Les voyants sont au vert pour les entreprises du Pays Basque
·Malgré ces résultats, les responsables de la CCI se posent la question de l’attractivité du Pays Basque pour l’avenir
La Chambre de Commerce et d’Industrie de Bayonne Pays Basque, CCI, a réuni la presse hier dans ses locaux pour communiquer l’état de la conjoncture économique. Lors de ce rendez-vous, qui "sera désormais bi-annuel pour voir l’évolution", comme l’a annoncé Jean-Marie Berckmans, président de la CCI, "un bulletin de conjoncture" sera édité qui donnera "une image synthétique" de la situation économique du Pays Basque nord. Pour la récolte des données nécessaires, la CCI et son service études ont travaillé avec de nombreux partenaires parmi lesquels la Chambre des Métiers et l’URSSAF, dont les principaux dirigeants étaient présents hier. M. Berckmans a résumé la situation en notant que "les principaux indicateurs témoignent de la bonne santé de l’économie du territoire". S’il est vrai qu’au niveau des chiffres généraux la situation paraît plutôt bonne en comparaison d’autres régions de l’hexagone, l’analyse plus profonde de la situation permet de relever quelques enjeux de taille dont il faudra tenir compte pour que l’avenir soit "aussi honorable" que le présent. Des enjeux qui tournent principalement autour du transport, de l’attractivité du territoire et de l’emploi.
Création d’entreprises positive
La création d’entreprises au Pays Basque en 2006 s’est inscrite dans une dynamique positive. Du côté de la CCI on note un solde positif de la création d’entreprises, différence entre les créations et les radiations, de 9,3%. Un pourcentage positif qui atteint 40,6% du côté de la Chambre des Métiers avec la création d’entreprises artisanales majoritairement dans le secteur des services. "Si l’artisanat se porte bien, c’est qu’il reste encore un métier de proximité", explique M. Cazala, Président de la Chambre des Métiers. À ces créations, il faut ajouter 10 implantations d’entreprises pour l’année 2006, qui ont été sources de 180 créations d’emplois. 10 entreprises qui se sont toutes installées sur la zone du BAB. Si ces évolutions positives concernent l’ensemble du Pays Basque, il faut constater qu’elles sont plus importantes sur la côte (82,4%) qu’à l’intérieur. Cette dynamique créatrice a bien évidemment des effets sur le nombre de chômeurs. Le taux de chômage au Pays Basque nord est ainsi passé de 8,6% à 7,7% de la population active, soit un point de moins que la moyenne hexagonale. Cependant cette amélioration quantitative souffre de la précarisation des emplois. Selon les chiffres de l’URSSAF, sur les 147 224 embauches déclarées en 2006, 52% sont des emplois temporaires. La progression des embauches est constatée dans tous les secteurs, mais c’est dans le bâtiment que l’évolution est la plus forte avec +15,5%. "Ce résultat est à rapprocher avec la forte croissance de la construction de logements collectifs. 2 196 logements construits soit +31% par rapport à 2005", analyse Jean-Marie Berckmans. Parallèlement à cette étude, la CCI a interrogé un panel de 552 entreprises du Pays Basque nord dans le but d’établir un "baromètre" de l’entreprise. Une consultation qui permet de mesurer le moral des entreprises et leurs intentions pour l’avenir selon les différents secteurs. Les prévisions les plus optimistes concernent l’industrie, le bâtiment et les services, le commerce et le tourisme prévoyant une stabilité. Dans l’industrie, 34% des entreprises interrogées prévoient d’embaucher en 2007. Un taux allant jusqu’à 48% pour les entreprises du bâtiment. Le secteur des services est celui qui se développe le plus et qui représente un gisement d’emplois très important. Quant au tourisme et au commerce, les professionnels du secteur paraissent très inquiets sur l’évolution du pouvoir d’achat des consommateurs. Globalement 56% des entreprises sont optimistes pour 2007 ce qui reste un bon indicateur.Mais cette photo instantanée du Pays Basque nord ne doit pas faire oublier les difficultés que pourrait dans l’avenir rencontrer le territoire en matière de croissance. Le problème de l’attractivité de la région pour les entreprises pourrait se poser. Et pour cela Jean-Marie Berckmans souhaite que "soit mis en ¦uvre avec les collectivités locales une grande politique foncière dédiée à l’activité économique, afin de satisfaire le développement des entreprises existantes et l’accueil des nouvelles activités". Le président de la CCI précisant même que le sud des Landes constitue, avec ses nombreux hectares disponibles et son terrain plat, "un sérieux concurrent au Pays Basque pour l’installation d’entreprises".
Pertes fiscales pour les villes
Si les salariés ne verraient pas beaucoup de différences entre aller travailler dans le Seignanx au lieu du BAB, il n’en sera pas de même pour les municipalités. La ressource fiscale provenant des entreprises est une aubaine pour les municipalités. Et dans le cas d’un départ des entreprises du territoire, la perte fiscale qui s’ensuit est compensée par une hausse des impôts locaux pour les habitants des villes. Autre frein au développement, le décalage qui existe entre le taux de chômage persistant et les offres d’emploi non satisfaites. "8000, ce serait le nombre d’emplois disponibles" au Pays Basque nord selon la CCI. Un chiffre qui serait égal au nombre de chômeurs sur le territoire. "Ce décalage touche en majorité le bâtiment et la restauration, mais il concerne aussi les secteurs de l’industrie, de la métallurgie et de l’agroalimentaire. C’est un frein au développement de nos entreprises", estime le président de la CCI. Enfin, la situation du transport devra être améliorée pour rendre le Pays Basque nord plus attractif aux entreprises, et l’issue des débats actuels sur les projets de l’A63, de la Ligne à Grande Vitesse Bayonne-Paris et du développement de l’aéroport du BAB, aura dans ce sens d’énormes conséquences.
