"Certains affirment que le Pays Basque n’est pas à vendre, eh bien, le Tribunal de Grande Instance de Bayonne n’est pas à vendre non plus! Faudra-t-il aller à Pau pour divorcer?!" lance l’avocat dans une mise en scène de la vente aux enchères du TGI. Elle a ponctué l’importante manifestation emmenée hier dans les rues de Bayonne par les avocats pour dénoncer la réforme de la carte judiciaire envisagée par la ministre de la Justice Rachida Dati envisageant un TGI par département et une cour d’appel par région.
Les robes noires, en grève d’audiences pour la seconde semaine, étaient en tête d’un cortège d’environ 400 personnes. Des collègues de Pau, Dax et Mont-de-Marsan avaient fait le déplacement. Mais l’originalité, "une révolution" soulignait une avocate, constituait la présence aussi d’avoués, de quelques magistrats (dont des vice-présidents du tribunal), d’huissiers, de greffiers, d’auxiliaires de justice, de personnels des cabinets d’avocats. Un cocktail qui se manifeste ordinairement peu en dehors des enceintes judiciaires.
Parmi les banderoles, le "Rachida m’a tuer" a réédité son succès lors de la manifestation la semaine précédente à Pau, une autre fustigeait une "délocalisation" qui ne concerne finalement pas que les ouvriers, le tout accompagné par une mini tamborrada, une fin de cortège avec les syndicats LAB, FO, CGT et une voiture sono diffusant la BOF de Barry Lyndon et du Temps des gitans. Du baroque.
Parmi les rares magistrats à défiler, Fabrice Augey. Le représentant du Syndicat de la magistrature (SM) déclare que son organisation n’est "pas contre une réforme de la carte judiciaire a priori", mais il souligne "la précipitation" d’une réforme pour laquelle "une réflexion [leur] a été demandée pour rendre [leurs] propositions le 30 septembre ! L’USM, le SM et FO ont demandé une prorogation des délais".
Proximité, service public, qualité humaine ont été mis en avant par les manifestants dont une délégation conduite par la bâtonnière Me Assié-Berasategui a été reçue par le sous-préfet puis par le député maire UMP, Jean Grenet dans l’après-midi.
Mais les arguments les plus percutants ont été devancés façon guignols de l’info. Un formidable imitateur a mis le masque de Sarkozy et emprunté ses tics de rhétorique lors de la mise en scène: "on m’a posé une question, j’y réponds concrètement; tout est centralisé, la fermeture des portes de voiture, pourquoi la Justice ne le serait pas ? Que les choses soient claires, la suppression du TGI n’est pas la suppression des fêtes de Bayonne!". Mieux qu’un effet de manche.
