C’est une journée assez épique qu’ont vécue les éleveurs de la coopérative Berria hier. Il aura fallu cinq heures de discussion pour que se règle le différend entre quatorze producteurs ayant quitté la laiterie de Macaye et le conseil d’administration de l’entreprise. Grâce à un rebondissement de dernière minute.
"C’est à l’image du fonctionnement de cette coopérative" soupirait Andde Dubois hier à l’issue des échanges entre éleveurs et direction. Jean Camblong, président de la coopérative Berria, venait d’annoncer que les quatorze producteurs de lait de vache ayant quitté la laiterie recevraient le paiement total de leurs livraisons de lait de novembre. N’ayant pas obtenu de hausse du prix du lait après plusieurs semaines de discussion, les éleveurs avaient en effet décidé de quitter Berria pour une autre laiterie au 1er décembre. La coopérative de Macaye avait répliqué en refusant de payer le lait de novembre jugeant qu’il y avait là une rupture de contrat et que des pénalités, allant de 1000 à 8000 euros, devaient être payées.
Hier matin, les quatorze producteurs devaient être entendus individuellement par le conseil d’administration pour discuter des modalités de paiement des pénalités. Soutenus par près d’une centaine d’éleveurs d’ELB, les ex-Berria ont d’abord sollicité un entretien collectif, refusé par le conseil d’administration. Le bras de fer a alors débuté, les éleveurs affirmant qu’ils ne partiraient pas avant d’avoir leurs payes, acquittées à 100%. Ils demandaient à la coopérative d’utiliser d’autres voies pour recouvrir les pénalités qu’ils n’estimaient par ailleurs pas justifiées.
De nombreuses propositions intermédiaires ont ponctué les débats. A chaque fois, chaque partie se retrouvait pour en discuter et apporter une réponse, qui faisait à son tour l’objet d’une concertation.
Cinq heures de négociations
Finalement, le conseil d’administration a donné son dernier mot après cinq heures de laborieuses négociations. Jean Camblong annonçait que Berria allait payer le lait de novembre mais en amputant la somme des pénalités dues. Les membres du conseil d’administration, tous éleveurs, ont alors quitté les lieux sous les critiques sur le "manque de solidarité et de transparence".
Interrogé par la presse quelques minutes plus tard, Jean Camblong a fait savoir que Berria paierait intégralement le lait de novembre et réclamerait aux éleveurs, par voie d’huissier le cas échéant, les pénalités dues. Une position différente de celle annoncée quelques minutes plus tôt aux producteurs mais que le président de Berria justifiait en estimant qu’elle était "la plus sage". Jean Camblong a jugé "très regrettable" de n’avoir pas pu discuter avec les éleveurs individuellement. "Les administrateurs ont fait les efforts nécessaires mais les producteurs ont préféré rester en groupe pour jouer l’épreuve de force", a-t-il déploré. Après l’avoir expliquée à la presse, Jean Camblong a livré sa décision finale aux éleveurs encore sur place.
"C’est pratiquement ce que nous demandions ce matin en arrivant", ont constaté amers les producteurs. "Après tant de discussions, Camblong vient de décider en cinq minutes ce sur quoi nous n’avons pas réussi à nous mettre d’accord durant cinq heures", ont-ils déclaré entre dépit et semi-satisfaction.
