C omme chaque année à pareille époque, une atmosphère particulière remplit nos rues et nos c¦urs : c’est le décor du Noël marchand ; mais ses paillettes et ses animations bruyantes et dépensières rejoignent-elles l’évangile de Noël ?
Car il y a une bonne nouvelle du Noël chrétien ; nouvelle stupéfiante pour la raison humaine, déconcertante pour ceux qui se font leur idée de Dieu, mais joyeuse pour les chercheurs de Dieu : bien des millénaires après l’apparition des premiers hommes, arrive silencieusement dans un foyer de Nazareth un enfant appelé par Saint Paul le "premier-né de toute créature, le premier-né d’entre les morts" (Col 1, 15.18). Merveille longuement mûrie par Dieu, pressentie par Abraham le père de la Foi et des croyants d’Israël, cette nouvelle imprévisible est annoncée d’abord à des exclus, à des bergers en état de veille : "je vous annonce une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, le Messie, le Seigneur, emmailloté et couché dans une mangeoire."
Oui, affirme la Révélation chrétienne, notre monde tel qu’il est, avec ses performances et ses cruautés, ses beautés et ses douleurs, a un Sauveur, si du moins nous voulons y croire et l’accueillir. "Au commencement était le VerbeŠ En Lui était la vie et la vie était la lumière des hommes et les siens ne l’ont pas reçue", témoigne Saint Jean.
Comment cette Bonne Nouvelle est-elle entendue et reçue ?
Beaucoup l’ignorent et beaucoup la vivent avec joie et reconnaissance.
D’autres la refusent ; voyant l’humanité si médiocre, "marchant à reculons comme une écrevisse", ils rejettent l’idée d’un Dieu créateur d’une telle espèce et prônent une mystique sans Dieu .
D’autres ne supportent pas de voir en Jésus, Dieu le Fils en personne ; certains l’admettent, mais ne voient en l’Église son corps mystique qu’une institution comme une autre ; d’autres encore se disent d’Église sans croire en la présence réelle du Christ ni en l’action de son Esprit Saint, ni bien sûr, à ses exigences de conversion.
Quoi qu’il en soit, notre société ne se sent pas très heureuse ; son visage porte les rides de l’inquiétude et de revendications de toutes sortes ; elle n’est pas bien dans sa peau : il y a des gens qui, en elle, vivent dans l’opulence ; beaucoup d’autres, sous le seuil de la pauvreté ; travailleurs précaires, exclus et sans-abri se multiplient, alors que passe un flot ininterrompu de migrants avec ou sans papiers ; leur présence exige une réflexion et une volonté politiques des États et des nations concernés par leur douloureuse existence.
Sur le terrain scientifique, certaines recherches de laboratoire traitent l’embryon humain le plus faible des plus faibles comme un objet manipulable à leur gré et un médicament utile au bien commun, alors qu’il est déjà personne en devenir ; est-il permis de nous entre-tuer ? Non, jamais.
C’est à ce monde-là que je souhaite la Bonne Nouvelle de Noël, celle de la naissance du Sauveur.
Aux chrétiens de Noël, je demande de se défaire de tout égoïsme ou indifférence pour soutenir les gens délaissés rencontrés sur leur route, gens âgés, malades, prisonniers, gens du voyage, chômeurs, etc. tout le cortège bien réel des souffrants. A tous et à chacun vont mes souhaits de courage et de goût de vivre ; aux plus inquiets, la rencontre de vrais porteurs d’espérance.
Le Noël chrétien témoigne que Jésus, Fils de Dieu fait homme, a bousculé l’Histoire par sa seule venue ; Il confère à tout être humain sa dignité, donne sens ultime à sa vie, fonde son espérance : "par Lui, chante la préface de Noël, un monde nouveau prend naissance".
Fin octobre, il y eut à Lourdes un Forum des Catholiques de France avec pour thème : "ensemble, servir la Parole de Dieu". Je souhaite que ce thème devienne réalité et inspire de nombreuses initiatives dans les familles, les écoles, les aumôneries, les paroisses, services, mouvements et communautés du diocèse.
Aux enfants et jeunes, je lance un vigoureux appel : "sachez répondre généreusement aux appels du Seigneur, sachez consacrer du temps à la prière et à votre formation chrétienne ; n’oubliez pas que cette année est celle du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, à une toute jeune fille illettrée, Bernadette ; c’est aussi l’année des JMJ pour les aînés ; soyez heureux d’être disciples de Jésus".
Oui, c’est Noël, la fête de Noël, la fête chrétienne de la joie devant un tout petit, venu manifester en sa personne la présence visible de Dieu et sa tendresse inimaginable pour nous !
A tous, heureuse et sainte fête !