Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez
Zapatero, va "accélérer" dans les prochains jours son intervention devant le
parlement espagnol censée lancer le dialogue avec l’ETA, a indiqué dans son
édition de dimanche El País, journal proche du PSOE. Selon des sources de
l’entourage de M. Zapatero citées par le quotidien, l’objectif est "d’éviter le
blocage" du processus de paix.
"Immédiatement" après le débat sur l’Etat de la Nation
qui aura lieu aujourd’hui et demain, le ministre de l’Intérieur, Alfredo Perez
Rubalcaba, se réunira avec le principal parti d’opposition, le Parti Populaire,
dans le cadre de l’accord bilatéral dit Pacte Antiterroriste, scellé entre les
deux partis en 2000 avec l’opposition du reste des formations.
"Peu de temps après" cette réunion, l’intervention de
M. Zapatero devant le Congrès sera formalisée pour informer les partis du
"début du processus de dialogue" direct avec l’organisation armée, qui a décrété
un "cessez-le-feu permanent" le 22 mars.
M. Zapatero avait indiqué dimanche dernier lors d’un
meeting au Pays Basque qu’il informerait "en juin" les partis politiques du
lancement du dialogue avec l’ETA.
Même si la date n’est pas fixée, le modèle
d’intervention du chef de l’exécutif est déjà tranché : il s’agira d’une
"communication", non soumise à un vote, a précisé hier en personne M. Zapatero,
qui était interviewé sur la radio catalane Catalunya Radio. Le gouvernement
avait obtenu en mai 2005 du Congrès, à l’exception des députés PP, une
résolution l’autorisant à dialoguer avec l’ETA si celle-ci manifestait sa "ferme
volonté" de mettre un terme définitif à l’action armée. Le président espagnol a
profité de l’entretien pour demander publiquement au Parti populaire de
"soutenir" l’action du gouvernement et de "prendre ses responsabilités" dans le
processus de paix.
Questionné par les journalistes de Catalunya Radio sur
le contenu des pourparlers, le chef du gouvernement espagnol a expliqué que le
désarmement et la réinsertion des membres de l’ETA seraient au menu des
discussions avec cette organisation armée. Selon sa "feuille de route", les
conversations aborderont "le processus pour que l’ETA dépose définitivement les
armes, le processus pour qu’elle se dissolve en tant qu’organisation, et
logiquement, l’avenir de ses membres", a déclaré le chef du gouvernement à
Catalunya Radio.
Interrogé sur d’éventuelles libérations de prisonniers,
M. Zapatero a répondu que "nous n’avons pas commencé à parler". Ce sujet est
particulièrement délicat, en raison de l’opposition de certaines associations de
victimes du terrorisme à toute mesure d’amnistie.
L’"accélération" dont parle M. Zapatero peut répondre
justement à cette opposition, entre autres raisons. Le gouvernement craint le
renforcement des secteurs opposés au dialogue, comme l’association des victimes
du terrorisme AVT, qui a convoqué une manifestation le 10 juin à Madrid.
Batasuna en prison
Alors que M. Zapatero tente d’accélérer, la justice
espagnole semble freiner. Huit dirigeants de Batasuna sont convoqués aujourd’hui
et demain par le juge de l’Audience Nationale Fernando Grande-Marlaska pour
avoir participé à la conférence de presse de présentation du nouveau bureau du
parti abertzale.
Les propos du porte-parole de Batasuna Joseba Permach
affirmant que le processus pouvait "entrer dans une situation de blocage" en cas
d’emprisonnement des huit dirigeants, avaient provoqué la réaction du magistrat
ajoutant un nouveau chef d’accusation : "menaces terroristes".
Les huit dirigeants dont Arnaldo Otegi, l’un des six
négociateurs désignés par Batasuna pour participer au processus de paix,
risquent la prison.