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Etienne CENDRIER / Animateur de l´association "Robin des Toits"
Antennes-relais : inquiétudes des riverains et des parents d´élèves
·A St-Pierre-d’Irube, St-Jean-de-Luz et Ciboure, parents et riverains s’inquiètent des effets des antennes relais
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Etienne Cendrier est l’un des animateurs de l’association Robin des Toits qui fédère les luttes autour de la téléphonie et des antennes relais. A la veille de la publication de son nouveau livre Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire? aux Editions du Rocher, et alors qu’à St Pierre-d’Irube, à Saint-Jean-de-Luz et à Ciboure, les riverains sont inquiets face à la multiplication des antennes relais, Etienne Cendrier fait le point des connaissances actuelles sur cette technologie.
Quel est le travail de Robin des Toits?
L’objet principal de notre regroupement est la sécurité sanitaire des technologies de communication sans fil. Cela concerne aussi bien la téléphonie mobile, que l’UTMS, le Wifi, le Wimax ou le Blue tooth.
Quelles sont les normes en ce domaine?
Il y a trois fréquences utilisées par la, téléphonie mobile : les seuils d’exposition sont respectivement de 41, 58, 61 Volts par mètre alors que nous prônons un seuil à 0, 6 Volt/m. Ces normes, fixées par un décret de 2002, ne s’appliquent qu’aux effets dits thermiques. En clair, on n’est protégé que par la cuisson. Les scientifiques officiels, en lien avec les industriels qui les ont mis en place, ont été dénoncés par les eurodéputés comme une émanation des industriels du secteur. Pour faire un parallèle avec la sécurité routière, c’est un peu comme si l’on demandait aux gens de ne pas rouler à plus de 600km/h sur l’autoroute.
Que disent les études scientifiques?
Le dernier rapport sorti, et il est ahurissant que les pouvoirs publics n’en tiennent pas compte, c’est le rapport Bio Initiative Working, publié le 31août dernier. C’est une méta analyse, réalisée par des scientifiques indépendants, qui répertorie plus de 1500 études sur ce sujet. Pour la première fois, les scientifiques parlent de preuve. On sait maintenant que dans les conditions techniques actuelles, la téléphonie mobile est dangereuse pour la santé. Les plus gros assureurs mondiaux n’assurent plus en responsabilité civile les compagnies de téléphonie mobile pour tous les risques pour la santé liés aux technologies de téléphonie mobile. Ils s’appliquent à eux-mêmes le principe de précaution.On n’est pas contre la technologie en soi. Nous aussi, nous demandons l’application du principe de précaution. Le seuil de 0,6 V/m, proposé par les scientifiques indépendants est parfaitement compatible avec un service de qualité. C’est le cas à Valence, et cela marche très bien. Sur le Wifi et d’autres technologies, on demande à ce que le seuil d’exposition global ne dépasse pas 1Volt par mètre.
Alors pourquoi les opérateurs n’appliquent-ils pas cette norme?
Dans les grandes villes, il n’y aurait pas de souci, il y a suffisamment d’antennes. Mais en zones rurales, il faudrait installer plus d’antennes, ce qui réduirait les bénéfices des opérateurs.
Quelle est la position du Ministère de la santé?
C’est un peu le même discours, que pendant Tchernobyl ou l’amiante. Roselyne Bachelot dit "ne donnez pas de portables à vos enfants, on n’a aucune preuve mais faites gaffe". Puis elle dit "en tant que mère je suis inquiète, en tant que ministre je suis prudente". Cela veut dire que les pouvoirs publics font de l’information parapluie. On ne pourra pas leur reprocher de ne l’avoir pas dit, mais ils ne mettent en place aucune politique de prévention du risque.
Comment le citoyen lambda peut-il mesurer ces expositions?
Il y a un bureau de contrôle, c’est le CRIREM (Centre de recherche et d’information sur les rayonnements et les émissions magnétiques), un descendant de la CRIRAD (mesures de contrôle sur le nucléaire). Ce sont à la fois des scientifiques et des experts. La solution idéale serait d’avoir des sondes de mesure en continue, qui pourraient être actionnés par les pouvoirs publics, par exemple en concertation avec les associations.
Obtenez-vous des victoires?
A partir du moment où il y a mobilisation, où les riverains maintiennent la veille sanitaire on gagne tout le temps.
Que conseillez au citoyen ayant des doutes?
Malheureusement, pour l’instant, ils sont obligés de s’appuyer sur des associations, ce qui est anormal. Globalement, les pouvoirs publics arrangent l’industrie et ne se soucient guère de la santé publique. On assiste déjà les riverains d’Acotz. Tous ces gens doivent demander des débats publics en mairie qui réunissent opérateurs et publics.
Est-ce une nécessité légale?
Il s’agit uniquement d’un code de bonne conduite adopté par les opérateurs, que souvent, ils ne respectent pas. Il faut que cela commence à chauffer pour que la concertation ait lieu. Ces débats permettent aux gens de se faire une opinion par eux-mêmes. En général, après les débats, les personnes présentes disent "ok pour les antennes, mais avec des conditions". La principale étant que les gens les plus proches ne soient pas exposés au-delà d’un certain niveau, que les scientifiques ont fixé à 0,6 V/m.
Quelles sont les mesures que vous proposez?
Au Grenelle de l’Environnement, on avait avancé des mesures allant dans le sens d’une proposition de loi faite par Nathalie Kussisco-Morizet: un seuil de précaution sanitaire de 1 volt par mètre dans toutes les technologies sans fil. On demandait aussi que l’on tienne compte, à l’heure de la mondialisation, des avancées de la recherche. Il est dommage que les études scientifiques, comme le nuage de Tchernobyl, s’arrêtent aux frontières. Enfin, on veut que soient écartés des instituts du type Fondation santé Radio fréquences, financée à moitié par l’Etat, à moitié par les industriels qui siègent au Conseil d’administration et contrôlent toute la recherche sur ces sujets et ont instauré une magnifique pompe à finances publiques et privées. Pour l’instant, c’est tout le contraire qui est suivi par le Comité opérationnel dont dépend la téléphonie mobile.
St-Pierre-d’Irube: les parents inquiets des antennes jouxtant l’ikastola
Après les riverains d’Acotz et ceux de Ciboure, ce sont les parents d’élèves de l’ikastola de St-Pierre-d’Irube qui s’inquiètent vivement des risques éventuels posés par deux antennes relais de téléphonie mobile jouxtant l’ikastola. L’une des antennes de St-Pierre d’Irube est située à 82 m de l’ikastola, l’autre à 52 m et les deux sont exploitées par les opérateurs Orange et SFR. Les parents expriment leurs craintes et inquiétudes sur les risques sanitaires posés par ce type d’installations. Comme les riverains d’Acotz, leurs inquiétudes sont fondées sur plusieurs travaux et expertises ayant apporté la preuve de la toxicité de ces antennes. Les parents citent eux aussi, entre autres études, le Rapport Santini, l’appel de Fribourg ou l’étude de Bio Initiatives Working (voir ci-contre). Ils viennent d’envoyer un courrier à l’Observatoire national de la sécurité des établissements scolaires, organisme qui demande à ce que ces antennes soient au minimum à plus de 100 mètres des établissements. Les parents sont pour l’instant dans une phase d’alerte de l’opinion et des pouvoirs publics, d’autres actions pourraient suivre.
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