernier. Ce n’était d’ailleurs pas tout à fait les mêmes catégories qui se sont manifestées. Les personnels de l’éducation par exemple étaient nettement moins présents hier que mardi. Autre absence remarquable, celle des lycéens en vacances scolaires également ou des étudiants, principal public visé par le dispositif gouvernemental.

Le cortège s’est ébranlé à 11h depuis la Bourse du travail de Bayonne avec à sa tête la banderole intersyndicale portant sobrement "Retrait du CPE" signée CFDT, CGT, FO, UNSA, FSU, FSPE, UNEF (les étudiants) et UNL (lycéens). Les militants de la CFDT Pays Basque ouvraient ensuite la marche avec des détournements du vino griego [vous savez, le allez allez de l’Aviron] et du Pakito txokolatero [le hey hey des rameurs] mettant en musique des condamnations du CPE. En début de rassemblement, le secrétaire général de la CFDT Pays Basque Jean-Baptiste Etcheto informait les manifestants que les sollicitations de rendez-vous auprès des parlementaires UMP Daniel Poulou et Jean Grenet étaient restées lettre morte. Dans le cortège CFDT on remarquait des salariés de Carrefour, du groupe Guyenne et Gascogne, ou des cliniques. Du Pays Basque intérieur également, avec un petit groupe de salariés de Lur Berri qui avaient fait le déplacement. L’un d’eux, Sauveur Bacho (également maire d’Arbérats) fait remarquer que depuis 1973 "tout licenciement doit être justifié par des causes réelles et sérieuses, or là, il s’agit d’un nouveau coup de canif au Contrat à durée indéterminée, après le CNE, et qui ne concerne pas que les jeunes, car demain, ce sera les plus de 50 ans, ou toute autre catégorie de population".

Venait ensuite la CGT qui fournissait les troupes les plus importantes. Des salariés des Douanes, de Dassault, de Turbomeca à Tarnos, de Bonnet-Névé à Hendaye, mais aussi de plus petites entreprises comme Kicible.

Devant le local de permanence du député, le camion-sono CGT scande "Assez de galère / et d’emplois précaires / Grenet / Grenet / retire ton CPE!". Tonalité politique encore, et participative avec "Si tu veux pas de Villepin frappe des mains" et "Si tu veux pas de Sarkozy pousse un cri".

De rares lycéens sont néanmoins de la manifestation. Une poignée porte des panneaux en bois peints par leurs soins, dont l’un s’interroge "2 ans d’essai et pourquoi pas 10?". D’autres, inspirés d’un souffle libertaire, distribuent des tracts signés IA, LAB-Gazteak, Les Apatrides, Segi, AC qui dénonce "la précarité des jeunes".

Viennent ensuite de plus petits groupes syndicaux. Au micro FO se fait pédagogue. Son porte-voix explique que le CPE est un contrat de travail à durée indéterminée destiné aux moins de 26 ans avec une période d’essai de deux ans durant laquelle l’employeur peut procéder, sans motif, au licenciement avec un préavis de quinze jours. Dans le cortège on distingue le président de la CPAM de Bayonne.

Derrière, l’UNSA et la FSU dont les cortèges sont bien moins fournis que jeudi. À l’inverse de Solidaires et des syndicats SUD. Plus de 200 LABistes ferment la marche au slogan de "CPE / CNE/ Berdin da!" ou Prekaritateari ez!".

