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Le JPB > Pays Basque 2007-10-27
Les familles basques engagées dans le projet du Darfour dénoncent la "manipulation"
·Deux familles basques se sont engagées dans le projet controversé mené par l’association l’Arche de Zoé au Darfour

"Chaque cinq minutes un enfant meurt au Darfour. Et alors que pratiquement tous les Etats condamnent les agissements du gouvernement de Khartoum et qualifient de génocide ce qui se passe dans ce territoire, rien n’est fait pour éviter la mort de ces enfants. Cela, ça appelle de l’hypocrisie". Maite Bergara fait partie d’une des deux familles du Pays Basque engagées dans le projet de l’ONG visant à sauver les enfants du Darfour. Les 103 petits qui devaient prendre un avion au Tchad ont été retenus, alors que six membres de l’ONG ainsi que trois journalistes ont été mis en garde à vue à N’Djamena, accusés par les autorités d’un délit présumé de "trafic d’enfant".

"On ne peut pas rester insensible à cette situation. On se doit de réagir" insiste Maite Bergara, habitante de Mendionde. Les familles d’accueil, qui s’étaient rendues à l’aéroport de Vatry (Marne) pour attendre les enfants, se sont rassemblées devant l’ambassade tchadienne à Paris pour protester contre l’attitude du gouvernement d’Idriss Déby. Elles devaient se réunir le soir dans une salle pour préparer les actions à venir, car elles sont déterminées et croient aveuglément au projet. Et cela malgré les critiques qui arrivent de partout, de l’exécutif tchadien, du gouvernement français et même de certaines organisations non gouvernementales.

"Cela fait quatre ans que cela dure au Darfour et que toutes les ONG font le constat que rien ne bouge, et qu’elles ont des problèmes pour mener leur travail, avec notamment des constants vols de matériel dont des véhicules tout-terrain", souligne Maite Bergara. Et pourquoi donc l’action de l’association Arche de Zoé a reçu la réprobation de certaines ONG? "Peut-être parce que par cette action, c’est tout un système d’aide humanitaire qui est mis en question et dénoncé".

Amalgame et manipulation

Les familles basques tout comme les 300 autres qui se sont engagées dans le projet d’évacuation d’enfants du Darfour parlent d’"amalgame" et de "manipulation". Surtout quand les médias font valoir les sommes versées par les bénévoles et le fait qu’il s’agirait de payer une "adoption rapide". "Cela, c’est injuste: d’entrée, et comme l’a dit l’avocat de l’association, la différence est énorme entre les sommes à verser pour une adoption et celles que nous avons procurées pour contribuer au projet, dans la majorité des cas avec la solidarité des personnes de notre entourage. Deuxièmement, cet argent a été employé pour mettre en place un campement sur place pour faire un accueil d’urgence aux enfants, acheter des médicaments pour qu’ils puissent être soignés avant d’être évacués. Il a fallu aussi affréter un avionŠ", énumère Maite Bergara tout en ajoutant que, troisièmement, "ces enfants n’étaient pas destinés à être adoptés par les familles d’accueil. Notre démarche était simple : nous voulions juste faire une évacuation d’urgence vu que toutes les cinq minutes un enfant meurt là-bas". Et d’insister qu’"on nous a bien précisé qu’on n’était pas dans le cadre d’une adoption, mais de l’accueil d’un enfant en péril et de dénoncer le génocide".

Selon le site internet de l’Arche de Zoé où l’ONG fustige d’ailleurs les associations qui se préoccupent d’abord de leur gestion financière "plutôt que de donner "priorité à l’action" la procédure de l’opération est claire: il s’agit avant tout de sauver la vie de ces enfants en les mettant à l’abri dans des familles bénévoles et volontaires. Ces familles "accueillant" un enfant le présentent aux autorités, la procédure du droit d’asile s’engage et c’est après que les démarches pour l’adoption se mettent en place, toujours selon les procédures légales. À l’issue de ces procédures, lorsque l’enfant est régularisé, n’importe quelle famille qui le souhaite peut alors entamer les démarches en vue d’une adoption. "Il n’a jamais été question pour l’Arche de Zoé ni pour le COFOD (Collectif des familles pour les orphelins du Darfour) de contrer la loi, mais de sauver des vies".



Étonnés du "revirement des autorités tchadiennes"
"Ce ne sont pas des orphelins, ce sont des Tchadiens. Ce ne sont pas des enfants en danger, ils ne sont pas malades et sur leurs documents, ils disent évacuation sanitaire", a expliqué le ministre de l’Intérieur tchadien Ahmat Bachir. "Ces enfants n’ont pas de document de voyage, ils n’ont pas de visa pour la France. C’est un trafic d’enfants. Tout prouve que c’est un trafic d’enfants", a-t-il déclaré sur hier sur la radio RTL. Jeudi, "nous avons surpris, en flagrant délit, 103 enfants âgés de 1 à 8 ans, en train d’être embarqués dans un avion. Quand on leur demande : où est-ce que vous emmenez ces enfants? Qu'est-ce que vous faites de ces enfants ?, ils n’arrivent pas à répondre".

Des accusations que réfute l’Arche de Zoé. "Les autorités tchadiennes étaient au courant de l’opération", a assuré Christophe Letien, porte-parole de l’ONG. "Nous avions des attestations du Soudan précisant que les enfants étaient orphelins". Il s’est vivement étonné du "revirement des autorités tchadiennes" tout en insistant sur le fait qu’il s’agit "d’une action humanitaire d’urgence, et non d’un trafic d’enfants".

À l’heure actuelle, les enfants ont été confiés aux autorités tchadiennes, avec le soutien du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l'UNICEF.

Une information judiciaire a été ouverte mercredi dernier pour "exercice illégal de l’activité d’intermédiaire pour l’adoption ou de placement en vue d'une adoption", a-t-on appris de source judiciaire. L’Arche de Zoé avait fait l’objet d’une dénonciation auprès de la brigade des mineurs après l’appel lancé sur son site internet pour "une opération d’évacuation des enfants orphelins du Darfour".

L’Elysée a "fermement condamné les conditions dans lesquelles cette opération a été organisée", alors que le Quai d’Orsay a rappelé hier que "l’association avait été reçue "au cabinet du ministre" Bernard Kouchner en mai et en juin, "et nous avions émis nos plus vives réserves chaque fois qu’ils nous en avaient parlé". "Le Tchad comme le Soudan dont ces enfants sont probablement originaires dans leur majorité sont des Etats souverains qui n’autorisent pas l’adoption internationale", a-t-on rappelé.

L’association a par ailleurs affirmé avoir appris de "source sûre" que les neuf personnes interpellées au Tchad, dont trois journalistes, ont été victimes "de violences physiques".


 
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