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Lasserre : "l´opposition locale et le manque de financement ont arrêté la transnavarraise"
·Max Brisson estime en revanche que ce sont plutôt des raisons locales qui ont pesé sur sa décision
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Après dix ans d’un débat, parfois crispé, des dizaines et des dizaines de milliers d’euros engloutis en études, Jean-Jacques Lasserre a officiellement annoncé devant les conseillers généraux la fin du projet dit de la Transnavarraise. "J’ai observé avec attention les conclusions du Grenelle de l’environnement, très précises quant aux modes de transport qui seront privilégiés. On constate un désengagement des financements sur les réseaux routiers, pas un arrêt mais assurément un désengagement financier important. Les conditions ne sont donc pas réunies pour poursuivre ce projet. Il manque la volonté de la population et la capacité financière" a-t-il expliqué en début de séance. Si jusqu’à présent il s’était limité à évoquer l’aspect financier, hier Jean-Jacques Lasserre a répété à deux reprises que "le manque de soutien au projet par les populations locales", "l’opposition locale" avaient joué autant que les nouvelles directives de Paris. Pour Max Brisson, premier vice-président du Conseil général, en revanche, c’est surtout l’opposition locale au projet qui a pesé sur la décision. "Vous avez, Monsieur le président en parlant du Grenelle indiqué que cela vous conduisait à noter que les conditions n’étaient plus réunies pour poursuivre le dossier de la liaison Salies-Pampelune. Nous en prenons acte, tout en étant persuadés que c’est un faisceau de raisons, certainement plus locales que nationales qui vous a conduit à cette décision". L’opposition socialiste a également pris acte de cette décision en y ajoutant son soutien. "L’assemblée s’était prononcée pour la réalisation des études, il convient aujourd’hui, pour la bonne forme, que l’on ne se tienne pas qu’à votre seule déclaration. Pour informer les autorités navarraises, pour leur dire très clairement, pour le dire de manière officielle aux conseils municipaux qui se sont exprimés sur le sujet à votre demande, il faut faire acter cette décision de retrait par une délibération" a souligné George Labazée. Demande de délibération réitérée dans l’après-midi par Jean-Michel Galant (AB, Baigorri) : "je ne mets pas en doute votre parole, mais vu l’impact du projet dans la population ces dernières années, je pense que cette décision doit être actée par un vote, formellement eu égard aux informations qui circulent en Navarre". Propos soutenus par Jean-Pierre Domecq (PS, Oloron). Mais le président n’a pas souhaité en délibérer. "J’ai demandé aux services l’arrêt des opérations, l’arrêt de toutes les études. Je souhaite travailler dans la plus grande clarté et j’espère que cela tranquillisera tout le monde" a-t-il conclu. Par ailleurs, la séance a été l’occasion de rappeler la bonne situation financière du département qui pour 2008 ne fera pas appel à l’augmentation des impôts au-delà de l’inflation. "Une situation financière qui permet d’assumer les obligations légales mais aussi d’aller plus loin dans le sens d’une politique énergique et équilibrée" a remarqué Jean-Jacques Lasserre. Une situation qui permet d’investir en matière d’éducation, des infrastructures et d’environnement. "Les dépenses d’investissement ont fait un bond de 68% en quatre ans. Pour l’année prochaine elles augmenteront de 5%" a-t-il précisé. Pour l’opposition en revanche, il y a de plus en plus de personnes pauvres, de familles pauvres et les moyens manquent pour soutenir les initiatives d’associations d’utilité sociale. George Labazée a également souligné le manque de personnel dans les maisons de retraite comme dans l’éducation. Max Brisson a pour sa part annoncé l’augmentation de 50 000 euros pour la politique linguistique du basque.
