Les conseillers en vin québécois font connaissance avec l’Irouléguy
·Une délégation a visité vignobles et chais hier avant de déguster le meilleur de l’AOC
"On nous avait dit que le vignoble était escarpé mais on ne s’attendait pas à ça ! C’est spectaculaire". Le premier contact entre les vignes de l’Irouléguy et les conseillers en vin québécois a été plutôt surprenant pour ces derniers hier. Depuis onze jours, la délégation parcourt les appellations vinicoles du sud-ouest de la France. Après les Côtes de Gascogne, les Madiran et autres Jurançon, c’était à l’AOC bas-navarraise de conclure cette tournée européenne. Les professionnels venus d’outre-Atlantique appartiennent à la Société des Alcools du Québec (SAQ) qui gère le monopole d’Etat pour l’importation des vins et spiritueux sur son territoire.
Après s’être rendue sur les vignes en terrasses du Domaine Abotia d’Ispoure, la délégation a gagné la Cave de Baigorri vers midi pour une séance de dégustation. L’ambiance devient alors très studieuse pour les conseillers en vin qui s’apprêtent à goûter successivement une quinzaine de vins rouges de l’AOC Irouléguy.
"Axeri cela veut dire quoi", interroge l’un d’eux entre deux gorgées bruyantes. "Axeri veut dire renard mais aussi cabernet franc", répond Michel Bergouignan, le président de l’appellation d’origine Irouléguy. "Que faites-vous à vos tannats pour qu’ils soient si fins", embraye une conseillère. "L’une des explications réside dans le faible rendement que nous exigeons aux vignobles, 40 hectolitres par hectare, qui fait que les tanins ne sont pas trop agressifs. Ensuite, nous essayons de travailler à froid en vinification pour extraire le fruit et pas trop de tannat", poursuit, pédagogue, Xavier Pierre, directeur de la Cave d’Irouléguy. Tour à tour, les propriétaires des domaines privés qui forment aussi l’appellation donnent les propriétés de leurs vins, passés en bouche par les Québécois. "Petit détail, en Irouléguy, toutes les vendanges sont manuelles", glisse-t-on entre deux mises en bouche.
Les conseillers goûtent sans faire de commentaire. Les vins qui se déversent dans leurs verres sont de plus en plus vieux et mieux appréciés par la délégation. L’un deux approuve en hochant la tête sur l’Ilharria 2003 du domaine de Peio Espil. L’Omenaldi, sélection des meilleures parcelles de la cave de Baigorri, délie aussi les langues.
Seulement 8% du sud-ouest
Les rosés seront goûtés au cours du repas de midi. Les blancs ce soir autour d’une table d’un restaurant luzien. "Le but de notre voyage est surtout de faire connaissance avec les vignobles du sud-ouest pour qu’ils soient représentés dans nos catalogues", explique Sébastien Leblanc, responsable de la mise en marché pour la SAQ. 37% des vins vendus au Québec viennent de l’hexagone dont seulement 8% du sud-ouest. La SAQ référence toutefois deux vins d’Irouléguy : le Mignaberry et l’Ilharria. "Le sud-ouest est moins représenté, pas parce qu’il est moins bon mais parce qu’il existe d’autres régions viticoles beaucoup plus populaires et à la production plus importante", indique M. Leblanc.
La SAQ gère plus de 400 points de vente au Québec, conseillés par 180 professionnels dont dix étaient en Pays Basque hier. Ce sont eux qui expliqueront à leurs collègues ce qu’ils ont pu apprécier durant leur séjour. Une équipe de tournage a aussi accompagné la délégation pour réaliser un DVD qui s’ajoutera à l’information faite aux conseillers restés au pays.
"Nous n’avons pas souvent de telles visites. Pour la SAQ, c’est la première fois. Il est toujours bon de se faire connaître et de montrer comment on travaille", a estimé hier Michel Bergouignan. "Ce sont des occasions de trouver de nouveaux marchés, d’autant que la consommation tend à diminuer ici", a-t-il ajouté.
Actuellement, une très faible part de la production d’Irouléguy est destinée à l’export.
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