"Si la république ne nous écoute pas, peut-être la monarchie nous entendra", a lancé ironiquement Pantxo Etcheverry hier avant de poster, au nom du syndicat ELB, un courrier au prince Albert de Monaco. En montrant du doigt un symbole, les agriculteurs de montagne qui viennent d’être amputés de 10% de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) ont voulu dénoncer les sommes faramineuses touchées par des agriculteurs ministres, industriels ou aristocrates.
"Albert de Monaco touche 300000 ¤ de subvention pour un domaine de 774 hectares de céréales et de betteraves mais il n’est pas le seul, en France, une dizaine d’exploitants touche plus de 450000 ¤ par an et ils sont 2630 à toucher plus de 100000¤", a listé Jean-Marie Oçafrain, responsable de la commission montagne du syndicat.
Hier, ELB était venu interroger la direction départementale de l’agriculture de Bayonne sur les raisons de la baisse de 10% de l’enveloppe destinée à l’agriculture de montagne, baisse dont les agriculteurs ont pris connaissance récemment. Mais quelques minutes avant l’arrivée des quatre représentants d’ELB, tout le bâtiment de la cité administrative qui abrite la DDA a été bouclé. Les paysans ont donc expliqué devant les grilles baissées de l’immeuble que lors d’un précédent entretien le directeur départemental leur a avancé que l’Etat comptait sur "une érosion naturelle du nombre de demandeurs" pour que l’enveloppe 2005 suffise. Malheureusement pour l’administration, moins d’agriculteurs que prévu ont cessé leurs activités en Pays Basque et Béarn. "Il est inacceptable d’attendre la mort de certains pour pouvoir rentrer dans ses clous", a déclaré J-M. Oçafrain.
ELB a précisé qu’une baisse de 10% de l’enveloppe "représente environ 1000 euros soit un SMIC". L’ICHN, qui a pour objectif de compenser les difficultés et les surcoûts inhérents aux exploitations de montagne, représente 4% du budget agricole. "Il est très maladroit de la part d’un gouvernement qui prône la préservation des espaces et de l’environnement de supprimer une partie de cette aide alors que les agriculteurs de montagne sont ceux qui répondent le mieux à ces objectifs", selon le syndicat.
Comme ils ont écrit au prince de Monaco, qu’ils ont d’ailleurs invité à venir en Pays Basque, les paysans d’ELB ont aussi interpellé les députés et le ministère sur la situation qu’ils subissent.
Lundi prochain, le syndicat va par ailleurs être reçu par le préfet, pour évoquer ce dossier mais aussi celui de la répartition des quotas laitiers et des aides destinées aux éleveurs bovins viande, soit les questions avancées par ELB lors de sa dernière venue arrosée de gaz lacrymogènes à Bayonne.