Anoeta, d’abord les quarts
·Pour son retour au stade Anoeta demain après-midi (14 heures, France 2) en quart de finale de la Coupe d’Europe, le Biarritz Olympique s’attend à affronter une formation de Northampton revancharde
«La semaine a été destinée à mettre les points sur les i. Du côté d’Aguiléra d’abord, puis à Hendaye à partir de mercredi, où les joueurs du Biarritz Olympique se sont réfugiés pour préparer leur quart de finale européen dans le calme et la sérénité. Un rituel auquel les Basques sont maintenant habitués puisque le BO a toujours cherché l’inspiration chez Serge Blanco avant ses rendez-vous importants de Coupe d’Europe. Ce quart de finale face aux Saints de Northampton ne devait surtout pas échapper à la règle.
Et si le staff biarrot a insisté sur le fait de mettre en garde ses joueurs, c’est que le BO se fie très peu à l’adversaire du jour. Certes, tous les voyants sont au vert : Northampton est aux abois dans son championnat anglais, Biarritz a marqué le pas cette saison en Europe - il est crédité de 29 points sur 30 possibles, un record en la matière - et pour couronner le tout, on jouera à Anoeta, stade fétiche des rouge et blanc où ils affichent fièrement une invincibilité à toute épreuve, 3 sur 3... Autant de statistiques qui font que personne, aujourd’hui, ne met en doute le statut de favori du BO. Pas même les Biarrots, ils l’assument volontiers. Mais de manière prudente. Conscients de la fragilité d’une condition qui disparaît dès que l’arbitre siffle le coup d’envoi.
Alors, on pourra toujours trouver de bonnes raisons d’être trop optimiste. L’expérience par exemple. À l’aube d’une 4e demi-finale, Biarritz est devenu une constante dans les phases finales de Coupe d’Europe, or, on ne peut pas se reposer sur les statistiques, explique l’entraîneur Jacques Delmas : "L’expérience n’est pas suffisante. Elle nous sert à gérer les rencontres, mais on ne peut pas se reposer sur elle pour remporter la rencontre. Ce n’est pas forcément un atout".
Pas que du combat
Quoi qu’il en soit, les Basques se présentent à ce quart de finale forts de leur retour réussi dans le Top 14. À Albi, où un combat de tous les instants leur était promis. Biarritz a su relever le défi, il en est même revenu rassuré quant à son potentiel dans ce domaine. Mais selon Jacques Delmas, il faudra aller au-delà si les coéquipiers d’August veulent être champions d’Europe : "Il faut surtout prendre conscience que le combat ne doit pas être quelque chose de réducteur. Le combat, ça nous a rassurés sur les comportements, ça c’est une bonne chose, mais en revanche, on doit être beaucoup plus ambitieux dans notre jeu. Il faut que l’on se donne les moyens de nos ambitions et quand nous traversons une période de domination comme ça a été le cas à Albi, nous devons être capables de mettre le ballon derrière la ligne. Voilà où nous devons mettre l’accent. Il faut regarder les choses en face, on ne pourra pas être champions d’Europe en se reposant seulement sur du combat, ou sur le jeu de devant. On fera les choses ensemble, ou on ne les fera pas".
Le retour des stars
Lagisquet et compagnie s’attendent donc à affronter des Anglais revanchards, au visage bien différent de celui présenté lors de la phase des poules, où Northampton a baissé pavillon à deux reprises. Les Saints, battus 22-10 en octobre à Aguiléra, 17-8 à Franklin’s Gardens en janvier, et derniers du championnat anglais avec trois funestes journées pour se sauver, se présentent avec d’autres soucis en tête que celui de raviver leur lustre passé (champions d’Europe 2000 face au Munster). Ils n’ont rien à perdre, en fait. Et c’est bien ce qui inquiète les Biarrots, à l’image de l’autre entraîneur, Patrice Lagisquet, convaincu qu’outre cet état d’esprit de "va-tout", le Northampton d’avril "n’est pas du tout la même équipe que celle qu’on a rencontrée précédemment". Les Saints, c’est vrai, ont récupéré quelques vedettes (Ben Cohen et Carlos Spencer), ainsi que l’emblématique centre et capitaine néo-zélandais Bruce Reihana, un "gamebreaker" qui avait manqué les deux matches contre les Basques, et disposent d’un certain Christian Labit, briscard européen s’il en est (titres 2003 et 2005) qui depuis février s’impose en N.8. Un élément que par ailleurs Jacques Delmas connaît particulièrement bien : "il a une capacité à rester debout, à jouer en pénétration, c’est une arme supplémentaire" convient-il. "Il va se coller derrière Carlos Spencer et il va essayer de trouver des solutions, de jouer dans les intervalles, ce qu’il sait faire à merveille. À nous de vite le mettre à terre pour qu’ils ne puissent pas enchaîner derrière lui. ça sera différent pour nous, c’est vrai, mais je crois que nous avons la capacité de résoudre les problèmes".
Difficile, quand même d’imaginer Northampton surprendre une défense basque, qu’il fut incapable de prendre en défaut sur deux confrontations. Mais là aussi Lagisquet émet un léger bémol, "il ne faut pas oublier que sur la deuxième rencontre, ils auraient pu marquer 9 ou 12 points en première période" précise-t-il, faisant référence au contexte qui obligeait les Anglais à marquer le plus grand nombre d’essais.
Pour demain, les ex-All Blacks Robinson, Spencer, Reihana, les ailiers anglais Cohen et écossais Lamont, devraient a priori promettre de l’initiative derrière. Pour autant, les clefs du match sont donc entre les mains de Basques au complet (Thomas Lièvremont était incertain hier, mais il devrait tenir sa place en troisième ligne), résolus à mettre "de la vitesse, de l’efficacité, de l’ambition". Pour s’éviter de suer comme l’an passé face à Sale (11-6), et pour s’ouvrir en grand les portes d’une demi-finale, en ce même Anoeta qui leur va si bien, face aux vainqueurs de Wasps-Leinster.
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