La guerre civile bouleverse l´Atalante
Jeudi soir à l’Atalante, fin de séance. Un lourd silence flotte dans la salle comble. Nous venons de revivre, 70 ans après, le bombardement de Gernika et les débuts de la guerre civile espagnole. Deux films d’époque, le bouleversant Guernica (1950), d’Alain Resnais, et l’hyperréaliste Terre d’Espagne (1937) de Joris Ivens nous glacent le sang. Malgré un son et des images inévitablement fanées, ces documents historiques n’ont rien perdu de leur force d’évocation, une force brute, essentielle et touchante. La voix de Maria Casares incarne, tremblante d’émotion, un texte de Paul Eluard, lyrique à l’extrême, profondément engagé. Tel une bombe à retardement, Guernica déchire l’âme. Ses images, représentations de l’¦uvre de Picasso, rompues et compartimentées, tranchent comme des poignards. Puis, sans transition, Terre d’Espagne nous plonge dans la réalité crue du quotidien de la guerre, la vie du peuple espagnol en résistance, les efforts titanesques autant que désespérés, Madrid se décomposant peu à peu sous les bombes... On avait oublié.
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