Réunion le 13 décembre Le président a annoncé que la Conférence
eurorégionale "Ouest Pyrénées", pour ne pas dire du Pays Basque, se tiendra le 13 décembre à Bayonne, réunissant le département, la région, l’Etat, le Gipuzkoa et le gouvernement d’Euskadi. "Plusieurs chantiers ont été ouverts il y a maintenant huit mois, notamment dans les domaines de la coopération sanitaire et sociale ainsi que de la mobilité des personnes. Soyons clairs, cette instance tout à fait originale n’a pas vocation à devenir elle-même maître d’ouvrage des projets évoqués en son sein. Il s’agit fondamentalement d’un espace de réflexion et de dialogue destiné à déceler et réduire les blocages institutionnels, juridiques, techniques, induits par cette coopération" a-t-il expliqué comme pour rassurer ceux qui craindraient une démarche qui irait trop loin dans la coopération. "Son inscription dans la durée suppose que nous sachions lui donner une assise administrative, des moyens permanents d’assurer la coordination, un lieu garantissant son identification auprès du public, auprès de tous les partenaires potentiels".
Brisson recolle les morceaux
Hervé Lucbéreilh vice-président UMP du Conseil général
et maire d’Oloron a demandé à plusieurs reprises à prendre la parole lors de la
discussion générale du matin, moment où tous les élus sont présents mais surtout
toute la presse. Jean-Michel Galant (AB) et Jean-Louis Domecq (PS) ont également
tenté de prendre la parole pour évoquer le dossier de la transnavarraise à ce
moment-là. Mais tous les trois se sont vu opposer le refus du président,
reportant les débats à l’après-midi, lors des rapports de commissions, moment où
les médias sont absents et l’assistance réduite au minimum.
Hervé Lucbéreilh a fini par craquer. Il s’est levé et
s’est adressé au président à haute voix : "C’est un déni de démocratie. Si je ne
peux pas parler, je m’en vais !" a-t-il lancé. Se rapprochant de la tribune du
président "vous me le paierez" a-t-il ajouté. "J’en tremble" lui a répondu,
moqueur, Jean-Jacques Lasserre. Hervé Lucbéreilh a donc quitté la session, comme
l’avait fait l’an dernier François Maitia lors d’une session, pour les mêmes
raisons.
"Devant les refus réitérés à trois reprises du Président
du Conseil général de me donner la parole, j’ai décidé de quitter la séance
considérant cette attitude de Jean-Jacques Lasserre comme un déni de démocratie
à l’égard d’un vice-président dont la voix n’a jamais manqué" a-t-il expliqué en
aparté. Il souhaitait évoquer le dossier des aides aux communes, la taxe
professionnelle et la Pau-Oloron. J’entendais dire que je ne me contenterai plus
des discours lénifiants du président du Conseil général..." a-t-il précisé.
Mais la vraie raison de cette crispation serait bien
autre : le député Modem Jean Lassalle compte bien se présenter aux élections
municipales d’Oloron contre Hervé Lucbéreilh (UMP). Et ceci rendrait nerveux,
non seulement le maire d’Oloron, mais tous les élus UMP, qui si Lassalle
franchissait le pas, seraient "prêts pour la guerre".
Max Brisson, président du groupe UMP, a pour sa part
tenté de recoller les morceaux de la majorité départementale. "Nous n’avons pas
à rougir des années Lasserre" a-t-il souligné. "Partageant un bilan et des
ambitions, nous souhaitons que la majorité reste la majorité. Il nous reste dans
d’autres lieux à dessiner les conditions d’un accord et à faire en sorte qu’il
prime sur toutes les tentations fractionnelles exprimées ici ou là. Sur les
bases d’un accord solide qu’il nous reste à finaliser en surmontant et en
jugulant les ferments de division qui germent si facilement, nous serons prêts à
aller à la rencontre de nos concitoyens. Je sais que c’est votre volonté et que
vous êtes un homme de parole" a-t-il lancé à l’adresse de Jean-Jacques Lasserre
(Modem). Pour ce dernier, qui s’exprimait à l’issue de la séance, il n’y a pas
de problème, "l’esprit d’équipe" est toujours présent, et "la majorité
départementale [ndlr, UMP-UDF] sera reconduite".
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