L’avenir : créer un territoire dynamique et équilibré
Au sujet de la situation économique locale, Jean-Marie Berckmans désire que le Pays Basque nord développe son attractivité pour que plus d’entreprises viennent s’installer, où se créent. Mais, en parallèle, il faut aussi que le Pays Basque soit attractif pour les salariés et les petits chefs d’entreprise. Ce qui entend une facilité à se loger sur place à des tarifs raisonnables, la possibilité de toucher un salaire décent et l’accessibilité à des contrats de travail sûrs.Si la pression foncière est forte pour les entreprises selon le président de la CCI, elle est aussi pour les travailleurs. Le problème du prix "exorbitant" du logement est dû en grande partie à l’arrivée d’investisseurs aux revenus supérieurs par rapport aux personnes travaillant au Pays Basque nord.
Cadres sup et retraités Ces personnes sont pour la plupart des cadres supérieurs désirant acheter une résidence secondaire, où des personnes venant du Pays Basque sud à la recherche d’un produit immobilier à bon rapport qualité/prix où bien encore des retraités à la recherche d’un lieu de vie agréable. Si l’on regarde la répartition de la population du Pays Basque nord par catégorie socioprofessionnelle, CSP, on s’aperçoit que les retraités représentent 33% de la population. Même si ces catégories représentent une source financière non négligeable pour le commerce et les services, elle n’aide pas au dynamisme industriel d’une région. Un dynamisme nécessaire pour créer un équilibre économique qui permettra de fixer une population jeune et de faire une mixité sociale.
La question du logement entraîne forcément la question de la rémunération. "Le salaire médian* au Pays Basque est de 1680 euros brut soit 1340 euros net (source 2005)", a révélé Monsieur Marchal, directeur adjoint de l’URSSAF, lors de la conférence de presse de la CCI. Un montant que n’a pu s’empêcher de commenter à voix haute Jean-Marie Berckmans en interrogeant son voisin, "mais c’est très peu ça, non ?" Effectivement ce n’est pas beaucoup au regard du coût de la vie. À titre de comparaison, dans la Communauté Autonome Basque, ce salaire médian est de 1900 euros par mois (source Eustat). Si l’on ajoute à ces bas salaires la multiplication des emplois temporaires et donc précaires, on comprend mieux qu’il n’y a guère que le soleil et le paysage d’attractifs pour les travailleurs du Pays Basque nord. Enfin, il y a la statistique aberrante de "8000 emplois vacants pour 8000 chômeurs au Pays Basque nord", avancée par la CCI. Un chiffre qui met en avant les difficultés à se faire rencontrer des gens à la recherche d’un emploi et les entreprises à la recherche d’un salarié. Les enjeux d’avenir pour le Pays Basque nord sont donc bien complexes pour arriver à constituer un territoire équilibré, où l’ensemble d’une population hétérogène pourra bien vivre ensemble. C’est pourtant dans la volonté des institutions et des élus de trouver une solution à l’ensemble de ces problématiques que réside la réussite du Pays Basque sur le plan économique et sur le plan humain.
La communauté Autonome à plein régime
Au Pays Basque sud la situation économique enregistre aussi de très bonnes statistiques notamment au niveau de l’emploi, et la confiance des entrepreneurs est globalement bonne.Au Guipuzcoa, selon la Chambre de Commerce de la province, l’activité industrielle s’est améliorée en 2006 par rapport à 2005. L’indicateur de confiance de la chambre de commerce concernant cette industrie a très peu changé tout au long de l’année 2006 en démontrant un optimisme continu des entreprises en l’avenir. Une situation qui a été favorable pour l’investissement car les entrepreneurs ayant été convaincus des bonnes perspectives n’ont pas hésité à investir pour anticiper et entretenir la croissance. Le secteur des services maintient quant à lui son avance avec des services marchands en constantes progressions qui contrebalancent le ralentissement des services non-marchands. Ainsi l’indicateur de confiance du petit commerce s’améliore. La croissance due à l’activité touristique est aussi très perceptible. L’emploi dans la Communauté Le marché du travail de l’ensemble de la Communauté autonome Basque a connu en 2006 sa meilleure année avec une conjoncture économique favorable sur l’ensemble du territoire. Le taux d’emploi a atteint son maximum historique avec 67,8% de la population active, un indice supérieur à celui enregistré dans le reste de la zone ibérique (66,1%) et dans le reste de la Communauté Européenne (64,5%). Les principales bénéficiaires de ces bons chiffres ont été les femmes qui occupent 13.800 des emplois qui ont été créés, soit 68% du total. L’emploi en 2007 devrait continuer selon la même courbe selon le gouvernement basque. Par secteur les nouveaux contrats ont concerné les services en première position avec 18.000 emplois en plus, suivis de l’industrie avec 4.500 emplois supplémentaires, puis l’agriculture avec 1.800 emplois créés. La construction a quant à elle perdu 3.900 emplois en 2006. Ce secteur qui s’était érigé ces dernières années en moteur de l’économie, confirme avec cette baisse que sa croissance ininterrompue depuis les années 90 a atteint sa limite. Cependant dans la région du Guipuzcoa, les travaux publics et les constructions immobilières continuent d’entretenir la croissance de se secteur sur la zone de Donostia. La communauté se félicite en outre des 4.500 contrats de travail signés dans l’industrie, car ce sont "des emplois stables et de qualité", au contraire de ceux qui se créaient dans le secteur de la construction. Enfin le taux de chômage de la Communauté Autonome a atteint son plus bas niveau de l’histoire avec 3,4%. Un taux qui selon les experts économiques de la Communauté est arrivé à sa valeur incompressible, ce qui signifie le plein-emploi.
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