Un engagement collectif contreles violences faites aux femmes
·Une trentaine d’organismes ont signé un protocole hier pour une meilleure prise en charge
Une femme meurt tous les quatre jours de violences au sein du couple. Cette statistique est suffisamment dramatique pour que les pouvoirs publics se saisissent à bras-le-corps de la question des violences faites aux femmes. Un pas de plus en ce sens a été effectué hier à Pau avec la signature d’un protocole départemental de prévention et de lutte contre ces violences. Une trentaine d’organismes et de foyers ont apposé leur signature en bas du document, signe de leur engagement. De l’Etat par l’intermédiaire du préfet aux centres d’accueil des femmes en passant par les hôpitaux, les tribunaux, les collectivités et même l’Inspection académique, tous les acteurs sont appelés à renforcer la mobilisation et à inscrire dans la durée les objectifs du protocole.La dimension partenariale de l’action a particulièrement été soulignée. Les signataires s’engagent à ¦uvrer de concert d’une part pour faire connaître le phénomène des violences conjugales, d’autre part pour proposer aux femmes un dispositif d’accueil et de prise en charge "lisible et coordonné". L’une des étapes importantes de ce travail résidera dans la collecte de statistiques départementales pour structurer le dispositif. En effet, les pouvoirs publics sont aujourd’hui incapables de fournir des données chiffrées sur la question des violences faites aux femmes, d’autant plus que police et gendarmerie n’ont pas les mêmes façons de les comptabiliser selon la préfecture. Une fois ce point amélioré, le travail sera loin d’être terminé puisque, d’après une étude Enveff, seules 6% des victimes déposent une plainte. Enfermées dans le silence et un sentiment de honte, les femmes ont souvent peur d’entreprendre des démarches. Le protocole prévoit ainsi une meilleure formation des professionnels pour dépister les situations de violences le plus vite possible et aider à la prise de parole des femmes. D’autres actions comme l’aide à l’accueil et surtout à l’hébergement des femmes victimes de violences ou encore la prévention des comportements sexistes en sensibilisant les enfants à l’égalité entre filles et garçons, sont aussi inscrites dans le protocole.
"Une avancée"
Pour Brigitte Irastorza, responsable du Foyer des Mouettes à Bayonne (seul centre d’hébergement du Pays Basque dédié aux femmes victimes de violences), la signature de ce protocole est une avancée. "Il va améliorer le dispositif de prise en charge par la coordination de nos actions et par le fait qu’il y ait une veille sociale", commente-t-elle. "Le problème ne sera plus l’apanage d’un seul service mais tout le monde sera en alerte", explique-t-elle. La responsable du centre estime que via ce document, "chaque corps d’Etat prend des engagements, ce qui n’était pas forcément le cas avant", l’objectif étant "la réactivité de tous les services".Brigitte Irastorza a aussi retenu de l’acte de signature d’hier la volonté semble-t-il prioritaire des pouvoirs publics de faire en sorte que la femme reste au domicile et que ce soit l’homme violent qui s’en aille. En Pays Basque nord, l’une des difficultés des associations concerne en effet l’accession au logement des victimes. "Diriger toutes les femmes victimes de violences vers les centres d’accueil n’est pas toujours une solution adaptée", souligne-t-elle. "Bien souvent, elles n’ont pas forcément besoin de nous, elles sont en mesure de se débrouiller à condition d’avoir un logement", note-t-elle.
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