Je suis un acteur social. J’aide principalement des enfants de rue et des enfants gravement malades; des enfants qui sont jugés "irrécupérables", tantôt par la société, tantôt par un corps médical. Des enfants sans espoir sans avenir aux racines perdues.
Une chose est sûre, tous les enfants mendiants ne sont pas des enfants de la rue ! 60 % des enfants mendiants sont des fugueurs, et ne s’y trouveraient pas des années durant sans la complicité de la population.
Un phénomène essentiellement urbain, mais de plus en plus recrudescent. Dans les rues, des enfants réclament l’aumône alors qu’ils devraient être à l’école ou le soir chez eux à l’abri des dangers qui les guettent.
Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Qui les pousse à mendier ? Et où est l’intervention de la société pour endiguer ce phénomène qui menace une nouvelle génération d’analphabètes et qui seront probablement de futurs délinquants.
L’action de terrain a permis de classer les enfants mendiants en quatre catégories distinctes. Tout d’abord, les enfants de la rue (ER), âgés entre 6 et 14 ans, délaissés par leurs familles, démunis et abandonnés à leur sort, toxicomanes, trop souvent atteints de maladies graves ou accidentés. Des enfants principalement victimes de l’éclatement du noyau familial, avec perte des valeurs traditionnelles, absence de valeurs culturelles, manque d’éducation et d’affection, absence d’instructionŠ
L’antichambre de l’Enfer, quoi !
La deuxième catégorie identifiée est celle des enfants de familles pauvres (EP) qui mendient dans la rue pour subvenir à leurs propres besoins. Le soir, ils rentrent
dans leurs foyers respectifs.
Il y a également les enfants hypothéqués par leurs propres parents, les (EPM). Ces enfants sont sévèrement punis, s’ils n’assurent pas un minimum pécuniaire le soir venu. Trop souvent, ces enfants abusés et maltraités finiront par rester dans la rue.
La quatrième catégorie, et certainement la plus difficile, est celle des enfants fuyards et aventuriers (EFA). Pour eux, la rue est libératrice, généreuse, et pleine d’aventure. Pour la première fois dans leur vie, ils assurent eux-mêmes leur autosuffisance grâce à une population trop souvent complice. Leur rédemption s’avère très difficile.
Un enfant mendiant assure, que si mendier dans la rue ne serait pas aussi facile et lucratif, il ne s’y trouverait pas. Ce qui fait, qu’il y est depuis sept années maintenant ! Et la majorité des enfants mendiants pensent comme lui. Leur présence dans la rue n’est justifiée que par un intérêt matériel !
Ainsi, et à travers les années, le nombre des enfants errants qui peuplent la rue ne décroît pas, et ne décroîtra pas ! Un nombre impressionnant ! A croire que l’Enfer a bien une porte d’entrée ; mais la porte de sortie est bien plus difficile à trouver!