La justice espagnole a décidé hier de reporter sa décision concernant l’interdiction probable du nouveau parti mis sur pied fin mars par la gauche abertzale, pour concourir aux élections locales de mai, a-t-on appris de source judiciaire.
Le tribunal suprême espagnol, la plus haute instance judiciaire espagnole, notamment chargée de contrôler la légalité des partis politiques, a décidé de reporter son examen sur Abertzale Sozialisten Batasuna (ASB, Unité patriotique socialiste).
Les avocats d’ASB ont demandé une audience publique pour exposer au tribunal leurs arguments. Les magistrats ont accédé à la requête et fixé au 16 mai une audience publique pour cette affaire. Le parquet espagnol a déjà formellement demandé au tribunal l’interdiction de ce parti créé par des membres de la gauche abertzale pour se présenter aux élections locales de mai en considérant ce nouveau mouvement comme une simple "continuation de Batasuna".
Interdit depuis 2003 en raison de ses liens avec l’organisation basque armée ETA, Batasuna ne peut se présenter aux élections du 27 mai - municipales et provinciales en Gipuzkoa, Araba et Bizkaia, municipales et régionales en Navarre-.
La gauche abertzale ayant rassemblé 12 à 18% des voix lors de précédentes élections, cherche par tous les moyens à assurer une présence à ce scrutin. Face à l’interdiction très probable d’ASB même si les statuts du parti soulignent expressément l’utilisation de voies exclusivement politiques Batasuna a lancé des listes citoyennes ne portant pas de sigle politique mais celles-ci pourraient être également interdites, de façon provisoire et arbitraire, empêchant toute participation de la gauche abertzale aux élections.
Plus récemment, un ancien parti, a été réactivé après une longue phase de politique publique discrète. Ce mouvement, Eusko Abertzale Ekintza-Action nationaliste basque (EAE-ANV) se présente comme politiquement très proche de Batasuna. Cependant, le parquet espagnol ne devrait pas demander l’interdiction globale d’ANV mais examinera "scrupuleusement" les listes pour décider d’interdictions au cas par cas, selon la presse espagnole.
Forts soupçons de collusion
La presse espagnole a fait état hier de forts soupçons de collusion entre le parti indépendantiste basque ANV, qui vient de présenter de nombreuses listes pour les élections locales de mai au Pays Basque sud et Batasuna.
Eusko Abertzale Ekintza-Action nationaliste basque (EAE-ANV), s’est présenté aux scrutins municipaux et régionaux du 27 mai, avec un total de 133 listes, souligne le quotidien conservateur ABC.
"Selon les premières constatations, les listes de ce groupuscule sorti de la léthargie pour représenter la gauche nationaliste sont contaminées par des personnes ayant appartenu à Batasuna" indique ABC.
Le journal de centre-gauche El Pais explique lui aussi que "dans les listes pour les municipales, figurent des dizaines de noms qui sont apparus dans des listes électorales de Batasuna par le passé".
Toutefois, le parquet espagnol ne demandera pas l’interdiction globale d’ANV mais examinera "scrupuleusement" les listes pour décider des interdictions au cas par cas, selon le journal libéral El Mundo, citant des sources judiciaires.
Interdit depuis 2003 en raison d’un accord politique entre PSOE et PP alors que la droite était au pouvoir pour créer une loi ad hoc afin d’interdire l’expression politique de la gauche abertzale, sa présence aux élections semble être un enjeu majeur pour la poursuite du processus de paix, bien mal en point après les actes répressifs de l’Etat et l’attentat à Madrid par l’ETA.