La loi sur la rénovation de la démocratie sociale votée à l’Assemblée poussera-t-elle des cadres à s’expatrier pour trouver des conditions de travail plus favorables à l’étranger ?
C’est donc fait, le projet de loi sur la rénovation de la démocratie sociale a été adopté par l’Assemblée nationale.
Le volet temps de travail, ajouté unilatéralement au texte par le gouvernement, instaure, hors accord collectif, un "plafond" moyen de 235 jours annuels pouvant aller jusqu’à 282 jours, au lieu de 218 jours actuellement.
C’est une véritable régression sociale pour les cadres, car cette modification de la loi supprime tout simplement les RTT, ces jours de repos instaurés pour compenser le fait que les cadres dépassent les 35 heures sans compensation financière. Pire, ces derniers devront même travailler les jours fériés pour atteindre le plafond de 235 jours.
De plus, ces 17 jours de travail supplémentaire seraient payés 10 % en plus, ce qui est tout simplement ridicule. Pour un salaire d’environ 2 500 euros net par mois, ces 10 % représentent tout au plus 250 euros en plus sur l’année.
250 euros pour 17 jours travaillés ! (car n’oublions pas que les RTT et les jours fériés étaient eux aussi payés).
Quant au plafond maximum de 282 jours, cela reviendrait pour le cadre à travailler 6 jours sur 7 toute l’année et de ne plus avoir que ses 25 jours de congés payés. Autant dire que nous sommes revenus au droit social d’avant 1936 !
Et la loi sur le pouvoir d’achat du 8 février 2008 concernant le rachat des RTT n’est déjà plus d’actualité vu que ces derniers sont condamnés à disparaître.
La solution pour les cadres ?
On peut penser que pour s’opposer à ces dérives graves, les cadres devraient s’organiser en syndicats sur le lieu de travail et ainsi peser sur les négociations d’entreprises.
Mais au vu du très faible taux de syndicalisation des cadres (moins de 5 %), l’autre solution sera bien évidemment de s’expatrier.
Les cadres en France bénéficient de salaires inférieurs à leurs voisins suisses, anglais, luxembourgeois. Mais, en contrepartie, ils disposent de plus de jours de repos dans l’année.
Si cet avantage social venait à disparaître, il n’y aurait plus aucune raison pour un cadre de rester travailler en France.
Les jeunes diplômés, par exemple, qui n’ont pas encore fondé de famille en France, n’hésiteront pas à aller voir ailleurs tant les conditions sociales ne sont plus favorables en France.
Espérons que le Sénat mette quelques verrous à cette loi avant l’adoption définitive.