L’UCI et le Tour de France condamnés à s’entendre
·Le ministère français des Sports a rappelé à Patrice Clerc et Christian Prudhomme que l’UCI était un "acteur incontournable" dans son sport
L’Union cycliste internationale (UCI) et le Tour de France sont condamnés à travailler ensemble pour 2008 malgré la profondeur abyssale de leur différend qui, au-delà du ProTour, porte maintenant sur la lutte antidopage. Le cessez-le-feu a été prononcé par le ministère français des Sports qui a rappelé aux organisateurs de la Grande Boucle, Patrice Clerc et Christian Prudhomme, que l’UCI était un "acteur incontournable" dans son sport.
Dès le lendemain, le président de l’UCI a cependant jeté de nouveau de l’huile sur le feu en répliquant aux attaques reçues pendant le Tour. Dans un très long communiqué, Pat McQuaid, surnommé "McVerbruggen" par Patrice Clerc afin de souligner l’omniprésence en coulisses de son prédécesseur (Hein Verbruggen), a riposté sur les différentes affaires d’un Tour qu’il a vu par la petite porte. Pour obtenir un laissez-passer, il a dû recourir à l’invitation d’une... chaîne de télévision. Dans son argumentaire, l’UCI a souligné -à raison- qu’on ne peut lui faire le reproche de traquer et de coincer les tricheurs. Le système antidopage renforcé cette année fonctionne, dit-elle en substance, et l’on devrait s’en féliciter.
La fédération internationale s’est défendue également sur le cas du coureur allemand Patrik Sinkewitz en soulignant que, si la lenteur de l’analyse peut surprendre (plus d’un mois pour connaître le résultat !), le contrôle était du ressort de l’agence antidopage allemande. En revanche, Pat McQuaid a campé sur son refus d’admettre l’évidence d’une faute de ses services concernant l’ex-maillot jaune, le Danois Michael Rasmussen.
Moser radical
L’UCI l’a reconnu, elle n’a pas appliqué strictement son règlement qui aurait dû provoquer l’éviction du coureur avant la course. Rasmussen, soupçonné par la presse internationale pour ses performances exceptionnelles et ses non moins étonnantes facultés de récupération, n’aurait pas eu alors à s’empêtrer dans ses omissions ou mensonges. Amenée à bafouer son propre règlement et à lui préférer un autre article, l’UCI a mérité de la part du ministère français un commentaire a minima : "la législation, opaque, doit être clarifiée". "On ne peut pas faire appel à un article (du règlement) quand ça vous arrange", a relevé Roselyne Bachelot, la ministre française des Sports, qui s’est abstenue d’accabler davantage la fédération internationale. A travers ce cas, l’UCI est -curieusement- apparue sur la défensive, tendant à renouer avec la prudence juridique qui fut la marque de fabrique des années Verbruggen. A l’opposé du programme volontariste dévoilé en mars dernier -100% contre le dopage- et du comportement offensif de Pat McQuaid, décidé à lutter quels que soient les dommages collatéraux et la renommée des dopés. Le cyclisme, confronté à la célèbre formule "adapt or die" (s’adapter ou mourir), constate en même temps le changement de mentalités dans l’opinion, de moins en moins encline à supporter les tricheurs, dans les médias, mais aussi dans le peloton des coureurs actuels et passés. A lui seul, Francesco Moser, l’ancien champion italien devenu le président de l’association des coureurs (CPA), illustre cette révolution. Dans la Gazzetta dello Sport, il a prôné hier "l’exclusion immédiate et définitive dès le premier contrôle positif". A période exceptionnelle, a-t-il souligné, mesures d’exception.
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