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Le JPB > Culture 2005-10-01
Noticias Lejanas, rencontre avec Ricardo Benet
·Le festival de Biarritz accueille de jeunes européens

En exergue de son film, le réalisateur mexicain Ricardo Benet a installé cet aphorisme : "on ne peut pas changer le futurŠle passé, oui." Les jeunes ont vu le film le matin même et ont préparé les questions. Ricardo est venu sans son acteur, David Aron Estrada, les filles sont un peu déçues. D’abord timidement, mais sûrement, ils vont interroger le réalisateur qui repartira ravi au bout d’une heure d’échanges, d’une séance d’autographes et de quelques photos. Les Italiens parlent un peu français, anglais, comprennent l’espagnol, Ricardo se débrouille dans les quatre langues et tout le monde arrive à suivre. Cul par-dessus tête, le film se dévoile sous les assauts des questions.Et déjà, cette idée de futur qui devient possible dans le film Noticias Lejanas, avec la mort du père et la destruction de la maison par le feu : "je n’ai pas prémédité la mort du père dans le scénario" raconte Benet."Martin qui revient pour sauver sa mère et son petit frère de l’emprise paternelle, le frappait seulement, puis, je me suis rendu compte que l’histoire tournait mieux s’il mourrait accidentellement sous le coup de son fils et mon équipe a été d’accord pour effectuer le changement, tuer le père et brûler la maison, c’est se libérer avec une grosse gomme, rendre le futur possible."

Quelle est la signification de la scène ou la jeune fille qui recueille Martin, lacère ses seins avec une lame de rasoir ? : "On a toujours tendance à montrer les gens pauvres sans fantasmes sexuels comme si c’était un luxe accordé aux riches, cette fille vit à Mexico depuis trois ans, elle est plus complexe. Martin lui, vient de son hameau dans le désert et ne connaît rien de la vie." Et puis il y a cette scène encore où les habitants de K17 tuent les cygnes pour les manger. Images d’un pays de plus en plus sec et désolé, déserté par ses derniers habitants.S’agit-il d’un message écologique ?. "J’ai plutôt voulu montrer que tuer un animal quand on meurt de faim n’avait rien à voir avec la chasse. Je m’insurge contre le fait que tout le monde s’attendrit sur un chat perdu alors qu’on ne va pas faire un geste pour le clochard d’à côté" dit le réalisateur. La vérité sur le jeune propriétaire de l’hacienda ? : "Non, ce n’est pas lui qui a volé Martin pour l’empêcher de repartir, beaucoup le pensent, mais moi, je sais que non, par contre c’est un personnage flou, on peut croire qu’il a tué ses parents pour hériter de l’hacienda. Certes Martin lui plaît, il tente une approche sexuelle, en vain. J’aime bien ce genre de personnage en marge de la lumière et de l’action".

Que fait Martin dans ce passage entouré d’images et de statues pieuses ? : "Martin vient d’un endroit si pauvre qu’il n’y a pas de religion, mais je l’ai placé là, à son insu, baigné d’une lumière surnaturelle, comme une protection". Comme ces figures paternelles, le clochard magnifique du foyer des sans-abri et celui de l’Albinos, offertes à Martin pour qu’il puisse s’y identifier. Un personnage inspiré d’un souvenir d’enfance de Benet, dans le golfe du Mexique, "un personnage au réalisme magique surgi du désert, une sorte de savant fou."

Il est étrange que Martin, arrivant seul et sans le sou à Mexico pour chercher son père ne soit pas confronté à la violence, à la drogue, mais Ricardo Benet réfute cette image "véhiculée par les films américains". "Ce n’est pas une fatalité, le parcours de Martin, pauvre parmi les pauvres dans cette ville n’est pas idéalisé, il fait des rencontres, vend des bonbons dans le métro, finit par trouver un mécanicien qui l’embauche un peu, se replie vers le foyer quand il n’a plus rien, mais il ne croise pas la drogue".

Pas de clichés donc, y compris dans le format d’un film lent et long.Un format que défend Benet en refusant de "donner un film facile aux spectateurs". Pour la quinzaine des jeunes réalisateurs de Cannes, où le film était sélectionné, on lui a demandé d’en couper une demi-heure.Il a refusé, parce que, dit-il, "il faut laisser les choses se faire, prendre le temps. Le fast-food a fait des ravages, tout doit être rapide et pas seulement la façon de se nourrir".

Le film a été tourné en cinq semaines, monté en huit mois, en partie aux studios Churubusco de Mexico, avec pas mal de problèmes d’argent, d’enregistrement coûteux. À Biarritz, Ricardo Benet est heureux. Personne n’a vu l’heure passer, et même ceux qui étaient tièdes en sortant de la projection sont prêts à le défendre, rien ne remplace l’humain, on vous le dit.



L’Europe des cinéphiles en herbe
Ils sont quatorze, ils ont dix-sept ans, ils sont à Biarritz pour la durée du Festival, accompagnés de leurs profs. Les sept Italiens viennent de Verbania, près du lac Majeur, les sept Espagnols de Madrid. C’est la première année que le Festival de Biarritz accueille des élèves dans le cadre du projet Comenius 3. Parmi les différentes actions d’échanges des jeunes européens, initiés par Bruxelles, le projet Comenius concerne une mise en réseau des établissements scolaires de tous les pays autour d’un projet commun, celui-ci restant à définir par les acteurs eux-mêmes ; dans le cas qui nous intéresse, ce fut le cinéma. C’est à l’initiative d’une Cannoise cinéphile (ce qui n’est hélas pas un pléonasme !), bien connue à Biarritz, que ce projet a pris corps. Jusqu’en 2003, Paquerette Madre organisait avec les élèves et les professeurs du lycée Paul Bert à Bayonne, un stage de critiques de cinéma pendant la Cita. En 2004, le lycée dut faire des choix drastiques et rompre avec cette belle habitude. Le temps de se tourner vers l’Europe, de créer un maillage de profs intéressés dans la communauté, pour la France, c’est le lycée Cassin de Bayonne qui s’est porté volontaire, 2004 était passée. Nous assistons au début de l’opération. Cette année ils sont quatorze, seuls deux pays, l’Espagne et l’Italie sont représentés; l’an prochain, ils pourraient être plus nombreux si les lycéens des huit pays du réseau Comenius font le voyage à Biarritz. Au programme, tous les films de la compétition, des rencontres avec des réalisateurs et des acteurs, et du travail d’écriture et de réflexion, encadrés par leurs profs qui ne sont, bien sûr, pas là par hasard.

Jury des jeunes

Parmi eux, un espagnol et une Italienne rejoindront leurs collègues du jury, soit deux élèves de Cassin et un de Donostia. Pour eux pas d’écriture mais des points réguliers comme tout bon jury qui se respecte. Leur prix fera partie du palmarès, ce soir.

M. S.


 
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