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Coupe d’Europe
Les clubs du Top 14 boycottent la Coupe d’Europe
·La LNR estime que les Ligues n’ont pas assez de pouvoir au sein de l’ERC
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L’annonce mardi soir par la Ligue nationale de rugby (LNR) de la non-participation des équipes du Top 14 à la prochaine édition de la Coupe d’Europe illustre son inquiétude face aux différentes menaces auxquelles est confronté, selon elle, le rugby de clubs. Au-delà du blocage des négociations pour que les ligues puissent exprimer la voix des clubs au sein de l’ERC, organisateur de la Coupe d'Europe, les projets de championnat franchisé en Angleterre ou de nouveau tournoi mondial évoqués ces derniers jours ainsi que l’allongement du calendrier international inquiètent la LNR. "Après avoir pesé le pour et le contre", Serge Blanco a donc consulté les présidents de clubs du Top 14 avant de taper du poing sur la table. L’ERC s’est contentée d’indiquer dans un communiqué qu’elle prenait acte de cette décision. Elle ajoute que la prochaine réunion de ses actionnaires est prévue début février.
Pour la LNR, les négociations sont au point mort depuis le revirement de la Fédération anglaise qui, après avoir promis de céder une partie de ses parts au sein de l’actionnariat de l’ERC comme son homologue de la FFR, a changé d’avis en brandissant une convention la liant à ses clubs jusqu’en 2009. Pour les ligues qui représentent les clubs professionnels en Angleterre, dans l’hexagone et en Italie, l’enjeu est d’obtenir un réel pouvoir de décision au sein de l’ERC, actuellement propriété de leurs trois fédérations et de celles d’Ecosse, de Galles et d’Irlande, qui gèrent directement leurs provinces.
En annonçant son intention d’imiter les clubs anglais, qui avaient fait l’impasse sur l’édition 1998-1999, la LNR prend d’abord un risque financier. "C’est simple, on perd cinq millions d’euros par an au niveau de la Coupe d'Europe", estime Blanco, qui assure ne pas avoir pris en compte dans sa décision la renégociation en cours des accords de diffusion du Top 14. Si elle se fait à la hausse, comme il l’espère, cela pourrait amortir les pertes financières dues au retrait de la Coupe d’Europe.
L’autre risque est diplomatique. Bernard Lapasset, président de la Fédération française (FFR), qui dit comprendre les motivations de la LNR redoute que cela affaiblisse le poids des instances hexagonales, alors qu’il défend depuis un an et demi des propositions définies avec Blanco devant l’IRB (organe suprême du rugby), où les fédérations fonctionnant sur le modèle des provinces franchisées sont majoritaires (nations celtes, Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). Les deux hommes souhaitent que l’IRB se dote d’une véritable instance représentative chargée du secteur professionnel. Blanco et Lapasset, farouchement opposés au système des franchises, souhaitent ainsi remettre les clubs à la base de l’édifice.
France Télévisions reprendrait "ses billes"
France Télévisions, détentrice des droits TV de la Coupe d’Europe, est prête à "reprendre ses billes" si les clubs du Top 14 maintiennent leur décision de ne pas participer à la prochaine édition de la compétition, a indiqué hier Daniel Bilalian, directeur des sports du groupe. "Il est évident que si cela se confirmait, nous ne resterions pas passifs" et "que nous reprendrions nos billes" en vertu de la clause de sortie contenu dans le contrat, a-t-il déclaré.
« Personne ne se préoccupe de nous »
Serge BLANCO /
Président de la LNRSerge Blanco, président de la Ligue nationale de rugby
(LNR), a profité de l’écho provoqué par l’annonce de la non participation des
clubs du Top 14 à la prochaine édition de la Coupe d’Europe pour exposer ses
doléances.
Quelle est la principale raison de votre décision
?
Les propriétaires de la compétition sont les six fédérations
(Angleterre, Ecosse, France, Galles, Irlande, Italie), alors que ce sont les
clubs qui participent. Nous demandions donc à ce que les ligues anglaise,
française et italienne puissent récupérer un pourcentage de l’actionnariat, afin
de participer plus amplement à la vie de l’ERC. Les participants avaient
accepté, en disant aux ligues ‘si vous voulez être actionnaires, il faut
partager avec votre fédération’. En France, le président de la Fédération a
accepté de nous céder 50% à condition qu’il ne soit pas le seul à accepter. La
ligue italienne a obtenu un petit pourcentage et en Angleterre, la Fédération a
fait volte-face en ressortant une convention la liant jusqu'en 2009 à la Ligue.
Les Anglais nous ont fait croire pendant huit mois que leur problème était
réglé, mais au moment de finaliser, la Fédération anglaise ne voulait plus
donner d'actions et de voix. C’est le véritable
problème”.
Avez-vous contacté les clubs anglais pour connaître
leur réaction ?
Non, nous n’avons aucun écho, car notre décision
date d’hier soir (mardi). Je sais qu’ils se réunissent la semaine prochaine.
Aujourd’hui, pour nous, il n’y a que le rugby français qui compte. Après, ce que
feront les clubs anglais, on le respecte. Nous ne sommes pas là pour brandir des
menaces. Aujourd’hui, on regarde vers l’avant.
La Coupe d’Europe
est-elle votre seule sujet d’inquiétude ?
Notre décision
concerne seulement les accords de Paris (qui établissent les règles de
fonctionnement de l’ERC et sont actuellement en renégociation, ndlr), mais je
veux en profiter pour communiquer sur tous les problèmes auxquels nous sommes
confrontés. Les compétitions se rallongent. Pourquoi faire la Coupe du monde sur
sept semaines alors qu’on peut la faire sur cinq ? Pourquoi faire le Tournoi des
six nations sur sept semaines alors que c’est possible sur six ? Pourquoi
organiser une tournée en fin de saison l’année de la Coupe du monde ? C’est
toutes ces questions que l’on se pose. Nous sommes toujours confrontés à
l’irrecevable et obligés de nous arranger. Personne ne se préoccupe de notre
avis.
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