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Le JPB > Culture 2007-10-26
Jean-Marie BROUCARET / directeur artistique des Translatines
"Le festival des Translatines a plus que jamais sa place, pourtant il reste très menacé"

le festival les Translatines s’est achevé dimanche dernier. Jean-Marie Broucaret, directeur artistique du festival fait un premier bilan. Si les succès populaire et artistique sont incontestables, les Translatines sont toujours en difficulté financière. L’avenir du festival devrait se jouer d’ici à la fin de l’année.

Le public a-t-il été au rendez-vous de cette 27e édition des Translatines?

Nous avons eu un taux de remplissage des salles de 90%, et ça veut dire de façon incontournable que le public est toujours partant pour cette manifestation. C’est génial.

Un succès populaire malgré une programmation engagée et très diversifiée, c’est aussi un succès artistique?

Sur le plan artistique, on est ravis, parce que de l’écho général du public, il y a eu une bonne perception de cette programmation. On avait essayé de faire une programmation qui donne des entrées diversifiées, mais toujours dans des propositions bien marquées, bien radicales. Le public a ressenti cela et il a marché. Il y a eu une adhésion très forte, les gens étaient enthousiastes, il y a vraiment eu un accueil très chaleureux.

De l’avis de beaucoup de spectateurs qui suivent le festival, c’est une des meilleures cuvées de ces dernières années. Nous sommes quand même bien soulagés de ce côté-là, car nous avions conscience d’avoir fait un festival un peu au rabais avec les problèmes financiers que connaissent les Translatines.

D’autres points positifs lors de cette 27e édition?

Oui. Le groupe Merci de Toulouse, qui a fait carton plein, avec pourtant une proposition hors de la mouvance latino. Le public a été enchanté. Tout d’un coup, les gens se trouvaient avec un point de comparaison, de discussion, un autre point de vue. Ca a été l’un des temps fort du festival.

Autre point très positif, la présence de spectacles dans des lieux très différents. C’est vraiment la première année où l’on se retrouvait dans les salons de la mairie ou encore au Musée basque. Avec toujours une très forte adhésion du public. C’est important que le festival soit aussi l’occasion d’une dynamique culturelle locale élargie. Je crois que l’avenir d’un festival comme celui-là, c’est la combinaison de grands rendez-vous et de spectacles plus intimes où l’on redécouvre des lieux. Nous allons donc essayer de reconduire cette formule dès l’an prochain. Avec une inquiétude quand même sur la disparition de la salle de la Grenouille [à Lauga, ndlr]. Que va-t-il rester pour nous permettre d’alterner avec le lieu plus conventionnel du théâtre de Bayonne ? Il faudra trouver une autre salle. En tout cas, le maire de Bayonne en est conscient. Il était question un temps de mettre l’hiver un chapiteau aux Arènes. Pourquoi pas, il faut tout étudier.

Et le déménagement du "c¦ur" des Translatines à la Maisons des associations?

C’est aussi une satisfaction. Nous avions des interrogations sur ce déménagement. Est-ce que le public allait suivre ? Le lieu allait-il garder la convivialité du chapiteau ? Finalement, il y a eu énormément de monde le vendredi et le samedi. Il est vrai qu’on a attendu le week-end avec impatience, car jusque-là on se disait : si ça ne décolle pas, ça veut dire que ça ne marche pas. On s’est retrouvés dans une ambiance très comparable à celle du chapiteau. En plus, l’équipe d’accueil de la Maison des associations a complètement joué le jeu, on n’a pas du tout eu l’impression d’être en visite. Alors bien évidemment, il faudra peaufiner la chose, mais c’est bien sûr une idée qui sera reprise.

Finalement, il n’y a que le problème financier qui vient ternir le bilan?

Oui, car on va se retrouver avec le déficit prévu. Ca, ça ne change pas. Pour s’en tirer dans le budget, nous avions imaginé des salles bondées et c’est ce qui s’est passé, tant mieux. Donc, on ne creuse pas le déficit prévu, mais on ne le comble pas non plus. Il ne faut pas se laisser griser par tout ce que la manifestation a pu apporter de positif ; le négatif reste intact à la fin comme il était au début et rien n’est résolu.

A combien se monte le déficit?

Il va tourner plus ou moins autour de 15 000 euros. Ce n’est pas un déficit catastrophique, un trou sans fond, mais enfin il est bien réel. Et s’il doit se creuser chaque année, très vite ça va finir par faire beaucoup et donc ce n’est pas possible de continuer comme ça.

Succès populaire et déficit financier : quelles leçons tirez-vous de cette contradiction ?

Nous sommes dans cette contradiction d’un festival qui marche du feu de dieu et qui perd de l’argent. C’est quand même rare qu’au bout de 27 ans d’existence, un festival garde un tel engouement. Ca veut dire qu’il a plus que jamais sa place mais qu’il est aussi menacé. Si les subventions n’étaient pas bloquées depuis dix ans et qu’elles étaient montées en puissance, on aurait un peu de force financière. Une force qui permettrait de commander par exemple deux représentations au lieu d’une à une troupe comme le Théâtre des Andes. Dont le spectacle s’est avéré être un gros succès. Dès le départ, on est conscient qu’on a ces 15 000 euros dans les jambes, et l’on se dit qu’on ne va leur acheter qu’un seul spectacle. Finalement, quand arrive le festival, on a de la demande pour remplir deux fois le théâtre. Plus de confort financier au départ nous permettrait d’être plus rentable à la fin.

Mais le festival n’a pas pour simple but de rapporter de l’argent ?

Un festival, c’est une dynamique aussi pour une ville ; la rentabilité d’un festival comme celui-là ne se mesure pas uniquement en termes d’argent, elle se mesure en termes d’image, de dynamisme, de gens qui ont pu voir les spectacles, qui en parlent, qui participent à la dynamique d’une ville, à sa vitalité. Le festival est un ambassadeur de la ville, de la région. Le festival des Translatines en est le parfait exemple ; rien que pour cela, il a sa raison d’être.

Est-ce que les choses ont bougé depuis la semaine dernière et votre annonce dans le JPB de la possible fin des Translatines?

Il semble qu’une réunion des différents partenaires va avoir lieu à l’initiative de Bayonne au mois de novembre. On prendra alors la température générale, savoir comment chacun se positionne. C’est la première chose à faire car pour l’instant, à part Bayonne, on n’a pas de réponse, on a des "peut-être", des "il faut voir"... En fonction des prises de positions des uns et des autres, on saura s’il est possible de faire rebondir la manifestation.

Je ne pense pas que mi-novembre on aura la réponse définitive mais déjà, s’il y a un processus de réflexion et de négociation qui se met en route, on peut estimer qu’à la fin de l’année, on sera en mesure de dire si oui ou non les Translatines continuent.


 
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