Pas de mesure de couvre-feu dans les villes du Pays Basque
·Quatre bus et six véhicules ont été la cible de cocktails Molotov dans la nuit de mardi à mercredi à Bayonne et Boucau
Après une première nuit agitée lundi dans les quartiers de la rive droite de Bayonne, de nouveaux incidents se sont produits dans la nuit de mardi à mercredi avec l’incendie de quatre bus et de six voitures. La préfecture, qui a proposé au gouvernement les villes de Pau et de Mourenx comme zones où la mesure de couvre-feu pourra être instaurée, a toutefois estimé qu’une telle initiative n’était pas nécessaire pour Bayonne. Vers 20h mardi, quatre bus de la société Hiruak Bat qui étaient stationnés au quartier Mousserolles de Bayonne ont été visés par des jets de cocktails Molotov. Un seul a fonctionné endommageant sérieusement l’autocar en question. Les trois autres ont subi peu de dommages. La police municipale rapidement sur place a usé d’extincteurs pour éteindre les flammes. Plus tard dans la nuit, trois véhicules ont été incendiés quartier du Grand Basque et trois autres à Boucau. Selon Jean Grenet, le député-maire de Bayonne, les auteurs de ces violences sont "peu nombreux et très mobiles car ils utilisent des deux roues". Mardi, quatre jeunes, dont un mineur, habitant les quartiers où ont eu lieu les premiers incendies avaient été interpellés par la police. Le mineur a été remis en liberté. Les trois autres seront jugés en comparution immédiate aujourd’hui. Un cinquième jeune a été interpellé hier. "La ville n’est pas à feu et à sang", a commenté hier Jean Grenet. Le député-maire de Bayonne a "regretté ces exactions inqualifiables" mais a voulu les "ramener à leur juste valeur". "Ces faits se produisent douze jours après ceux de Paris. Cela n’a rien d’un soulèvement social, c’est du mimétisme imbécile et irresponsable de quelques jeunes très peu nombreux", a commenté Jean Grenet. Il en a appelé à la fermeté, estimant qu’à "Sainte-Croix, on n’est pas aux Minguettes ou à la Courneuve, les conditions de vie ne sont pas les mêmes". Sainte-Croix, Habas ou Saint-Etienne "ne sont pas des quartiers délaissés mais prioritaires dans les attentions" de la municipalité, a insisté le maire. Il en a appelé à la responsabilité des parents "car ces jeunes délinquants sont souvent des mineurs" et des associations "qui doivent être encore plus présentes et pédagogues".
De son côté, la Ligue des Droits de l’Homme s’est indignée des dégradations subies samedi par "trois commerces tenus par des personnes d’origine maghrébine" les qualifiant d’"actes racistes". S’indignant de "ces actes qui ne peuvent qu’envenimer la situation de crise qui prévaut", elle a appelé la population à manifester sa solidarité aux commerçants visés.
« Un effort immédiat et considérable pour des réponses concrètes »
PARTI COMMUNISTE 64
La décision d’instaurer l’état d’urgence dans certaines
villes est "une provocation insensée et inefficace", selon le parti communiste.
Sur le fond, "alors que l’explosion de colère se nourrit du mal-vivre, du déni
de reconnaissance, le Premier ministre n’a en réalité rien proposé de concret".
Le retour au calme passe par "un effort immédiat et considérable pour apporter
des réponses concrètes aux souffrances de la population concernée" selon le PC.
Il a demandé au préfet de "réunir immédiatement les acteurs, jeunes, élus,
associations "pour entendre les besoins et élaborer les réponses".
« Conséquence d´une fracture coloniale jamais résolue »
BATASUNA
Les manifestations de violences urbaines sont pour
Batasuna la conséquence de "l’échec des politiques d’égalité uniformisatrice,
typiquement jacobines, qui nient la reconnaissance de la diversité culturelle
des immigrés Œimportés’ pour les nécessités" de l’économie après guerre. "Après
la crise et les démantèlements de l’Etat providence, non seulement les immigrés
sont expulsés de l’intégration sociale, mais on leur nie leur identité." C’est
également "l’échec des politiques égalitaires sur le terrain social", et la
conséquence d’une "question coloniale", d’une "fracture coloniale" non résolue.
« Non à l´état d´urgencequi en son temps a permis les pires pratiques »
LCR Pays Basque
"Face à la révolte des banlieues et aux questions
qu’elle pose, le gouvernement, par la voie de Villepin, calque ses réponses sur
les idées de l’extrême droite: réactivation des couvre-feux, augmentation de 20
% des effectifs de police déjà sur le terrain, arrestations massives et procès
arbitraires. (...) Attitude du gouvernement, qui va jusqu’à réactiver la loi de
1955 permettant d’instaurer l’état d’urgence, loi qui en son temps a permis les
pires pratiques coloniales, lors de la guerre d’Algérie. (...) Ces actes de rage
et de désespoirs sont ceux d’une population qui aura connu plus que toute autre
l’échec scolaire, le chômage et la précarité (...)."
« C´est une crise socialerévélatrice des fractures creusées »
UL - CGT Bayonne
Pour la CGT, "les propos provocateurs du ministre de
l’intérieur, l’absence d’ouverture de perspectives et la réaffirmation de la
priorité de la répression attisent les violences". Cette crise n’est "ni celle
de l’immigration, ni celle de la jeunesse" selon le syndicat mais une "crise
sociale, révélatrice des fractures qui se sont creusées depuis 20 ans suite aux
politiques menées". Les fermetures d’entreprises comme Ruwel, Safam, etc, la
précarité de l’emploi qui se développe dans le commerce et le tourisme, "créent
de l’exclusion et des difficultés grandissantes pour les familles du BAB et des
alentours".
« Non à l´apprentissage précoce, voie de relégation scolaire »
SE - UNSA 64
Suite aux déclarations du Premier ministre le 7
novembre, le SE-UNSA "constate que la seule mesure tangible proposée en matière
d’éducation est l’apprentissage dès 14 ans pour les jeunes de banlieues en
difficulté scolaire. Pour des jeunes qui vivent au jour le jour la relégation
sociale, il s’agirait donc de rétablir une voie de relégation scolaire
abandonnée depuis trente ans! (...) [quant à] l’annonce selon laquelle les
contributions aux associations, après avoir été réduites, seraient restaurées
[que le] gouvernement annule les 800 suppressions de postes d’enseignants mis à
disposition des associations éducatives laïques en 2006."
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