Début des soldes d´hiver sur fond d´une nouvelle polémique
·Christine Lagarde a évoqué le principe de soldes "récurrents", voire en permanence disponibles dans les magasins
Les soldes débutent aujourd’hui au Pays Basque nord comme partout dans l’Hexagone, avec des rabais de 20% à 50% dans les magasins et jusqu’à 80% sur l’internet. Un début sur fond de polémique puisque le gouvernement évoque à nouveau leur multiplication pour relancer la consommation.
Une fois de plus, la réforme des soldes a été mise sur la table, cette fois-ci lundi par la ministre de l’Economie Christine Lagarde, qui a évoqué lundi le principe de soldes "récurrents", c’est-à-dire "qui soient en permanence disponibles dans les magasins".
"ça consiste à avoir dans une partie d’un magasin, petit, moyen ou grand, un département, une zone qui soit réservée à des articles soldés", a-t-elle expliqué, estimant que "des soldes récurrents sont propices à la consommation". Les soldes sont aujourd’hui d’une durée maximale de six semaines respectivement en hiver et en été.
Cette déclaration a déclenché un tollé chez les petits commerçants textile, qui ne sont "pas demandeurs de soldes récurrents", a déclaré à Charles Melcer, président de la Fédération Nationale de l’Habillement. Les détaillants en chaussures y sont aussi opposés, tout comme certaines associations de consommateurs. "Si c’est le cas, ce n’est plus événementiel avec des prix de référence de 20, 30 ou 40%. Si c’est tous les jours, cela n’a plus de raison d’être. Le consommateur n’a plus d’élément de référence et va faire de la rétention d’achat", a déclaré le président de la fédération Jean-Pierre Fabre.
La Confédération Syndicale des Familles (CSF), a plaidé pour des soldes décidés au niveau hexagonal et non départemental et s’est dite favorable à "des dates de soldes à l’identique pour l’ensemble de l’année, sauf dans les zones touristiques". Elle est opposée à des soldes décidés par les commerçants qui risquent selon elle de "créer de la confusion sur les prix" et d’avoir un impact sur le commerce de centre-ville au profit de la grande distribution.
Désorienter le consommateur
L’UFC-Que Choisir souhaite également le maintien du cadre réglementaire actuel. "La généralisation permanente des ventes à perte que sont les soldes n’est pas évidente en termes de lisibilité et il n’est pas évident que le consommateur soit gagnant", a déclaré Isabelle Faujour pour cette association, qui estime que la multiplication des promotions au fil de l’année contribue déjà à désorienter le consommateur.
Il y a deux ans, Thierry Breton, alors ministre de l’Economie, avait également jeté un pavé dans la mare en évoquant une éventuelle multiplication des périodes de soldes. Une réforme avait alors eu lieu, permettant notamment de lancer les soldes à date unique sur tout le territoire, mais l’idée de multiplication des soldes avait été enterrée, en raison de l’opposition de la plupart des commerçants.
Mauvaise fin d’année
Dans les magasins d’habillement les ristournes devraient aller de 20% à 50%, selon les commerçants, qui espèrent écouler les stocks accumulés après une mauvaise fin d’année, liée à la morosité ambiante. Sur l’internet, des sites promettent jusqu’à 80% de réduction et proposent de "pré-remplir" des paniers, une façon de repérer virtuellement les articles que l’on veut acheter avant le lancement officiel des soldes.
Lors des soldes d’hiver 2007, les commerçants ont réalisé un chiffre d’affaires en hausse dans 31% des départements, par rapport à 2006, en particulier les chaînes, indique la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
Seules périodes de l’année où les commerçants sont autorisés à revendre à perte, les soldes sont strictement encadrés par la loi. Ils durent au maximum six semaines, respectivement en été et en hiver, et visent à écouler des marchandises en stock, qui doivent avoir été proposées à la vente depuis au moins un mois à la date de début de la période des soldes. La distinction entre les articles soldés et non soldés doit clairement apparaître aux yeux du consommateur et les limitations de garanties sont illégales. La DGCCRF met en avant une augmentation d’infractions (+13%) lors des derniers soldes, en été, dont plus du tiers portaient sur des soldes hors période légale.
Au Pays Basque nord, la chasse aux affaires se prolongera pendant six semaines pour s’achever le 19 février.
Entre 9 et 12 semaines de soldes au Pays Basque sud
Même si la période des soldes au Pays Basque sud a démarré lundi, depuis quelques jours plusieurs commerces affichaient des promotions sur le prix de leurs produits. C’est leur réponse à une année "assez difficile" notamment pour le petit commerce.
Et même si la loi leur interdit d’offrir des liquidations avant la date de démarrage officielle, l’absence de tout panneau indicatif avec le mot proscrit "soldes" suffit pour contourner la législation. Certaines boutiques offraient la semaine dernière des "promotions à 50%", auxquelles se sont ajoutées lundi celles des soldes officielles. À côté du mot "rebajas", des chiffres allant jusqu’à 70% ont été affichés partout sur les vitrines des magasins.
Et ils y resteront plusieurs semaines, entre neuf et douze pour le Pays Basque sud. Les communautés autonomes ayant la compétence sur la question, la période de promotions varie selon les territoires. Dans le cas de la Navarre, la période des soldes finira le 9 mars, alors que pour la Communauté Autonome de la Navarre elle se prolongera jusqu'au 31 mars. Selon les statistiques diffusées par les médias d’outre-Bidassoa, en moyenne, chaque citoyen dépensera entre 125 et 265 euros cette année.
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