Il y a des signes qui ne trompent pas. Et quand on voit les 15 000 personnes retenir leur souffle pendant plus de deux minutes (le temps que la rencontre Pau-Castres se termine au Hameau) alors que M. l’arbitre a déjà sifflé la fin du match à Jean Dauger, on se dit que le public bayonnais a de nouveau sauvé les meubles cette année. Même dans les moments les plus difficiles (celui de samedi en était un des principaux) la marée bleu et blanc a répondu présente, plus fidèle que jamais. Heureusement, et malgré la défaite, le dénouement a cette fois-ci été favorable car les milliers des supporteurs bayonnais auraient certainement mal vécu une relégation en Pro D2.Car si Bayonne a arraché le maintien dans l’ultime journée, il l’a fait dans la douleur. Sans pouvoir offrir une dernière victoire à ses inconditionnels, dans un scénario hitchcockien, presque identique à celui des footballeurs bayonnais, mais avec un verdict à l’opposé.
"Pas d’excès de joie"
On dit souvent qu’à la fin de la phase régulière, le classement met chacun à sa place... Bayonne a obtenu la dernière du Top 14, et tout le monde en est conscient , "on a failli mériter de descendre, mais on a mérité de rester, c’est tout ce qu’il faut retenir aujourd’hui" tempérait un Richard Dourthe expérimenté, ému même, mais plutôt serein après un final à déconseiller aux cardiaques : "on a cru que l’on était à l’abri, puis on s’est retrouvé le couteau sous la gorge. Comme quoi il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de loi dans le sport" a-t-il ajouté.Le champagne n’a d’ailleurs pas coulé dans les vestiaires des locaux à la fin de la rencontre. Président, staff et joueurs affichaient une joie évidente certes, parce qu’en fin de compte l’aventure continue en Top 14, mais sans autres prétentions. "Il n’y a pas d’excès de joie ni d’orgueil parce que ça ne tient à rien" précise Dourthe , "on a juste été un petit peu plus performants que Pau en début de saison ce qui nous fait avoir ce maintien aujourd’hui". Les Bayonnais venaient effectivement de perdre une rencontre-clé et par la même occasion de mettre en péril leur continuité dans l’élite du rugby.
Pour autant la vie continue sur les bords de la Nive. Le président Francis Salagoity aura dès cette semaine un chantier important à gérer. Construire l’équipe de l’année prochaine tout en tirant des conclusions pertinentes, histoire de ne pas tomber dans les mêmes travers que par le passé. "Cette année, on a beaucoup plus appris que la saison dernière. On a appris en humilité car on s’est vu sauvés à un moment donné de la saison, mais on s’est rapidement rendu compte que les défaites comme les victoires, ça va très vite des deux côtés. On peut dire qu’aujourd’hui tout le monde a appris à l’Aviron Bayonnais, du président à l’école de rugby. On va donc utiliser tout cela à bon escient, on va bien réfléchir".
Entre la 6e et la 10e place
Selon le président, le plus gros du travail a déjà été entamé. Salagoity lui-même le confirmait à la fin du match : "Je peux désormais le dire, je n’avais rien prévu pour la Pro D2. Toutes mes démarches ont été destinées au Top 14. Dans ce sens l’ambition qui était de viser entre la 6e et la 10e place est tout à fait raisonnable. J’y ai travaillé depuis de longs mois. C’est d’ailleurs l’évolution naturelle du club. Une évolution du budget certes, mais également des structures, une évolution dans la réflexion, dans la méthode. Aujourd’hui on a vu ce qu’il nous manquait. Du point de vue médical, encadrement, du staff, de l’entourage du club, un peu de tout".L’Aviron Bayonnais ajoutera un million d’euros à son budget 2005/2006. Avec ces 7,5 M d’euros, Francis Salagoity tâchera de construire un groupe compétitif, capable de tenir la route, même si le fait de retarder au maximum le maintien ne parle pas forcément en sa faveur : "C’est sûr, certains joueurs m’ont échappé, mais à part les deux ou trois premiers clubs du championnat qui ont véritablement fait leur marché, le reste y travaille encore. Je crois qu’il y a encore de bons joueurs sur le marché. Il me manquera une seule flèche à mon arc, je voulais construire une équipe essentiellement franco-française, je serai obligé d’aller recruter un ou deux joueurs à l’étranger. Cela dit, je ne vais pas me précipiter. J’ai des noms, des contacts, il y a des joueurs intéressés par l’Aviron Bayonnais".
Entre-temps les spéculations vont bon train. On parle des venues de Delaigue, de Barrau, d’un retour de Milford même, du départ de Lafaiali’i, de Cléda..., mais pour l’instant rien n’est signé. Les seules certitudes sont les arrivées de Rudzki, Bernad, et Deen. Il reste les négociations qui devraient se résoudre cette semaine avec Astarloa, Aussel, Garcia restera un an de plus... les jours prochains devraient éclaircir la situation de bon nombre de joueurs.
Une chose et sûre, à Bayonne, les supporteurs insistent sur le fait de donner la chance aux jeunes du cru. L’Aviron a intégré certains jeunes de la trempe du jeune Rouet, des frères Iñigo, d’Arnaud Heguy, des joueurs qui ont vécu ces moments de manière intensissime : "C’est fabuleux" s’exclame Héguy "d’autant plus que je suis Bayonnais, j’ai débuté ici, à l’ASB mais à Bayonne, je suis donc très reconnaissant à ce public". Le talonneur a rejoint hier l’équipe de France des moins de 21 ans, il négociera sa continuité à son retour avec le président, mais "il n’y aura pas de souci, je devrais être à Bayonne l’année prochaine".Tout comme un autre espoir du club, l’Hendayais Aretz Iginiz qui devrait signer son premier contrat professionnel dans les jours qui viennent : "le club m’a fait une proposition et j’espère que ça se concrétisera dans les prochains jours". Interrogé sur le fait que le maintien sera ou pas un frein à son ascension personnelle, le pilier droit ne se pose pas tant de question : "C’est sûr qu’en Top 14 ce sera plus dur mais, je ferai tout mon possible pour jouer avec l’Aviron au plus haut niveau".