Des salariés qui mettent dehors leur patron, cela vous a des airs de dictature du prolétariat. C’est en tout cas statutairement possible dans des sociétés coopératives. C’est la mésaventure qu’a connue Aitor Arandia voici deux semaines lors de l’assemblée générale de la Scop Comedia production, société qu’il a créée voici 14 ans et dont la filiale Euskal Media assure notamment "Iparraldearen orena", le journal d’information du Pays Basque nord pour Euskal Telebista.
Aitor Arandia s’est de nouveau porté candidat à sa propre succession comme gérant de la société, mais les associés et salariés-actionnaires ne l’ont pas entendu de cette oreille. Sa gestion a été mise en cause. En particulier un placement en bourse de dizaines de milliers d’euros qui sont partis en fumée.
Selon le fondateur de Comedia, le désaccord a porté sur "la gestion et sur la stratégie de l’entreprise". "Dans toute société il y a une gestion de trésorerie classique, avec des investissements qui sont rentables, d’autres moins" explique celui qui demeure salarié et actionnaire de Comedia. Quant à la réalisation de placements hasardeux, Aitor Arandia indique qu’il n’y a "aucun souci de trésorerie". Il en veut pour preuve les comptes des deux sociétés, Comedia et Euskal Media, qui vont être déposés sous peu, et "chacun pourra vérifier qu’il n’y a pas péril en la demeure et que leur situation est correcte". A. Arandia, par ailleurs conseiller du PNB au sein de la majorité municipale de Jean Grenet depuis 2001 et président de l’Office du tourisme de Bayonne, soupçonne que la critique de la gestion des entreprises, "montée en épingle", ne masque des désaccords plus profonds.
No comment des associés
Du côté des associés de la Scop de production audiovisuelle, pour l’instant c’est no comment. La société connaît un certain flottement puisqu’aucun gérant de Comedia n’a été à ce jour désigné. Du côté des salariés une inquiétude diffuse prédomine en raison des salaires de juillet qui n’ont pas encore été versés.
EITB, groupe audiovisuel public de la Communauté autonome basque qui comprend notamment les chaînes ETB1 et ETB2, ainsi que les radios Euskadi Irratia et Radio Euskadi, est le principal client de la société. Bingen Zupiria, directeur d’Euskal Telebista, indique être informé "des hauts et des bas" de leur fournisseur, en particulier via les salariés. Il ajoute qu’ETB n’a rien de particulier à dire sur la gestion interne d’une entreprise autre que la sienne.
La société Comedia a été créée en 1993 avec deux salariés. En 2001, elle monte une agence de presse, la SARL Euskal Media, comme filiale à 100%. Aujourd’hui, les deux entreprises comptent une douzaine d’emplois, dont cinq journalistes permanents. Elle est en contrat avec EITB jusqu’à la fin du mois de décembre.