Sare et St-Pée-sur-Nivelle, premières à s'afficher "anti-OGM"
·Plus de 350 personnes ont participé à la journée organisée par les opposants aux cultures OGM samedi à Came
"Ça n’apporte rien et ça me fait peur". Les cultures génétiquement modifiées, Jean Aniotzbehere n’en veut pas. Samedi, le maire de Sare s’est rendu à Came où le collectif Alerte OGM organisait une grande journée d’information. Il est ainsi devenu le premier maire à acheter un panneau "Ici pas de culture OGM/ Hemen JAO landarerik ez", qui sera installé "dès qu’on peut" à l’entrée de son village. Un peu plus tard, c’était au tour de la mairie de Saint-Pée-sur-Nivelle d’acquérir trois panneaux de ce nouveau label, par le biais de Michel Lahetjuzan, agriculteur et premier adjoint au maire."Aujourd’hui, personne ne connaît les conséquences des cultures OGM. C’est une mesure de productivité et rien qu’à ce titre, je m’en méfie", explique Jean Aniotzbehere. Il a rappelé que sa municipalité avait pris une délibération contre la présence d’OGM sur sa commune en 2002. Une volonté transformée en motion après le refus du préfet de l’enregistrer comme délibération. "Nous ne savons pas tout des OGM. Il y a plusieurs versions. Tout le monde semble toutefois s’accorder à dire qu’avec des OGM, on ne peut pas faire d’agriculture biologique à côté. Rien que ça, c’est suffisant pour les refuser", estime le maire de Sare. Le collectif Alerte OGM a engagé samedi une campagne destinée à sensibiliser le maximum de mairies. Il veut les inciter à acheter le panneau indicatif à installer à l’entrée de chaque village refusant les OGM. En 2002, le syndicat ELB avait déjà initié une telle campagne en demandant aux maires de prendre des arrêtés contre les cultures d’OGM en plein champ et contre l’achat et l’utilisation d’aliments OGM dans les cantines municipales. Si une partie des municipalités avait été attaquée par le préfet, au total c’est une quarantaine de communes ainsi que la Communauté des communes de Soule (35 villages) qui s’étaient prononcées contre les OGM. A voir si les candidats à l’achat du panneau, qui ne risquent pas cette fois d’être attaqués par le préfet, seront aussi nombreux. La journée de samedi a également été l’occasion d’un riche débat avec, entre autres la présence de Maurice Coudoin, apiculteur lot-et-garonnais récemment débouté par la justice après sa demande de destruction de parcelles OGM voisines ayant contaminé ses ruches (lire ci-dessous), ainsi que d’un maire béarnais témoignant de l’impuissance des élus face au développement des cultures transgéniques sur leur territoire. Les démonstrations de l’utilisation des kits de détection anti-OGM ont aussi recueilli un vif succès, les organisateurs ayant rapidement vendu les 70 kits qu’ils possédaient. "Face au manque d’information, les gens veulent des kits pour identifier où se trouvent les parcelles OGM", a expliqué Maite Goienetxe, du collectif.
Mobilisations anti-OGM dans toute la France
Des centaines de militants anti-OGM, dont le leader altermondialiste José Bové, ont manifesté ce week-end et procédé à des arrachages symboliques pour obtenir un moratoire sur la culture en plein champ des organismes génétiquement modifiés. A Murviel-les-Béziers (Hérault), à Ouzouer-sous-Bellegarde (Loiret), à Marçay, au sud de Chinon (Indre-et-Loire), à Paillet près de Bordeaux (Gironde), à Avignon (Vaucluse), à Charcé-Saint-Ellier-sur-Aubance (Maine-et-Loire), les actions d’arrachage de pieds de maïs OGM, de pique-nique ou de rassemblements se sont multipliées.
Suicide d’un agriculteur
"Tant qu'il n'y aura pas de moratoire sur les cultures OGM, nous poursuivrons ce genre d'actions", a déclaré José Bové, qui participait à l’action de Murviel-les-Béziers. Il a souligné que des voisins de la France comme l'Allemagne avaient, eux, adopté un moratoire.La journée de dimanche a été endeuillée après l'annonce du suicide d'un éleveur-agriculteur du Lot qui avait semé du maïs transgénique. Agé de 46 ans et père de quatre enfants, le paysan s'est pendu à un arbre dans son champ de Girac, où des manifestants avaient prévu d'organiser dimanche un pique-nique anti-OGM. Le parquet de Cahors a ouvert une enquête afin de rechercher les causes de la mort, même si le suicide ne fait pas de doute, précise une source judiciaire, soulignant cependant "la difficulté de faire le lien entre une manifestation qui s'annonçait pacifique et ce geste". Une nouvelle journée d'action est prévue les 25 et 26 août, sans doute en Midi-Pyrénées, qui concentre 15000 des 20000 Ha de maïs OGMcultivés en France.
"Il n’y a pas de cohabitation possible"
Maurice COUDOIN / apiculteur
en Lot-et-Garonne
Le 12 juillet, Maurice Coudoin, apiculteur en
Lot-et-Garonne, était débouté par la Cour d’Appel d’Agen de sa demande de
destruction du maïs transgénique d’un agriculteur voisin de ses ruches. La Cour
souligne dans son arrêt que l’apiculteur, présent à Came samedi, pouvait
"s’abstenir" pendant "la période critique de la pollinisation" de déposer ses
ruches itinérantes "à proximité de ces parcelles parfaitement identifiées".
Vous attendiez-vous à cette
décision?
Nous ne nous attendions pas à une décision miraculeuse.
C’était un référé donc une décision dans l’urgence. Toutefois on se pose la
question de l’indépendance de la justice, le tribunal ayant attendu plus de cinq
semaines soit l’après élection présidentielle pour trancher. Le juge dit qu’il
nous appartient d’éloigner les ruches. C’est bien beau mais pour aller où ? Seul
le nom des cantons où il y a des OGM est connu. Il est donc très facile de
partir d’une parcelle pour en gagner une autre où il y en aurait encore plus...
Quelles sont les conséquences
directes de la proximité d’OGM pour vous ?
Si les OGM se généralisent, cela détruit l’image de
marque de nos produits. On voit mal les consommateurs acheter du miel contaminé
aux OGM. Si on est interdit de certaines zones, il y a atteinte à notre droit de
travailler. Or l’apiculture existait avant les OGM. Enfin, le maïs OGM n’est pas
résistant mais toxique. Personne n’a évalué les conséquences du maïs Bt (qui
détruit les larves de la pyrale) sur les larves d’abeille.
Faut-il en venir à créer des zones
pour les cultures OGM et d’autres pour l’agriculture bio, l’apiculture ..?
C’est la solution des pouvoirs publics et de l’industrie
semencière. Cela veut dire que l’on va vers la réduction comme peau de chagrin
de notre territoire. Pour nous, il n’y a pas de cohabitation possible. De telles
cultures portent atteinte à l’ordre public. On le voit après le suicide d’un
agriculteur dans le Lot [lire aussi ci-contre]. Certes la pression des
anti-OGMest peut-être très forte. Mais souvent, il y a aussi des tensions dans
les familles. Cela démontre que ce n’est pas si simple. Enfin, on voit par
exemple qu’il y a beaucoup de parcelles OGM dans les alentours de
Salies-de-Béarn et Bidache, soit tout près de l’usine Monsanto de Peyrehorade.
De là à dire qu’il y a une grande pression sur les salariés et que Monsanto veut
provoquer une contamination généralisée pour mettre les gens devant le fait
accompli, il n’y a qu’un pas.
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