Merveilleux Lucio.Braqueur, faussaire, escroc, à l’orée de sa vie, Lucio Urtubia crève l’écran.Un caractère massif, taillé dans un seul bloc, qui lui fait presque regretter le temps de Franco, quand, réfugié à Paris, il organisait la résistance.Un parcours rectiligne présenté dans la section Zabaltegi de Zinemaldia à travers un documentaire inventif, parfois plein d’humour, dont on regrettera simplement la construction trop chronologique.Images d’archives, mises en scène, complètent agréablement la parole de ce Navarrais qui a traversé le XXe siècle et ses remous presque indemne.Pas un soixante-huitard qui s’encravate après la récré.Un gars de 36 qui a gardé son fusil et le cap rectiligne d’une balle de fusil."Pourquoi j’avais des armes ? pour les jeter dans la Seine !" s’énerve-t-il face aux questions des réalisateurs de Lucio.Braqueur, faussaire, escroc, tout le monde l’aime bien Lucio, parce qu’il ne s’est jamais enrichi, ce qui rendait d’ailleurs son arrestation difficile.Comment croire que ce maçon travailleur était à la tête d’un réseau de faussaires.Lui ne s’est jamais enrichi.Cet anarchiste voulait ruiner les gouvernements, voler les banques et les banquiers qui, rappelle-t-il, "sont tous des voleurs" et financer les mouvements de libération, en Amérique Latine, en Allemagne, en Corse, au Pays Basque et en Bretagne.Son plus grand fait d’arme, c’est d’avoir pu imiter à la perfection les chèques de voyage de la Citizen bank, réputés infalsifiables.Arrêté, il ne sera pas condamné.La banque américaine préférera abandonner toute poursuite contre la restitution des plaquettes qui servaient à la fabrication des faux traveller’s cheques.Un arrangement à l’amiable, malgré un préjudice estimé à 15 millions.Mais Lucio n’acceptera qu’à condition d’être payé.Pas pour lui.Pour la cause.L’anarchisme est un humanisme.