Le musée d’art contemporain de Bordeaux se cherche
Le CAPC-musée d’art contemporain de Bordeaux entend retrouver une place sur la scène internationale sous la houlette de sa nouvelle directrice : pour un budget municipal identique, elle parie sur une programmation plus expérimentale avec le recours à des artistes émergents. "Devant des toiles de Picasso, certains disent encore que c’est illisible, Ne nous arrêtons pas là, il faut aller de l’avant. Les gens, au fond d’eux-mêmes, aiment la controverse", estime Charlotte Laubard, 32 ans, nommée en octobre à la tête de l’un des sept musées d’art contemporain en France. Son objectif: "redonner une identité à l’institution et devenir leader sur la scène internationale", dit cette frêle jeune femme, qui a déjà été commissaire d’exposition au PS1 Contemporary Art Center de New York et au Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea de Turin, avant de participer à la création d’un centre d’art contemporain à Kiev.
Communication de l’art
La première exposition sous sa responsabilité, baptisée Drapeaux gris, s’interroge sur la façon dont l’art communique, au travers de projections vidéo, photos et installations d’artistes thaïlandais, chinois, iraniens... "L’exposition essaie de résister à une trop grande donnée d’informations. Certaines oeuvres sont volontairement très cryptiques : elles jouent sur le principe de la voie sans issue, sur le principe du Œmarabout-bout de ficelle’. On est vraiment sur un système qui pousse à l’absurde", explique Mme Laubard. Le maire Alain Juppé a salué "le vent de jeunesse" sur l’institution. "Sans remettre en cause qui que ce soit, le CAPC avait un peu perdu de son rayonnement international. Je suis sûr que la nouvelle directrice va redresser la barre", a-t-il affirmé lors de l’inauguration mardi de Drapeaux gris.L’expérimentation est le maître-mot des projets en cours. Figurent notamment un magazine sur le web avec l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, des concerts de musique électronique et concrète, ainsi qu’un projet d’exposition éphémère où les élèves des Beaux-Arts investiront le CAPC pendant deux jours et une nuit. "J’ai confiance en un certain nombre d’artistes, de critiques, de commissaires d’exposition. Ils me donnent une trentaine de noms et je vais voir les artistes dans leur atelier, pour au final n’en sélectionner que quelques-uns".
Soutien financier
Certaines expositions à venir nécessiteront le soutien financier de grandes institutions culturelles, a précisé la directrice. Si l’une des expositions au CAPC en 2000 autour du thème de l’enfance a causé la mise en examen d’un ancien directeur des Musées de Bordeaux et des deux commissaires de l’exposition, Mme Laubard estime que "l’art contemporain est là pour poser des questions, mettre en cause des évidences"."C’est normal que ça gêne ceux qui ne veulent pas que la société évolue", affirme-t-elle, regrettant que peu d’endroits en France permettent de mener une réflexion sur l’image, omniprésente dans la société. Selon Charlotte Laubard, la contribution des artistes chinois et d’Europe de l’est va devenir "essentielle" car "ils créent des oeuvres fortes, engagées. En Europe, on a moins de raison d’être en colère".
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