Les associations Les amis d’Abbadia et Hezi Zerb présentaient hier leur dernière production commune, toujours sur le sujet qui les unit entre Irun et Hendaye, la Frontière.Après avoir confronté leurs visions réciproques de la frontière, il y a deux ans, dans une approche artistique, pédagogique et historique, les deux associations publient cette fois un ouvrage qui rassemble une dizaine de contributions, comme autant de regards divergents et d’apports à une réflexion ouverte."Il s’agit de compiler des versions de frontières différentes " explique Pascal Clerc qui participait déjà au projet "Frontière, mémoire et territoire" au printemps 2004.
Chercheurs ou universitaires prennent donc la parole dans cet ouvrage qui utilise logiquement les trois langues employées aux abords de la Bidasoa, et ils développent les deux approches chères aux associations d’Irun et d’Hendaye, la mémoire et le territoire. Hezi Zerb s’investit dans ce projet transfrontalier avec un travail social et l’idée d’une "récupération de mémoire intergénérationnelle".Pour Les amis d’Abbadia, il s’agit plutôt d’explorer la notion de territoire qui dans la baie de Txingudi est loin d’être contenue dans les limites de cette démarcation étatique.
Preuve en est d’ailleurs dans les différents articles qui composent le livre au titre trilingue, De fronteras Mugei buruz De frontières.Miren Garmendia, enseignante au lycée français de Donostia, livre ainsi les résultats d’une étude sur l’enseignement à Hendaye, qui dessine une nouvelle carte linguistique. Environ 31% de la population scolaire dans l’enseignement primaire à Hendaye est de langue espagnole ou basque et espagnole.
Zoé Bray s’attache pour sa part à dessiner les frontières symboliques qui délimitent les identités entre Hendaye, Béhobie, Irun, et Hondarribia.L’auteure de Living Bordaries, étude ethnologique sur les aspects identitaires de la baie de Txingudy, fournit ici un travail de terrain dans le sillage des jeunes et de leurs pratiques festives autour de la baie.Un monde délimité par des codes vestimentaires, des symboles, des quartiers et des bars.Véronique Larre utilise son expérience d’assistante sociale en neuropsychiatrie pour chercher les Frontières de la schizophrénie, Felipe Cabrerizo explore le mythe de la frontière au cinéma, Jon Etxeberria Esquina part à la conquête de nouvelles frontières identitaires et Ion Arruabarrena repousse toutes les limites en contant une fable "possible" dans un monde à l’envers.Quand au psychologue de couple Ricardo Sanchez Cano, membre fondateur de Hezi Zerb, il développe le thème de l’identité professionnelle des travailleurs sociaux, sa construction vers une terre de frontière.
Enfin, Patxi Garcia Amigo revient sur son projet architectural "ouvert" de réhabilitation du bâtiment des Douanes à Béhobia.Mais si l’idée d’un centre culturel transfrontalier semble faire l’unanimité, le jeune architecte se heurte en revanche à une autre frontière, administrative celle-là.La zone appartient à plusieurs juridictions, gérées par des élus aux étiquettes politiques bien distinctes.
Le livre Mugei buruz a été financé en grande partie par le Consorcio Transfrontalier Bidasoa-Txingudi.Il a été imprimé à 500 exemplaires et pourra être consulté dans les "lieux culturels".Il est également en vente au domaine d’Abbadia, à Hendaye, ainsi qu’à la librairie Oskarbi d’Irun au prix de 5 euros.