Présence politique de gauche

Du côté des politiques, le Parti Socialiste des Pyrénées-Atlantiques avait une banderole éponyme portée par les conseillers généraux Jean Espilondo et Monique Larran-Lange; la conseillère générale Sylviane Allaux était également du cortège. Tous distribuaient un tract indiquant qu’un "autre monde est possible" et appelant à manifester pour rejeter la directive Bolkestein à Hendaye mardi (lire par ailleurs). Même rendez-vous donné par la LCR représentée par l’élu municipal bayonnais Christian Sarhy ou la membre du Bureau Politique Martine Mailfert qui dans leur tract raillent la modernité très XIXe siècle des mesures de Villepin. Pour les Verts, on pouvait voir le conseiller régional Jean Lissar, la conseillère municipale bayonnaise Martine Bisauta ou Marie Felices. Le PCF quant à lui prévient que le gouvernement envisage la généralisation de la période d’essai de deux ans introduite par le CNE, et titre son tract "Tous précaires...". Les communistes invitent en outre à un "forum des forces de gauche, du mouvement syndical et associatif", public, avec Clémentine Autain, adjointe au maire de Paris et journaliste, à Anglet vendredi 10 février à 20h30 à la Maison pour tous. Du côté des abertzale, le conseiller municipal et porte-parole de Batasuna Xabi Larralde est là, ainsi que son homologue d’Abertzaleen Batasuna Peio Etcheverry-Ainchart. Signalons enfin, même s’il ne faisait pas partie des manifestants, que le député de la circonscription basco-béarnaise, l’UDF Jean Lassalle a annoncé sur France Bleu Pays Basque qu’il ne voterait pas en faveur du CPE.

La manifestation s’est terminée peu avant midi devant la sous-préfecture où le représentant de l’Etat et du gouvernement a reçu une délégation après une prise de parole intersyndicale. Patricia Escapil y a fustigé "la crainte du débat public" du gouvernement qui prend ces mesures durant les vacances scolaires. En outre, "le CPE ne réduit pas la précarité" explique-t-elle en signalant que les nombreux contrats précaires spécifiques aux jeunes sont toujours en vigueur précarité que le CPE "aggrave et généralise". L’enseignante expose ensuite "l’extrême fragilité" dans laquelle le jeune en CPE se trouverait: "comment exiger son dû en salaire ou en temps de travail lorsque le licenciement peut intervenir sans motif durant deux ans?". Le CPE transformerait finalement le CDI en "mirage inaccessible", et créerait "un effet d’aubaine pour les employeurs". Elle a enfin fustigé ceux qui ont "le culot" d’affirmer qu’il "vaut mieux un emploi précaire que pas d’emploi du tout". Au final, il s’agirait d’une "déréglementation" supplémentaire ayant "le CDI en ligne de mire". Ce qui promet de nouveaux rendez-vous.

Manifestation dans 150 villes, moins nombreuses qu´en octobre

Entre 218000 et 400000 manifestants ont défilé mardi dans toute la France pour exiger le retrait du contrat première embauche (CPE), un mouvement que syndicats et étudiants espèrent inscrire dans la durée, même s’ils n’ont pas réussi à mobiliser en masse au premier jour du débat parlementaire. Les manifestations à l’appel des syndicats de salariés, de lycéens et d’étudiants ont rassemblé entre 218000 personnes selon la police et 400000 selon les organisateurs. Ces chiffres sont loin des participations enregistrées lors de la dernière mobilisation interprofessionnelle du 4 octobre 2005, qui avait réuni entre 500000 et 1 million de manifestants, mais sur d’autres mots d’ordre ett avec des appels à la grève plus importants.

À l’aune de ces résultats, le Premier ministre a affiché sa détermination à aller jusqu’au bout de son projet. "Évidemment, j’écoute ceux qui manifestent, mais j’écoute aussi ceux qui ne manifestent pas", a-t-il affirmé à l’Assemblée, sous les applaudissements des députés UMP. "Ce n’est pas un raz-de-marée, mais on s’y attendait car il n’est pas facile de mobiliser les jeunes en période de congés, qui plus est sur ce type de sujet", a estimé le secrétaire général de la CFDT François Chérèque.

Pris de court par la décision de Dominique de Villepin d’avancer de deux semaines l’examen du CPE par le Parlement, les organisations étudiantes ont eu du mal à mobiliser des jeunes mal informés et peu convaincus de la nécessité de manifester, entre partiels et vacances scolaires.

