Jeux olympiques chinois : une appellation contrôlée
Déjà éprouvée par les émeutes au Tibet au printemps, la Chine doit faire face à des véritables mises à sac des symboles du pouvoir, comme à Wengan (province du Guizhou) : suspectées d'avoir étouffé l'affaire de la mort d'une adolescente de 15 ans retrouvée violée, les autorités locales ont été attaquées par des milliers de Chinois. Un temps mis sur Internet, les images ont été nettoyées et les sites fermés.
Il y a une semaine, c’est à Guiyang, capitale provinciale, que le feu de la révolte populaire a pris. Arrêtés la veille pour avoir manifesté devant les bâtiments du gouvernement municipal, 27 ex-employés d’une fabrique publique de cigarettes ont tenté de se suicider en avalant des pesticides. Désespérés par la surdité des autorités locales, après des dizaines de pétitions sans lendemain, ils ont essayé de passer à l'acte.
Contrairement à Wengan, où l’Internet avait joué un rôle d’exutoire, ici le scandale n’a pas transpiré immédiatement, les autorités locales ayant réussi à étouffer l’affaire, par peur d’un retour de bâton de la capitale chinoise ou d’un effet boule de neige.
La Chine ne manque pas d’air
A six semaines des Jeux Olympiques, Pékin respire pourtant mal, obligeant les autorités à retirer près de 2 millions de voitures des routes pour avoir une chance de voir le soleil chaque matin (les Chinois sont appelés à utiliser les transports en commun au nom du slogan : "Circuler moins en voiture, c'est apporter sa contribution aux Jeux Olympiques").
Aujourd’hui pourtant, circuler à vélo sous un brouillard humide et pollué est un défi pour les bronches autant que pour les yeuxŠ Un "point de détail" sans doute, puisque "la qualité de l'air reste globalement bonne" pour le Bureau de protection de l'environnement de Pékin.
Un discours rassurant qui ne suffit pas à lever les doutes à l'étranger, notamment pour l’épreuve du marathon : l’atmosphère viciée rendra la course encore plus difficile.
Quant aux participants des épreuves de voile, le bassin d’eau olympique infestée d’une algue verte et toxique (très communes dans les lacs pollués de Chine) ne donnera pas envie de chavirer.
Durcissement de la sécurité à
Pékin à l'approche des JO
Signe du durcissement des mesures de sécurité dans la capitale chinoise à l'approche des Jeux Olympiques, des gardes armés de mitraillettes ont commencé à patrouiller dans l'aéroport de Pékin, puis dans tous les transports publics chinois, pour vérifier qu’aucun voyageur ne porte d'armes ou d'explosifs sur eux. Il ne servira sans doute à rien d’expliquer aux petits hommes en bleu (apparus sur tous les trajets de la flamme olympique dans le monde) qu’il peut y avoir une différence entre un terroriste et un activiste désireux de se servir du grand événement sportif pour donner un écho international à la cause des droits de l’homme. Tout le monde terminera dans le même panier à salade.
"La sécurité est la priorité des Jeux Olympiques. Elle garantit le succès des JO tout en étant étroitement liée à la stabilité sociale et l’image de la nation."
Tibet or not Tibet : that is the question pour Sarkozy
La Chine a annoncé dimanche la reprise début juillet de ses discussions avec des représentants du dalaï lama, à la demande du chef spirituel, exilé en Inde. Une bien jolie annonce, qui pourrait être utilisée par les chefs de gouvernement, comme Nicolas Sarkozy, pour repenser leur venue à l’inauguration officielle des Jeux.
Même si le suspense est aussi fin qu’une pâte de riz dans un mauvais nem, le Chef de l’Etat français serait en train de "réfléchir" à cette proposition : Gordon Brown et Angela Merkel ont déjà annoncé que ce jour-là, ils iraient à la piscine, pas comme Georges W Bush qui n’y présentera plus que le symbole affaibli d’une Amérique très contestée.
Les autorités chinoises, malgré tout le travail restant à accomplir, ont pris le temps d’adresser la semaine dernière un avertissement à peine voilé à Nicolas Sarkozy : "Il ne faut pas politiser les Jeux Olympiques, cet état d'esprit doit être respecté par tous les membres de la famille olympique", a dit le porte-parole Liu Jianchao lors d'une conférence de presse.
En précisant que ces propos étaient censés "clarifier" des propos qu'il avait tenus mardi en réponse à une question au sujet du dirigeant français.
Dans un sondage sur Internet, plus de 80% des Chinois souhaitaient que Nicolas Sarkozy ne se rende pas à Pékin en août prochain : certainement un challenge que souhaitera affronter le candidat de la rupture.
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