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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2006-12-22
Chantal BOONE / Présidente du comité Attac - Pays Basque
Collectif Anti-délation : et maintenant ?

Le collectif anti-délation de Bayonne continue à se mobiliser contre la loi Sarkozy dite de "prévention" de la délinquance votée le 5 décembre 2006.

Ce collectif est constitué de professionnels du social, de l’enseignement, de la justice et du médical, de syndicats, d’associations, de partis politiques... il déplore au niveau local l’absence de certains signataires nationaux aux réunions ainsi qu’aux diverses mobilisations... Il dénonce, en lien avec le CNU (Collectif National Unitaire) depuis trois ans, cette loi qui fait du MAIRE un véritable shérif, centralisant les informations concernant les familles en difficultés qu’elles soient sociales, éducatives ou matérielles. Cette loi supprime le secret professionnel et donne aux maires de nouveaux pouvoirs comme par exemple l’enfermement 72h en hôpital psychiatrique de toute personne troublant potentiellement ou réellement l’ordre public (le "soin" au service de l’Ordre !).

Au moment où cette loi était en projet, des textes comme le rapport Bénisti préconisaient un dépistage précoce (0-3 ans) des troubles du comportement censés annoncer un parcours vers la délinquance !! C’était tenter une corrélation abusive à des fins normatives et de contrôle social, aux dépens de la prévention et du soin à apporter en réponse à des manifestations de l’ordre du mal-être social. Le collectif "pas de zéro de conduite pour l’enfant de 0 à 3 ans" après un an de travail et deux publications d’ouvrages a obtenu que ce dépistage soit déconnecté de la législation sur la délinquance. Pour qu’enfin les bonnes questions soient posées et que commence une réelle politique de soin et d’accompagnement il faudrait des moyens supplémentaires sans tentative de récupération politique.

Le collectif anti-délation explique qu’il s’agit clairement de stigmatiser et de réprimer une partie de la population et qu’il ne s’agit aucunement de prévention. Contre leur volonté, les travailleurs sociaux sont placés au c¦ur de ce système de délation. Par le biais du collectif, ils répondent : "Nous ne sommes pas des délateurs, si nous devions signaler aujourd’hui les RMIstes par exemple, demain ce serait vous, ce serait nous !".

Les membres du collectif refusent le fichage généralisé et la délation auprès des services municipaux (par le biais entre autres des CLSPD ­Comités Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance- constitués du maire/ ou adjoint, de représentants de la police, de la justice, des commerçants et d’associations de prévention). Ils annoncent lors d’une conférence de presse le 5 décembre 2006 (notons au passage qu’ils regrettent également l’absence systématique de certains médias) que les travailleurs sociaux doivent entrer en résistance au sein de nos institutions et services sociaux : il s’agit donc de refuser d’informatiser des données à caractère privé ; de renseigner ce qui deviendra de véritables listes de noms de personnes à surveiller, à contrôler, à maîtriser (exit la prévention !) ; bref de refuser ce qui est contraire à l’éthique de l’ensemble de ces professionnels.

De même, ils révéleront publiquement les institutions et décideurs responsables de cette collaboration.

Le collectif est conscient qu’il s’agit donc d’un cas de désobéissance civique inévitable et qu’il assume. Le travail, entamé il y a 3 ans, d’information et de sensibilisation des travailleurs et de la population se poursuivra parallèlement.

On déplore déjà dans le pays quelques cas de sanctions administratives envers des salariés entrés en résistance.

Leur lutte continue contre cette loi liberticide et dangereuse... Il y a quelques décennies il ne faisait pas bon être juif, arabe, communiste, handicapé, homosexuel ou humaniste, aujourd’hui en plus il ne fait pas bon être pauvre...

Pour plus d’infos voir :
www.abri.org/antidelation
antidelation.pays@basquevoila.fr  


 
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