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Le JPB > L'opinion > Tribune Libre 2007-09-26
Antton BASURCO / Journaliste
L´oligarchie

Déjà les premiers indices étaient apparus lors du référendum sur l’Europe. Face au "Non" exprimé démocratiquement par le simple peuple, la réaction violente en paroles de certains politiciens-technocrates, de gauche comme de droite, en avait surpris plus d’un. Il est vrai que pour des élus choisis par le bas peuple, le manque de respect affiché pour une décision issue du peuple, laissait présager du carcan idéologique dans lequel l’élite politique comme économique s’est enfermée depuis belle lurette. Il n’y a que ceux qui sont aveuglés par les valeurs pseudo-démocratiques qui pouvaient en être choqués. Depuis l'élection de l'ultra-libéral Sarkozy les choses sont beaucoup plus claires. Il est des fois où l'accès au pouvoir par des extrémistes a du bon. Comment peut-on être choqué par le fait que des membres du parti socialiste rejoignent le gouvernement ou les comités fantômes du grand président. On pourrait l'être, sauf si l'on considère que ces gens ne font qu'officialiser ou rendre un peu plus clair un système qui existe en fait depuis des années ; un système où politiques, mass media et marchands de canons se partagent les rôles, mais encaissent tous les mêmes bénéfices. Les mêmes qui font des leçons de morale sur la violence, vivent ou s'acoquinent avec ceux qui vendent des armes dans le monde entier... Ah oui, mais il s'agit de ventes d'armes démocratiques qui vous donnent une mort tout ce qu'il y a de plus démocratique, une mort politiquement correcte, alors tout va bien...

Désolé pour les bien-pensants et simples naïfs : vous rêviez de démocratie, vous vous réveillez en oligarchie ! Certes le mot peut, pourra, paraître violent à certains, mais en y réfléchissant un peu plus, il faut bien ouvrir les yeux, arrêter de croire au père Noël ou à Olentzero, et regarder la réalité en face. Pour certains cela pourra paraître difficile. Il faut dire que bercé par la voix des sirènes démocrates, le système de nos élites qui apparaît au grand jour, risque de leur faire prendre conscience de la futilité de leur rôle.

Surtout que la méthode Sarkozy ne fait pas dans le détail. Derrière les images démagos, se cachent en fait le dédain du peuple et des "moyens" qu'affichent en privé les chantres du libéralisme. Avec Sarko quelque part tant mieux, ce dédain et ce mépris ne font que s'afficher en public. Que certains se lamentent cela les regarde, chacun reste attaché au passé qu'il veut. Mais d'un autre côté c'est pas plus mal, et ce n'est que le début. Quand on voit aux USA ce que cela a donné pour la première élection de Bush (non-respect des votes de la communauté black, voix électroniques pas au-dessus de tout soupçon...) ; on peut aussi imaginer qu'une nouvelle version d'un vote censitaire est dans l'air. Et puis dans le fond un droit de vote pour quoi faire ? Pour élire des élites qui avant se partageaient le pouvoir en camps, et qui maintenant n'ont plus de scrupules à laisser leur petite différence idéologique de côté (mais au fait, en ont-ils déjà eu au moins des différences ?) pour défendre publiquement leur porte-monnaie. Des élites à qui on dit "non" et qui nous disent sans vergogne, que vu que c'est comme ça, alors ils feront leur petit traité économique européen entre eux, et nous peuple à la con qui ne comprend rien, et bien on fera avec ce qu'ils nous donnent. Dans le style mépris c'est pas mal, faut l'avouer. Et ils pourront envoyer leurs armadas de journalistes et bouffons de service nous expliquer que c'est pour notre bien, l'impression que le droit de vote reste un droit futile est bien là, surtout quand il s'agit des intérêts économiques nationaux et supranationaux. Et dire qu'il y en a encore qui pensent que ces mêmes gens respecteront un jour la décision démocratique du peuple basque, si on nous en donne les moyens bien sûr. Mais bon, chacun reste libre d'être croyant ou non.

Autre exemple de mépris, la crise financière qui a éclaté ce mois d'août 2007. Les mêmes qui nous disent depuis des années qu'il faut libéraliser tous les marchés, que le marché se régule tout seul, et blablabla et blablabla...et bien certains de leurs petits élèves ont joué avec le feu, dans ce marché si merveilleux, et ils ont perdu des millions de millions de dollars ou d'euros, envoyant des gens à la rue qui s'étaient déjà endettés pour leur maison, en ruinant d'autres (et là je fais simple, sur cette crise et la pourriture libérale qu'elle recèle, il y a de quoi alimenter une lettre entière). Bref, cela pourrait sembler anodin, mais l'autre fait, c'est que ce sont les banques centrales du monde entier qui ont payé des sommes phénoménales pour contenir le désastre. En clair ces mêmes libéraux qui prônent la liberté du commerce, sont venus pleurer auprès des Etats pour qu'ils payent leur connerie, donc nous avons tous payé pour les conneries d'une élite. Et tout ça, car ils veulent tous maintenir un système qui n'en est pas à ses premiers ratages, et qui n'a jamais assuré ne serait-ce que l'ébauche d'un système égalitaire. Suis-je bête, de par définition le capitalisme est inégalitaire. Mais les élites s'en foutent dans le fond, sinon ils ne seraient pas l'élite, voyons ! Et avec la crise, on n'a pas fini de rigoler, car les économistes les plus sérieux, prévoient des répercussions graves sur les années à venir. Mais bon, n'ayons l'air de rien...

Faut dire qu'avec le bourrage de crâne libéral qui est en marche depuis la fin de la guerre froide, faut s'étonner de rien. Désidéologisation, sacralisation de la compétition et de l'effort physique,donc de l'effort au travail... suivez mon regard ; mise en avant de l'épanouissement individuel au détriment du collectif (comme si l'histoire ne nous avait pas depuis longtemps démontré que l'un ne va pas sans l'autre), consommation à l'excès... Pas de cours, il y a un moment ou la connerie humaine devient exaspérante. Y'a même des gens qui vous débitent des discours et une morale de droite et après, vous disent qu'ils votent à gauche, laissez-moi rire... Orwell avait visé bas dans son monde futuriste, par contre il avait vu juste sur une chose, les esclaves seront bien heureux, et leur ambition de s'affranchir ne reflétera même pas leur désir de se libérer, juste le désir de ressembler enfin à leur maître. Juste une petite société de bons citoyens à l'ambition plagiée. Et tout cela au nom du pragmatisme et du réalisme. Si l'Histoire avait été faite de pragmatisme et de réalisme, et bien il y a des chances que le droit de vote, la liberté, les droits sociaux... et bien d'autres héritages, ne feraient pas partie de notre quotidien...

Mais soyons dans l'air du temps: soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien.


 
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