Haize Berri organise une tombola pour miser sur la culture basque
·Ils ont offert leurs ¦uvres au centre culturel d’Ostabat pour l’aider à surmonter sa situation économique
"Trop de culture, tue la culture", pourraient résumer les responsables d’Haize Berri. Alors que l’offre culturelle se démultiplie en Basse Navarre, le centre culturel d’Haize Berri s’estime en partie victime de cet élan fortement soutenu par les pouvoirs publics, et qui se matérialise notamment par la création de la Scène de Pays Baxe Nafarroa, mais dont il ne bénéficie pas. Au contraire, les difficultés financières de l’association sont attribuées à ces choix politiques "qui ne favorisent pas la création artistique et la culture basque" selon Haize Berri.
Le centre culturel vient donc de lancer Artekintza 2007. L’initiative a pour but de collecter des fonds par le biais d’une tombola artistique. Quinze artistes du Pays Basque ont cédé chacun une de leurs ¦uvres à Haize Berri. Quiconque sera propriétaire d’un billet qu’il achètera pour 10 euros dans l’un des nombreux points de vente mis en place (Elkar à Bayonne, Kukuxka à St-Jean-Pied-de-Port, magasin de produits régionaux à Mauléon...) pourra gagner l’une des ¦uvres à l’issue de l’un des trois tirages au sort qui seront organisés cette année. Le premier aura lieu le 11 juin et les billets sont d’ores et déjà disponibles.
"Nous avons demandé à chaque artiste l’équivalent d’une journée de travail", a expliqué hier Piarres Erdozaintzi, président d’Haize Berri. "Je l’ai fait de très bon c¦ur", a commenté Gonzalo Etxebarria dont la grande fresque en noir et blanc habillait un mur d’Haize Berri hier. "Je trouve que les actions d’Haize Berri ont toujours eu un sens. Cela donne donc envie de faire quelque chose. Cette motivation aide à la création", a-t-il ajouté.
L’enthousiasme est partagé par le sculpteur Zigor dont un petit bronze trônait aussi sur une colonne du centre culturel. "Mon ¦uvre est assez humble comparé au travail réalisé par Haize Berri", a estimé l’artiste. "Ce qui se fait ici ne se fait nulle part. Ça a du sens mais c’est aussi une ambiance, une source nouvelle. Ce travail est indispensable pour aller de l’avant dans la création en Pays Basque", a-t-il déclaré.
Outre Gonzalo Etxebarria et Zigor, Alain Sistiaga, Mikel Dalbret, Koldobika Jauregi, Iñaki Olazabal, Maia Curutchet, Aitziber Akerreta, Céline Mirailh, Mikel Amade, Jean-Pierre Indart, Antton Mendizabal, Juan Luis Goenaga et Zoe Bray offriront aussi une de leurs ¦uvres au fil des mois. Après le tirage au sort de juin, deux autres suivront en septembre et décembre.
Le centre culturel espère ainsi réunir au moins 12 000 euros, la valeur des ¦uvres étant estimée, dans une fourchette basse, à 15000 euros environ.
"Si la situation culturelle générale s’est améliorée, avec un renforcement des aides publiques, l’avenir de la culture basque est-il assuré pour autant ?", interroge Maixan Mercapide, animatrice d’Haize Berri. "L’Institut Culturel Basque, l’Office Public, les techniciens de la langue, tout ça ce sont des avancées. Mais notre langue et notre culture sont-elles bien présentes dans la réalité quotidienne ? Les pouvoirs publics ont-ils une réelle volonté de leur assurer la place qu’elles méritent?", poursuit Maixan Marcapide.
Pour Haize Berri, les lieux dédiés à la culture basque se réduisent. "Dans la Scène de Pays Baxe Nafarroa, la culture basque n’est pas prioritaire. Mathématiquement, une autre culture a donc la priorité", estime le centre culturel. Comme d’autres associations, il a décidé de ne pas prendre part à cette nouvelle structure "qui va contre notre action et dont les propositions de partenariat conduisent à faire disparaître l’identité des associations".
"En effet, un partenariat avec la Scène de Pays suppose que c’est elle qui gère toute la partie financière, de l’encaissement des entrées jusqu’au contrat avec l’artiste. Même si la relation avec l’artiste ou le public ne se limite pas à ça, on casse l’essence et l’identité des associations organisatrices", selon M. Mercapide.
Par ailleurs, bon nombre des actions menées par le centre culturel comme l’art contemporain, la littérature, etc. n’entrent pas dans le cadre de la Scène de Pays, seulement dédiée au spectacle vivant. Par exemple, le projet d’envergure "De l’arbre au bateau" mené conjointement avec une association patrimoniale de Pasaia et qui devait s’étaler sur cinq ans a dû être abandonné au bout de deux ans, faute de moyens.
"Ce projet n’a reçu aucun soutien du Conseil général qui nous attribue la même subvention de 4500 ¤ depuis des années. Les pouvoirs publics rechignent à financer des projets en dehors de la Scène de Pays", regrette Haize Beri qui va explorer "de nouvelles voies d’autofinancement pour faire vivre la culture basque".
Les pierres rondes de Mikel Dalbret en expo dès vendredi
Haize Berri ouvrira ses murs dès vendredi à l’exposition de l’un des artistes participant à l’initiative Artekintza. Le peintre et sculpteur Mikel Dalbret présentera à Ostabat "Harri borobilak" [les pierres rondes], une exposition réunissant les peintures, sculptures et estampes réalisées dans son atelier de Zugarramurdi. Le vernissage aura lieu ce vendredi à 19h et les ¦uvres seront visibles jusqu’au 20 mai.
Né à Tunis, Mikel Dalbret a fait ses débuts d’artistes à Paris, à l’occasion du Salon de la jeune peinture en 1977. Il a ensuite suivi un parcours original, en passant par Bordeaux et Marseille pour décrocher un diplôme d’Officier mécanicien et effectuer de longs voyages, notamment dans l’Océan indien ou vers la Corne de l’Afrique. Il revient ensuite à Paris avec sa famille et y ouvre son premier atelier dans le quartier du Marais. Après des débuts très surréalistes, il crée et anime le mouvement "Figuration critique" en 1980, en étroite complicité avec Mirabelle Dors, artiste aujourd’hui disparue. En 1985, il vient vivre à Biarritz pour échapper à la sensation d’étouffement qu’il ressent dans le chaudron parisien.
Peu à peu, l’influence du symbolisme des stèles discoïdales basques et de leurs graphies modifie considérablement ses ¦uvres artistiques. Après Biarritz et Sare, Mikel Dalbret a créé un atelier à Zugarramurdi en 2003. C’est là qu’ont été créées les ¦uvres qui seront exposées au centre culturel Haize Berri durant un mois.
Pour en savoir plus sur l’artiste :
mikel.dalbret.free.fr
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