À Paris, entre 13.000 et 45.000 manifestants, dont plusieurs leaders de partis de gauche comme François Hollande (PS), Marie-George Buffet (PC) et Yann Wehrling (Verts), ont défilé entre la Bastille et Richelieu-Drouot, avec un seul mot d’ordre : "Retrait du CPE!"

Première étape

"Contrat Première Exclusion" à Marseille, "Contrat Précaire d’Exploitation" à Auch, "Contrat Poubelle Embauche" à Pau, "Chômage, Précarité, Exclusion" à Rennes... un peu partout, les manifestants ont rebaptisé le CPE, un CDI réservé aux moins de 26 ans, qui débute par une période de deux ans au cours de laquelle l’employeur peut licencier sans avoir à donner de justification.

Malgré cette mobilisation en demi-teinte, syndicats et organisations étudiantes, ont affiché leur volonté de n’en faire qu’une première étape de la contestation, et doivent se revoir vendredi.

Le président de l’Unef (étudiant), Bruno Julliard, a ainsi exprimé sa "confiance que la mobilisation pourra s’installer dans la durée". "En quinze jours, on a vu une inversion de l’opinion publique qui perçoit aujourd’hui majoritairement que le CPE va accroître la précarité, contrairement à ce que dit le Premier ministre qui persiste à expliquer que c’est une mesure de progrès social", s’est félicité Bernard Thibault.

Selon un sondage BVA-BFM-Les Echos publié mardi, 60% des Français jugent que le CPE va augmenter la précarité, et 67% considèrent la mobilisation "justifiée". Parallèlement, gouvernement et opposition s’apprêtaient à en découdre à l’Assemblée lors de l’examen du CPE.

Alors que l’opposition, soutenue par l’UDF, envisage de multiplier le dépôt de sous-amendements afin de ralentir les débats, le Premier ministre n’a pas totalement écarté un recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote. "Si le gouvernement prenait au prétexte de préoccupations d’urgence, de peur, la décision de recourir au 49.3", le PS déposera "bien sûr" une motion de censure, a déjà averti François Hollande.



Manifestation européenne à Hendaye contre Bolkestein
La fameuse directive européenne visant à libéraliser les services refait parler d’elle. Contre elle à nouveau. Elle sera discutée au parlement européen mardi 14 février. Les membres de la Confédération européenne des syndicats préparent au même moment des rassemblements aux frontières. Ainsi, la CGT, la CFDT, l’UNSA, la CFTC, l’UGT et les CCOO organisent mardi à 11h30 sur le pont St-Jacques à Hendaye une manifestation "pour une Europe sociale plus forte, un meilleur modèle social européen". Appel auquel se joint le collectif Copernic du 29 mai et des partis de gauche.

Les syndicats réclament en particulier le retrait du projet de directive en raison de son principe du pays d’origine qui est "source de concurrence entre les pays et les salariés" et "empêche un réel contrôle des entreprises". Les syndicats souhaitent en outre que "les Services d’Intérêt Général [les services publics, dans le jargon européen, ndlr] soient exclus du champ de la directive".



Une majorité de sondés contre le CPE
Les syndicats ont "plutôt raison" de s'opposer au contrat première embauche (CPE), estiment 55% des sondés, selon une enquête IFOP paraissant jeudi dans Paris-Match. Les sondés sont 43% à penser que les syndicats ont "plutôt tort" de s'opposer à ce contrat destiné aux moins de 26 ans. Ils sont 2% à ne pas se prononcer. Les 18-24 ans sont plus nombreux (68%) à soutenir les syndicats. C'est également le cas des diplômés de l'enseignement supérieur (66%), alors que les non-diplômés estiment majoritairement (53%) que les syndicats ont tort de contester le CPE. Le sondage a été réalisé par téléphone les 2 et 3 février auprès d'un échantillon de 1004 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Le sondage confirme celui de BVA pour Les Echos publié mardi.


 
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