Christine MAYNARD / Membre du conseil d’administration de l’association LEIA
Le couloir à camions toujours d´actualité
L’intention de quelques décideurs de transformer la Basse-Navarre en un couloir transpyrénéen capable d’attirer et d’absorber un flux intense de trafic routier international, et en particulier de poids lourds (Ah ! les belles paroles sur la nécessaire réduction des gaz à effet de serre et les promesses mensongères sur le report des marchandises de la route vers le rail, entendues encore à propos du projet de LVG !), n’a pas été abandonnée, quoi qu’en ait dit, le 22 février, M. Lasserre, promoteur depuis 10 ans, en collaboration étroite avec le gouvernement de Navarre, d’un projet de 2x2 voies Salies-Pampelune. Cet axe nord-sud continue à polariser toute l’attention du président du Conseil général, même s’il reste d’une discrétion absolue sur le sujet ; avec à la clé un budget énorme, le chantier total étant évalué à 800 millions, dont 270 de Salies à Arnéguy. Les décideurs manifestent ainsi une obstination inquiétante puisqu’un aménagement surdimensionné de la D 933 non seulement n’a été demandé par personne, et pas même par les élus, mais encore a été clairement combattu par une majorité d’entre eux et par une partie très importante de la population. Il s’agit aussi d’un mépris insupportable à l’encontre de revendications depuis longtemps exprimées pour que soient améliorés les réseaux routiers et ferroviaires (ligne Garazi-Bayonne) qui répondent aux besoins réels des habitants, liens internes à la Basse Navarre, ceux avec la Navarre (et il n’y a pas que la D 933), ainsi que ceux avec les autres provinces limitrophes. Le projet d’une voie de grand gabarit Salies-Pampelune continue donc actuellement à suivre son cours, alors qu’aucun débat sur le bien-fondé de cet axe et sur le bilan de l’étude de faisabilité engagée fin 2002 pour aménager la D 933 en 2x2 voies n’a eu lieu au Parlement de Navarre, aucun vote non plus sanctionnant la première phase de cette étude. C’est en commission, restreinte et non publique, que M.Lasserre a fait entériner cette première phase, dès le 27 février, en décidant autoritairement que la "concertation avait eu lieu" et que le débat était clos. Et il a décrété tout aussi autoritairement le lancement de la deuxième phase de la mise en place du projet, alors que dans le même temps il soutient qu’il ne s’agirait plus du même "aménagement", le requalifiant dorénavant de "deux fois une voie avec voies de dépassement et contournements des bourgs". Le gouvernement de Navarre, avec lequel M. Lasserre se vante pourtant d’être en total accord pour "un même projet" de part et d’autre des Pyrénées, affiche, lui, sa détermination à réaliser une voie autoroutière : sur le territoire navarrais, il est prévu, sur un site entièrement nouveau, une route à trois voies, l’intention étant de la transformer aussi vite que possible en 4 voies. En outre, cinq tunnels sont prévus pour l’entrée en Basse Navarre. Si M. Lasserre, adepte du double langage, a annoncé, le retrait de son projet de 2x2 voies, c’est dans le seul espoir de démobiliser les opposants au couloir à camions ; en fait, c’est bel et bien toujours une voie à grande capacité, reliant des autoroutes et devant servir aux flux Nord-Sud de marchandises entre gros pôles urbains, qu’il s’évertue, avec son comparse navarrais, à vouloir tracer à travers notre région. La seconde phase de la mise en place de la transnavarraise devrait consister en la présentation de cartes aux communes touchées par le tracé ainsi qu’aux propriétaires concernés, au cours de cet automne. C’est un moyen grossier pour essayer de morceler un projet global qui concerne l’ensemble de la Basse Navarre, et bien au-delà aussi, et qui engage l’avenir de notre pays et de tous ses habitants. C’est une méthode inacceptable pour entretenir l’opacité autour de ce dossier, pour isoler communes et individus, pour tenter de jouer pressions et tractations afin de "négocier" le tracé au cas par cas, et finalement pour échapper à une discussion de fond et transparente sur l’utilité et la raison d’être de ce projet routier, l’idée étant de le faire ingurgiter, morceau par morceau, aux élus et aux habitants. Après avoir envoyé une plaquette à tous les foyers bas navarrais, l’association LEIA compte organiser des réunions publiques pour informer les habitants de l’avancée du projet, mettre en évidence les paroles trompeuses des promoteurs d’une voie à grande capacité qu’ils n’osent pas nommer telle par peur des oppositions, alerter sur les risques encourus par notre région si un tel projet de couloir à camions se réalise et définir les demandes réelles des habitants en matière d’infrastructures locales pour que celles-ci, et celles-ci seulement, soient prises en compte.
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