Tour d’Italie
Ivan Basso, lancé vers le Tour
·L’Italien large dominateur au Giro se prépare à prendre la relève d’Armstrong au Tour de France
Sitôt son Giro victorieux achevé, Ivan Basso s’est tourné vers le Tour de France cycliste dont l’Italien apparaît déjà le favori numéro un, cinq semaines avant le départ de Strasbourg. "J’espère que, pour moi, ce sera un Tour... un peu plus beau que ces deux dernières années", a déclaré Basso en souriant. Un peu plus beau? En d’autres termes, c’est la victoire qu’évoque le chef de file de l’équipe CSC, troisième en 2004 puis deuxième l’an passé à Paris derrière l’inarrêtable Lance Armstrong.
Candidat de fait au "doublé" Giro-Tour, réussi par sept coureurs seulement dans l’histoire (Coppi, Merckx, Hinault et Indurain à deux reprises, Anquetil, Roche et Pantani une fois), le Lombard se garde de hausser le ton : "Je n’ai pas la prétention de dire que je vais gagner le Giro et le Tour. Mais c’est important de courir les deux. Je m’en suis rendu compte l’an dernier."
"J’ai fait une bonne intersaison, sérieuse, sans prise de poids, détaille Basso. Mais, quand j’ai repris le vélo en décembre, je n’ai pas mis longtemps à m’apercevoir que j’étais plus fort, que j’avais changé de cylindrée." En début de saison, l’Italien s’était expliqué dans la revue spécialisée Tutto Bici : "J’aurais pu faire comme Jan Ullrich et tout miser sur le Tour. Le programme aurait convenu à mon équipe. Ce n’est pas un mystère : la CSC, formation danoise avec un parraineur américain, est surtout intéressée par le Tour. Mais j’aime profondément le Giro et c’est moi qui ai pris la décision de le courir. Bjarne (Riis, manager de l’équipe) veut que les gens assument leurs responsabilités. Nous avons parlé, je lui ai expliqué mes raisons."
Le pari, osé au départ, s’est avéré payant. Le Giro le plus montagneux, en théorie le plus ardu de ces dernières années à cause d’un programme effrayant dans la dernière semaine, a tourné à l’entier avantage de Basso, supérieur à ses rivaux dans tous les compartiments de l’épreuve. Contrairement au scénario envisageant une course à l’arraché, le Varesan a contrôlé en permanence la situation. Pour un bénéfice tous azimuts à l’arrivée. L’Italien, qui a patienté jusqu’à 28 ans pour remporter un grand tour, a pu faire l'apprentissage de la fonction de leader quatorze jours durant et acquérir une grande sécurité psychologique : "Je courrai le Tour au maximum de mes possibilités, vous pouvez en être certain. Mais, si je ne gagne pas, il me restera au moins le Giro dans le bilan de la saison."
Entre deux confidences, le vainqueur du Tour d’Italie a glissé qu’après la présentation de la Grande Boucle en octobre dernier, il n’avait ouvert le livre de route qu’à trois reprises. "Pour l’instant, je n’ai reconnu que les deux contre-la-montre (Rennes, Montceau-les-Mines)."
S’il échoue dans le Tour, sa petite fille Domitilla (3 ans) aura un motif de jalousie en moins. C’est Basso qui raconte l’anecdote en riant : "Elle était furieuse de me voir à la télévision chaque jour sur le podium. A cause des... hôtesses. Elle m’a dit : Papa, je ne veux plus que les miss t’embrassent !"
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