L'Etat donne l'aumône pour la politique linguistique du basque
·Après avoir limité le budget de départ de l'Office Public de la langue, le gouvernement bride la politique linguistique 2007-2010
La ville de Bayonne s'engage pour la langue basque en annonçant l'usage de l'euskara dans la communication de la commune
L’attente était forte, à la hauteur de l’ambition du projet de politique linguistique 2007-2010 préparé par l’Office Public de la langue basque et des opérateurs associés. Le couperet est tombé hier soir, avec l’annonce du sous-préfet de Bayonne Jean-Jacques Caron, qui en pleine signature de la convention entre la ville de Bayonne et l’office public a lâché l’information : l’Etat limitera sa participation au budget de l’Office Public de la langue basque à une hausse de 100 000 euros par an, soit 620.000 euros, à la place des 520 000 euros actuels. Un montant qui limite également la participation du Conseil Régional et du Conseil Général à ce même niveau, les statuts fixant la participation de chacune des parties à l’apport des autres.Déjà, lors de la création de l’Office de la langue en 2004, le Premier ministre Dominique de Villepin venu à Bayonne avait joué le rôle d’oiseau de mauvais augure, en apportant au budget de la politique linguistique moins que ce qui était attendu, et limitant ainsi la participation des autres partenaires. Le sous-préfet fraîchement arrivé au Pays Basque, a pris les devants hier soir, sur l’Office Public qui a prévu un point presse ce matin afin de rendre compte en détail de la réunion qui s’est tenue hier après-midi pendant trois heures à la délégation du Conseil Général à Bayonne. Réunion qui devait fixer les montants, et donc la force de frappe de la "nouvelle" politique linguistique 2007-2010, présentée comme "déterminante" pour enrayer le déclin de la langue basque. Après avoir refusé une énième fois la modification de l’article 2 de la Constitution cette dernière semaine, le gouvernement donne l’aumône à la langue basque, qui attendait un réel investissement afin d’engager un développement durable.
"L’Etat est avec vous"
Jean-Jacques Caron a assuré de la bonne intention et de la volonté de l’Etat d’accompagner cette "initiative locale en faveur de la culture basque". "C’est une démarche exemplaire que l’Etat souhaite encourager, qu’il souhaite soutenir". Une démarche "connue et reconnue" dans les sphères du pouvoir selon le sous-préfet, qui y a trouvé "une oreille attentive" sur les dossiers du Pays Basque. En ce qui concerne les montants octroyés, le sous-préfet s’est empressé d’indiquer qu’il s’agit d’un apport qui "augmente considérablement sa participation de 20%" a-t-il ajouté, précisant que les augmentations de ce genre se font rares de la part de l’Etat. "Un engagement sur trois ans, sans renégociation" a-t-il précisé, se voulant rassurant, mais en laissant présager qu’il sera difficile d’en obtenir davantage. "L’Etat est à vos côtés" a-t-il conclu.
"Un changement des mentalités"
L’intervention inattendue du Sous-préfet a quelque peu
volé la vedette à la signature d’une convention de partenariat entre la ville de
Bayonne et l’Office Public de la langue en faveur de la langue basque.
Le député-maire de Bayonne a fait part de sa
satisfaction, étant la première des communes à signer un partenariat avec
l’Office de la langue. Prenant les devants des critiques qui jailliront d’un
côté comme de l’autre, il a souligné que la convention est "un pas important"
qui fera date, estimant qu’une telle démarche n’aurait pu aboutir quelques
années auparavant. "Un changement des mentalités" qui aujourd’hui permet à la
Ville de Bayonne de s’engager en faveur de la langue basque, en introduisant une
première dose de bilinguisme, voire de trilinguisme avec l’occitan. "Ce ne sont
pas les langues régionales qui mettent la République en péril, mais le
jacobinisme et l’excès de centralisme" a-t-il commenté.
Le député-maire s’est engagé à développer l’usage du
basque dans les documents de communication de la ville, à poursuivre et
densifier la signalétique en langue basque, à favoriser la formation du
personnel communal pour l’apprentissage ou le perfectionnement du basque. Il
prévoit également de relayer et faciliter la mise en oeuvre du projet de
politique linguistique à l’échelle de la ville. Par ailleurs un technicien de la
langue basque sera engagé par la commune, qui s’incorporera au réseau de
l’office.
|