Noël Mamère fera partie de la forte délégation des Verts qui sera présente aujourd’hui à Bidache. Yann Werhling, secrétaire du parti pour la France, les élus verts au conseil régional, les Verts du Pays Basque nord, du Béarn ainsi que les écologistes du Pays Basque sud seront dans le cortège cet après-midi.
Que reprochez-vous à ce projet ?
Je serais à la manifestation comme j’y étais en 2003, pour protester contre le projet de Transnavarraise dont la logique du "encore plus de camions" va défigurer des vallées qui sont à protéger. Cette logique est d’autant moins justifiée que nous sommes dans une crise pétrolière durable et ce n’est pas en s’engageant sur des projets de cette importance que l’on résoudra le problème surtout quand on sait que 85% des marchandises sont transportées par des camions. Continuer dans la logique du tout camion c’est suicidaire pour l’avenir de nos enfants et c’est suicidaire pour le Pays Basque.
Un tel axe ne contribuerait-il à développer des
régions isolées, sachant que le Pays Basque intérieur n’est pas aussi desservi
que les centres urbainsimportants ?
J’ai déjà entendu ce discours dans les années 70 lorsque je sillonnais le Pays Basque avec Jean Pitrau. On nous expliquait qu’il fallait élargir les routes de montagne pour désenclaver. Aujourd’hui ce sont les 4x4 qui y vont. Le désenclavement ne passe pas forcément par la route mais par d’autres méthodes. On n’a jamais vu que des camions pouvaient transformer un désert en oasis. Regarder ce qui se passe en vallée d’Aspe. Aujourd’hui les camions en descendent. Est-ce que cela a permis de maintenir des paysans ? Non. Est-ce que c’est un plus économique? Non. Au point que certains Aspois crèvent les pneus des camions espagnols tellement ils en ont assez.
Cela ne facilitera-t-il quand même pas l’installation d’entreprises dans une zone très rurale ?
Mais le problème n’est pas d’industrialiser cette zone, le problème est d’en faire ce qui est sa vocation, c’est-à-dire une vocation de haute qualité agricole.Ce n’est pas aujourd’hui qu’il faut se lamenter sur la désertification du Pays Basque, c’était avant qu’il aurait fallu prendre des dispositions avec une politique d’aménagement du territoire qui ne contribue pas à la situation qui est celle d’aujourd’hui.
Que proposent les Verts pour développer le Pays
Basque intérieur?
Mes amis verts du Pays Basque vous répondront mieux que moi. J’ai commencé à militer en Pays Basque. J’y ai vu comment l’élevage traditionnel s’est transformé en élevage industriel, les dégâts occasionnés par les sociétés comme Sanders et les autres fabricants d’aliments pour bétail. Pour éviter qu’une région soit désertifiée, il faut se battre contre la logique de l’agriculture industrielle et de la forestation industrielle, pour maintenir les paysans. Je ne crois pas que l’agriculture de moyenne montagne et de montagne soit particulièrement protégée aujourd’hui.
Par ailleurs, les Espagnols ont montré que l’on peut désenclaver des régions non pas par le camion mais par exemple par le train. Nous sommes dans une région avec une façade atlantique, entre le ferroutage et le merroutage, il y a beaucoup de solutions.
C’est aujourd’hui la quatrième manifestation. Les précédentes ont été plutôt massives, pour autant aucune réunion publique ou initiative en ce sens n’est prévue...
Cela prouve bien le déni démocratique. C’est la quatrième fois que nous organisons des manifestations qui rassemblent une masse importante de personnes et on ne les écoute toujours pas. Il y a un fossé entre la population et des castes d’ingénieurs d’Etat, notamment ceux de la DDE, et des politiciens qui ne tiennent aucun compte de ce que souhaitent les citoyens.
Pour autant, faut-il continuer à descendre dans la rue?
Bien évidemment puisque selon un vieux schéma, on ne perd que les combats que l’on ne mène pas.