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La gauche abertzale appelle à une journée de mobilisation pour jeudi
·Après une semaine d’incidents suite à la mort de deux prisonniers, la gauche abertzale appelle la population à se mobiliser "pour la paix et le processus" et "contre la répression"
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La gauche abertzale a appelé dimanche à une journée de mobilisation générale jeudi pour protester contre le décès en prison des prisonniers politiques basques et pour dénoncer la répression qui s’en est suivie. L’appel à la grève a été lancé lors d’une conférence de presse par Arnaldo Otegi, porte-parole de Batasuna, Rafa Díez, secrétaire général du syndicat LAB, et Juan Mari Olano, responsable de l’association Askatasuna.Accompagnés des proches du prisonnier Igor Angulo, dont le corps a été trouvé il y a une semaine dans sa cellule, et de Roberto Saiz, décédé d’une crise cardiaque alors qu’il protestait à l’intérieur de la prison d’Aranjuez justement pour la mort de son camarade, les trois représentants de la gauche abertzale ont déclaré que "répondre à ce qui s’est passé est un pari pour la paix et pour le processus. Nous sommes convaincus que ce pays est suffisamment mature pour comprendre que la mobilisation [de jeudi] est un acte de responsabilité politique". Arnaldo Otegi a déclaré que la mort des deux prisonniers ne relève pas du hasard, mais d’une stratégie calculée. Le porte-parole de Batasuna a accusé les Etats français et espagnol de mener une politique "d’anéantissement des prisonniers basques", mais il n’a pas porté toutes ses critiques seulement sur Paris et Madrid. En effet, évoquant la façon dont l’Ertzaintza a chargé vendredi plusieurs manifestations de protestation à Vitoria-Gasteiz [lors du 30e anniversaire de l’assassinat de cinq ouvriers, lire notre édition du samedi dernier], Santurtzi ou Portugalete [pour les obsèques des deux prisonniers], Arnaldo Otegi a accusé le PNV d’"être prêt à massacrer son peuple" afin de "protéger son business". Selon le porte-parole de Batasuna, le parti démocrate-chrétien "a peur du changement", tout comme "il l’a montré à l’époque [des négociations] à Alger ou à Lizarra [les accords de Lizarra-Garazi]". Arnaldo Otegi a accusé le PNV de vouloir "empêcher ce peuple d’enterrer ses morts, de faire ses adieux avec amour et dignité".
1000 jours sans mort
À Bayonne, également porte-Parole de Batasuna, Xabi Larralde, accompagné des représentants du mouvement de jeunes Segi et d’Askatasuna, a regretté que l’Etat français partage la même politique de dispersion "destructrice". "Nous voulons nous porter en faux par rapport à une affirmation que l’on a entendu dernièrement selon laquelle pendant 1000 jours il n’y a pas eu de mort", a précisé Xabi Larralde. Aux deux prisonniers morts la semaine dernière, le porte-parole abertzale a ajouté le décès de José Angel Altzuguren, Kotto, et la mort dans une prison française de la jeune Oihane Errazkin. "Ces morts ne sont pas des accidents. Ils relèvent d’une cause structurelle, c’est-à-dire les conditions de détention, l’isolement, la dispersionŠ", a-t-il énuméré tout en ajoutant que "des membres de familles des prisonniers ont trouvé aussi la mort alors qu’ils se rendaient en prison pour voir leurs proches". Hier, l’association Etxerat faisait part d’un nouvel accident. Les proches des détenus Egoitz Coto et Karmelo Lauzirika "heureusement n’ont été que légèrement blessés", précise le communiqué. Selon Xabi Larralde, ces événements, qui "sont la conséquence d’une politique calculée", "n’aident en rien le processus de résolution du conflit en Pays Basque". Et d’ajouter qu’"au-delà du PP, il y a des secteurs qui font tout pour mettre des obstacles" au processus de paix. Il a insisté sur la responsabilité du gouvernement socialiste espagnol dans les deux dernières morts, mais a rappelé le rôle de l’Etat français dans cette affaire. "La même politique simultanée et coordonnée avait abouti au décès d’Oihane Errazkin". Dans ce sens, Xabi Larralde évoque la présence de Nicolas Sarkozy au congrès du PP où le ministre de l’Intérieur a été pris en photo avec Mariano Rajoy et avec l’ancien ministre franquiste Manuel Fraga [lire ci-dessous]
Mobilisations
Askatasuna annoncera aujourd’hui les villes et villages où seront organisées les mobilisations jeudi. Par ailleurs, l’association a fait part des protestations qui se poursuivent dans les prisons pour dénoncer les deux morts. À la prison de Teruel, à l’occasion de la visite de la garde des sceaux, les prisonniers ont réclamé la fin de la dispersion et la liberté pour le Pays Basque [lire ci-contre].
"La politique de dispersion est nécessaire"
Mercedes Gallizo, directrice générale des Institutions Pénitentiaires, a plaidé pour la politique de dispersion appliquée contre les militants basques affirmant qu’elle "est nécessaire". Sur cette question "le gouvernement a une politique claire et définie ; pendant que les organisations terroristes continuent d’exister, nous avons l’obligation de protéger la société. Une façon de le faire est de maintenir une politique de dispersion des personnes privées de liberté". Une politique "que nous appliquons à tous les collectifs organisés, à l’ETA comme au terrorisme islamiste". Lors d’une visite à la prison de Teruel, la haute responsable des prisons espagnoles a souligné les "excellents services médicaux et le professionnalisme" des centres pénitentiaires. Elle ne s’est pas prononcée sur le fait que la dispersion est contraire à la loi qui préconise que les détenus doivent être incarcérés près de leur lieu d’origine.
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