L’Institut culturel basque veut les moyens de ses grandes ambitions
·L’étude menée par la Drac sur l’ICB met l’accent sur son manque de moyens et "conforte et réconforte" la structure
D’emblée, le programme culturel de l’Institut culturel basque donne le ton : 81 opérations thématiques et 250 actions sont prévues pour l’année 2008, dans un foisonnement d’interventions et de soutiens. L’Institut culturel basque est partout, au risque, naturellement, de n’être nulle part. C’est un peu comme le sucre dans le café. Pourtant, en la matière, il n’y a pas le feu au château Lota. Et si Pantxoa Etchegoin reconnaît que la structure qu’il dirige arrive "à un seuil critique d’intervention", une nouvelle étude commandée par la Drac conforte l’Institut dans ses missions et préconise de "passer à une autre vitesse". Pour le président de l’ICB Mikel Erramouspé, ce rapport "provisoire" que la Drac devrait rendre public au printemps, "conforte et réconforte" l’Institut et "pointe de manière brillante le décalage entre nos ambitions et la faiblesse de nos moyens". Un message qui s’adresse directement aux partenaires de l’Institut culturel basque, notamment l’Etat, le Conseil Régional, le Conseil Général et la Drac dans le rôle de l’arroseur arrosé.
Après avoir suggéré que l’ICB soit rattaché aux structures culturelles nationales ce qui avait déclenché en décembre dernier une polémique la Drac dresse ce diagnostic qui souligne les failles de l’ICB. Mais en l’occurrence, outre une "trentaine de préconisations" que les responsables de l’ICB n’ont pas détaillée, l’étude pointe surtout un budget modeste, ce dont doivent convenir les partenaires à moins de considérer à l’inverse que les ambitions culturelles de l’ICB doivent être revues à la baisse. Une considération qui n’est pas à l’ordre du jour, et surtout pas à celui du Conseil des élus qui compte sur le rôle prépondérant de la structure dans le cadre du programme Pays Basque 2020 et de son volet culturel.
Avec un peu plus de 800000 euros par an, les huit salariés de l’ICB doivent composer avec un programme imposant et tous azimuts, en comptant sur 56 partenaires et soutenant quelque 52 associations. Et si de grands axes de travail se dégagent, comme le patrimoine oral et l’éducation, l’aide à la créativité et les échanges culturels à travers le monde, le soutien accru à la diffusion (avec l’aide notamment à 10 festivals du Pays Basque nord cette année), ou encore la médiation culturelle dans tous les projets, un travail s’impose désormais au sein de l’Institut culturel basque et avec ses partenaires publics pour pouvoir enclencher sereinement cette "vitesse supérieure".
Déjà en 2006, le Conseil des élus avait demandé à l’ICB de redéfinir son projet culturel, ce qui, de l’aveu de Pantxoa Etchegoin, avait "fait le plus grand bien". C’est également ainsi que s’annonce le rapport de la Drac même si le directeur de l’ICB a d’abord été "très troublé" par cette commande, et pour tout dire "inquiété" avant d’avoir l’assurance qu’il n’est "pas question de remettre en cause l’Institut". Reste donc à donner à l’Institut culturel basque les moyens de son développement.
L’ICB en piste pour la diffusion
Parmi les préconisations de l’étude commandée par la Drac figurent, selon les responsables de l’ICB, des recommandations en termes de diffusion, pour profiter des réseaux déjà existants.Globalement, l’Institut culturel basque sera cette année en quête "de nouveaux réseaux de diffusion, nationaux et internationaux" afin de partager la culture basque avec un large public.parallèlement, l’exposition Batekmila - Les mondes basques, actuellement à Bilbao, voyagera à Gasteiz, Hendaye, Bordeaux, Getxo, Pampelune, et devrait encore être vue hors du Pays Basque en 2009. Elle est accompagnée de spectacles, de visites pédagogiques et de conférences.
De nombreux partenariats pour la diffusion placent l’Institut culturel au rang de "Pôle-ressources" pour les villes de Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye, Biarritz, Bidart, Cambo, Saint-Palais, Hasparren ou Mauléon.Des partenariats qui se poursuivent de l’autre côté de la frontière avec notamment une convention pluriannuelle signée cette année avec le gouvernement basque, et la pérennisation de réseaux tels que les diputaciones de Gipuzkoa et d’Araba, ou avec les villes d’Andoain, de Bilbao, de Getxo, de Gernika, d’Oiartzun, d’Antzuola.
Les grands projets de l’Institut culturel basque pour l’année
Parmi les grands projets présentés mercredi par l’Institut culturel basque, Pantxoa Etxegoien a évoqué notamment celui de collecte de la mémoire collective et sa valorisation. Un projet démarré en Basse-Navarre avec collecte, indexation, diffusion et valorisation pédagogique. Ce travail colossal se poursuivra donc cette année en partenariat avec le Conseil général, le PCD Basse-Navarre, le Conseil régional et l’Etat par le biais de la Banque numérique du savoir Aquitain.
Dans le registre de la création artistique, l’ICB mettra en place une résidence d’artiste au centre d’interprétation des stèles discoïdales de Larceveau, avec les deux txalapartari Igor Otxoa et Arkaitz Martinez. Une autre création proposera bientôt des "Regards croisés entre Pays Basque et Bourgogne" avec l’association hendayaise tournée vers la photographie, Begiradak.
L’ICB apportera également une aide technique et financière à plusieurs créations dont Orreaga (Bayonne), Mihimena (Baigorri), Bodarin (Saint-Jean-de-Luz), Gernika (Soule), et différents spectacles pour enfants et jeune public.
L’Institut culturel basque poursuivra en 2008 ces "échanges culturels à travers le monde", à l’occasion des 10 ans du label Daqui recevant Michel Massias autour de Jean-Luc Amestoy et Philippe de Ezcurra avec une résidence et des ateliers d’accordéon diatonique (en partenariat avec la scène Nationale) en invitant également un écrivain basque au festival Lettres du monde de Bordeaux, ou en poursuivant ses échanges avec la Géorgie, autour du chant et des polyphonies.
|